Et depuis, je l’ai revue tant de fois que je ne puis conter entre la modeste résidence du camp, les banquets d’Etat ici en Guinée ainsi qu’à l’étranger. Elle était toujours la même attentive, simple et respectueuse. Les honneurs même excessifs ne lui ont pas tourné la tête.
Je la revois à l’hôtel de Crillon au cœur de Paris, à la suite de son mari président en visite d’Etat. Elle même servait le repas jusqu’à la garde rapprochée. Une fois au Palais de l’Elysée, lors du déjeuner officiel, François Mitterrand n’hésita pas à dire toute son admiration pour la première Dame de Guinée.
Je la revois également à Washington, à New York, à Pittsburg et à Atlanta en compagnie de son mari. Partout, les appréciations des dirigeants visités sont élogieuses. Son sourire éclatant et ses paroles chaleureuses ne laissent guère indifférent.
Ici en Guinée, je me souviendrai toujours du rôle historique qu’elle joue pour apaiser les tensions, lorsque le pays était gagné par une révolte populaire à l’initiative du mouvement social. Avec l’ancien Président nigérian Babangida, elle réussit à concilier les positions des faucons du régime avec celles des rares personnalités qui prêchaient le dialogue et une sortie concertée de la crise.
Elle demanda alors aux extrémistes de tous bords de « coller la paix à son mari ». C’est alors que la nomination d’un Premier ministre chef du gouvernement choisi par les syndicats, à la tête de la contestation, fut actée.
Et le calme fait son retour grâce, en grande partie, aux efforts inlassables de celle qui se fera appeler très vite « Maman Henriette Conté ». Des prières et des bénédictions sont faites pour elle dans les lieux de culte.
La dernière fois que je l’ai revue, c’est lors des funérailles de son défunt époux. Et je garderai en mémoire la petite phrase qu’elle m’a lancée : « Yacine, nous avons perdu notre père » !
Henriette Conté s’en est allée ! Que Dieu lui accorde son paradis éternel !
Par Boubacar Yacine Diallo