Nouveau sommet de la CEDEAO : la junte propose un nouveau calendrier pour le Mali

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La junte au pouvoir au Mali a soumis, samedi, Ă  la CommunautĂ© Ă©conomique des États de l’Afrique de l’Ouest (CĂ©dĂ©ao) une nouvelle proposition de calendrier pour rendre le pouvoir aux civils. Les dirigeants ouest-africains se rĂ©unissent Ă  nouveau, dimanche, pour un sommet aux lourds enjeux, avec l’éventualitĂ© de durcir ou non les sanctions contre la junte.

Vers une évolution de la situation au Mali? Les dirigeants de la CEDEAO se réunissent à nouveau à Accra, dimanche 9 janvier, à ce sujet. Ils pourraient durcir ou non les sanctions face à une junte qui, aprÚs avoir envisagé de rester au pouvoir cinq ans de plus, a proposé à la derniÚre minute un nouveau calendrier.

Le chef de la junte, le colonel Assimi GoĂŻta, a dĂ©pĂȘchĂ© samedi deux ministres auprĂšs de la CEDEAO. Dans le souci de « maintenir le dialogue et une bonne coopĂ©ration avec la CEDEAO», les envoyĂ©s maliens ont prĂ©sentĂ© « une nouvelle proposition » de calendrier au prĂ©sident en exercice de l’organisation, le chef de l’État ghanĂ©en Nana Akufo-Addo, a rapportĂ© l’un des deux Ă©missaires, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres Abdoulaye Diop.

Il n’a pas prĂ©cisĂ© de durĂ©e. Mais cette dĂ©marche visait Ă  l’évidence Ă  apaiser le courroux d’un certain nombre des chefs d’État et de gouvernement avant leur sommet.

La junte demandait initialement jusqu’à cinq ans, un dĂ©lai a priori inacceptable pour la CĂ©dĂ©ao et paraissant appeler immanquablement de nouvelles sanctions. La junte est revenue sur son engagement de tenir en fĂ©vrier des Ă©lections lĂ©gislatives et prĂ©sidentielle ramenant les civils Ă  la tĂȘte du pays.

Les autoritĂ©s de « transition Â» disent ne pas ĂȘtre capables d’honorer cette Ă©chĂ©ance. Elles invoquent l’insĂ©curitĂ© persistante dans le pays, en proie aux violences de toutes sortes, jihadistes, communautaires, crapuleuses
 et la nĂ©cessitĂ© de rĂ©formes, comme celle de la Constitution, pour que les Ă©lections ne souffrent pas de contestations Ă  l’instar des prĂ©cĂ©dentes.

Depuis le premier putsch d’aoĂ»t 2020 confortĂ© par celui de mai 2021 intronisant le colonel Assimi GoĂŻta comme prĂ©sident de la « transition Â», la CĂ©dĂ©ao pousse au retour des civils dans les meilleurs dĂ©lais.

Pour l’organisation dont la crĂ©dibilitĂ© est en jeu, il s’agit de dĂ©fendre ses principes fondamentaux de gouvernance, de stopper la contagion du fait accompli et de contenir l’instabilitĂ© rĂ©gionale.

Un calendrier étalé sur cinq ans ramÚnerait un an et demi en arriÚre. La Cédéao réclamait alors un retour des civils sous 12 mois. La junte demandait cinq ans. La Cédéao avait transigé à 18 mois, avec des élections en février 2022.

Gel d’avoirs financiers

Mesure de l’importance des enjeux pour la CĂ©dĂ©ao comme pour le Mali au cƓur de l’instabilitĂ© sahĂ©lienne, ce sera la huitiĂšme fois que les dirigeants ouest-africains se retrouveront, en prĂ©sentiel ou en visioconfĂ©rence, pour parler spĂ©cialement du Mali (avec la GuinĂ©e aprĂšs un autre putsch en septembre 2021) depuis aoĂ»t 2020, sans compter les sommets ordinaires.

Fait exceptionnel, la rĂ©union de dimanche sera immĂ©diatement prĂ©cĂ©dĂ©e dans la capitale ghanĂ©enne d’un autre sommet extraordinaire, celui des dirigeants de l’Union Ă©conomique et monĂ©taire ouest-africaine (UEMOA). Les huit pays de l’UEMOA sont membres de la CĂ©dĂ©ao. Ce sommet avant le sommet est considĂ©rĂ© comme augurant d’une possible action concertĂ©e et peut-ĂȘtre de sanctions Ă©conomiques.

La Cédéao a déjà imposé un gel de leurs avoirs financiers et une interdiction de voyager à 150 personnalités coupables selon elle de faire obstruction aux élections. Elle doit maintenant décider de muscler ou non les mesures coercitives, un choix délicat.

Lors de leur sommet du 12 dĂ©cembre, les dirigeants ouest-africains avaient brandi la menace de sanctions « Ă©conomiques et financiĂšres Â» supplĂ©mentaires.

En aoĂ»t 2020, la CĂ©dĂ©ao avait suspendu le Mali de tous ses organes de dĂ©cision, suspension toujours en vigueur. Elle avait aussi fermĂ© toutes les frontiĂšres terrestres et aĂ©riennes, et instaurĂ© un embargo sur les Ă©changes financiers et commerciaux, Ă  l’exception des produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ©.

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En pleine pandĂ©mie, l’embargo infligĂ© Ă  un pays pauvre et enclavĂ© avait Ă©tĂ© durement ressenti. Ces sanctions avaient Ă©tĂ© levĂ©es au bout d’un mois et demi.

La Cédéao doit soupeser les risques de braquer les Maliens contre elle avec une nouvelle démonstration de rigueur, disent les analystes.

Une grande partie de la classe politique a boycotté les consultations dont les autorités se réclament pour demander un délai supplémentaire. Dix-huit mois aprÚs la prise du pouvoir par les colonels, la situation sécuritaire reste trÚs détériorée, et la crise économique profonde. Mais le discours de souveraineté nationale des autorités résonne dans une partie de la population, soulignent les experts.

Avec AFP

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