Le Général Facinet TOURE est une des grandes figures de l’histoire récente de notre pays. Inconnu du grand public jusqu’au 02 avril 1984, l’homme s’est révélé à son Peuple un matin du 03 avril 1984. Et ce, à travers la lecture du Communiqué n° 1 de prise de pouvoir par les militaires et la lecture des sept autres qui vont suivre. Belle lecture du reste au point que beaucoup se sont demandés si c’était un militaire guinéen qui les lisait ! Aussi, l’exclusivité des lectures ainsi que leur beauté ont fait croire à l’immense majorité des Guinéens que le lecteur des Communiqués, alors Capitaine Facinet Touré, était d’office le Chef des putschistes. Ce qui fut démenti par la publication de la liste des membres du Gouvernement et du Comité Militaire de Redressement National (CMRN) le 5 avril 1984. Dans la première structure tout comme dans la seconde, il occupera des fonctions stratégiques.
Depuis, il est resté en permanence sur la scène nationale. Sans jamais s’effacer. Tel cet artiste qui, toujours présent sur la scène, joue cependant différents rôles à différents moments de l’évolution de la longue pièce de théâtre.
Plusieurs fois membre du Gouvernement (toujours à des postes stratégiques), une fois Ministre Résident, on lui reconnait des œuvres utiles laissées derrière lui. Ce qui lui a permis de se constituer des sympathisants dévoués dans toutes les ethnies. Notamment en zone forestière.
En dehors de ses fonctions gouvernementales, il a été Secrétaire Général de la Grande Chancellerie. A ce poste, il a appuyé la décoration du Système des Nations Unies en Guinée, le 2 octobre 2008 (…). C’est de ce poste qu’il fut nommé « Médiateur de la République » par le Président Alpha Condé qu’il connait depuis belle lurette. En politique, leurs chemins se croisèrent au sein de l’Opposition et aussi quand l’un et l’autre furent parmi les huit (8) candidats aux présidentielles de 1993. Il était alors leader de l’UNPG (Union Nationale pour la Prospérité de la Guinée).
Le Général Facinet est une addition d’ex. En effet, il est tout à la fois ex Ministres, ex membre du CMRN, ex lecteur exclusif des Communiqués du CMRN, ex pensionnaire du Camp Boiro, ex ami très influent de son ami de Président Lansana Conté, ex membre du contingent militaire guinéen qui s’est rendu au Congo (Belge – Zaïre) sous mandat de l’ONU.
Il est connu pour être un type « Authentique » en communication interpersonnelle : dit ce qu’il pense, comme il le pense sans presque jamais porter de gants ! Brutalement. Surtout n’a pas peur de ses opinions ! De ce point de vue, il est exactement comme l’était feu Bâ Mamadou qui a, à son actif, de célèbres « phrases ethniques ». Les deux sont de ces communicants dont on dit : « Il dit tout haut ce que pense tout le monde tout bas ! ».
En termes de mode de transmission des messages, le Général Facinet Touré est avantagé par le fait qu’il est un de ces nombreux Guinéens (mais un de ces rarissimes leaders politiques) à parler parfaitement bien les trois principales langues (malinké, soussou, pular) et d’autres (tel le kissie).
Il est aussi avantagé par son métissage : père soussou de Forécariah (zone soussou mandingue) et mère peulh avec des demi frères malinkés (Traoré).
Dans l’imagerie populaire, « son français parlé», pour un militaire, est impeccable. Il l’est en réalité. Ce qui fait de lui le militaire le plus éloquent de sa génération. Dans leur CMRN, ils étaient trois « intellos » : lui, les feux Colonels Jean Traoré et Mohamed Traoré.
Il est réputé être un gestionnaire rigoureux, discipliné et plein d’initiatives. Il reste fidèle à ses amitiés : « Bien qu’Opposant à toi et à ton système, tu restes mon ami » aurait – il dit, dans un face – à – face, au Président Lansana Conté après le dépôt de sa candidature aux élections de 1993. Bien que lui reconnaissant des atouts humains et professionnels, pour ses adversaires, il est en outre rancunier et orgueilleux (…).
En tant que personnalité publique connue et reconnue, il traine (ou on lui fait trainer) des casseroles. En matière surtout de Droits humains. Il y a l’extermination physique des compagnons du Président Ahmed Sékou Touré, un matin du 08 juillet 1985. Plus de 68, civils et militaires. On dit qu’il aurait menacé de démissionner si ceux-ci n’étaient pas « exécutés ». Il y a ce discours « anti Sékou Touré » au 20ème Sommet de l’OUA : le Président de séance, Julius Nyéréré, lui a brutalement coupé la parole et lui a demandé de retourner à sa place. A la grande satisfaction de tous les Chefs d’Etat présents. On dit que c’est ce jour-là que son « destin national » bascula définitivement.
De nos jours, il reste une pièce maîtresse importante sur l’échiquier national dont l’avis et les opinions ont pignon sur rue. Actuellement, il a pour lui l’âge (ce qui en fait de facto un sage) combiné à ses différentes expériences et le soutien sans faille de sa zone et de ses nombreux amis. ECRIT LE 31/05/11
REPOSE EN PAIX MON AMI !