En juin 2016, Unicef-Guinée a offert à l’Etat guinéen, plusieurs radios communautaires. Parmi les localités bénéficiaires de ce don, la préfecture de Fria figurait en première ligne à cause du besoin qu’exprimaient les citoyens en matière de communication en langue locale.
A cette date, une dizaine de jeunes ont été retenus pour assurer sa survie avec la promesse d’être intégrés à la fonction publique. Quatre ans après, ce rêve d’être fonctionnaire d’Etat plane toujours dans leurs têtes.
En effet, depuis le lancement de la radio par le Ministre Rachid N’Diaye, les contractuels comme on les appelle, percevait en compte goutte 100 000 FG en fonction des revenus engragés par la Direction locale. En dépit de toutes ses difficultés, certains ont tenu le coup et continuent de résister après la démission de plusieurs autres.
Éprouvé par cette situation, un travailleur de ladite radio a approché notre rédaction pour nous faire part de leurs conditions de vie et de travail après quatre années de service.
» Les choses ne font qu’aller de mal en pire. Le 14 décembre 2019, nous avons reçu une délégation de la Direction générale de la radio rurale de Guinée; elle nous a fait savoir qu’après plus de 3 ans d’attente, nous sommes enfin intégrés à la fonction publique; cette nouvelle a suscité l’espoir en nous, nous avons remercié Dieu et nous nous sommes dit que nous n’avons pas eu tort d’attendre parce que nous sommes enfin récompensés. Malheureusement depuis ce jour, nous n’avons aucune suite. Nous n’avons vu ni numéros matricules ni arrêtés d’engagement, encore moins un salaire. Nous ne savons plus à quel Saint se vouer, nous sommes des pères et mères de famille, nous avons des obligations envers nos familles respectives mais nous ne pouvons y faire face à cause de notre condition de travail » a témoigné ce travailleur sous le sceau de l’anonymat par peur de représailles de la part de sa hiérarchie.
Pis, cette annonce d’intégration à la fonction publique ne leur donne plus droit à la petite prime d’encouragement qu’ils percevaient. Une attitude mal accueillie par ces travailleurs qui n’ont autre moyen d’exprimer leur mécontentement que de boycotter le travail.
« Depuis qu’on nous a dit que nous sommes intégrés à la fonction publique, on ne nous donne plus les 100 000 FG qu’on recevait comme prime de temps en temps et on veut nous imposer des manières strictes de travailler, chose que nous ne pouvons faire pendant que nos enfants sont affamés. C’est pourquoi il y a des émissions que nous ne réalisons pas, certaines émissions qui nécessitent des moyens. Tous les matins, nous tenons le conseil de rédaction et des reporters vont sur le terrain pour préparer une édition d’information, mais les magasines eux, ne sont pas réalisés normalement » ajoute-t-il.
L’annonce de la bonne « fausse » nouvelle n’avait pas enjaillé que les travailleurs de la radio, toute la population s’en est réjouie connaissant le dévouement de ces jeunes animateurs. La tournure qu’a pris les événements amène plusieurs observateurs à lier cette nouvelle à la promotion de la nouvelle constitution qui était à la une à l’époque.
Soucieux de son sort et déterminé à servir la communauté, ce travailleur qui insiste sur son anonymat, tourne le regard vers la Direction générale de la radio rurale, le Ministère de l’information et de la communication, et le Ministère de la fonction publique.
» L’espoir est encore visible sur les mines de certains animateurs et techniciens mais nous demandons à l’État guinéen à travers le ministère de la communication et celui de la fonction publique, de nous aider car nous sommes des pères et des mères de famille, on a pas autre endroit où on peut trouver nos dépenses quotidiennes, nous passons tout notre temps à la radio, c’est un peu difficile de travailler durant 4 ans, sans qu’on ne puisse assurer même le prix du petit déjeuner pour la famille » lance-t-il très triste.
Depuis le lancement de ces radios communautaires offertes par UNICEF, plusieurs opérations d’intégration à la fonction publique ont eu lieu. Pourquoi les animateurs et techniciens des radios rurales ne sont-ils pas pris en compte ? Malin est celui qui saura répondre à cette question.
Mohamed Kolya Bangoura pour friaguinee.net