Depuis des mois, le viol est devenu chose courante en Guinée. Dans la majorité des cas, les victimes sont des petites filles. Face à ce monstrueux phénomène, des associations alertent le pays et le reste du monde.
« Nous voudrions interpeller les parents pour qu’ils surveillent plus les enfants et que l’éducation sexuelle soit leur priorité. Nous interpellons aussi le gouvernement et les partenaires techniques et financiers pour pouvoir créer un fonds de prise en charge pour les jeunes filles (…) », déclare avec émotion Foulematou Camara chargée des affaires intérieures du Club des jeunes filles leaders de Guinée, dans le média kalenews.
Ces phrases mettent en lumière un énorme fléau dans la société guinéenne. En couverture de nombreux journaux du pays, des kidnappings de mineurs et des viols sont de plus en plus relatés.
En mai dernier, le viol d’une fillette de deux ans à Conakry a particulièrement ému le pays. D’autant plus que le coupable est un mineur de moins de 18 ans. Menaces et intimidations n’ont pas arrêté le désir de justice de la mère de la victime. L’adolescent présumé violeur a été déféré devant le tribunal pour enfants.
« Si ce criminel n’est pas puni, c’est sur la fille d’une autre qu’il se jettera un jour », a affirmé la mère de la petite fille au média Le Lynx.
D’après le site guinéen d’information Postcast journal.net, relayé par France Info, les violeurs de mineurs seraient très souvent des membres de la famille, restreinte ou élargie, de la victime, ou encore, une connaissance. Ce site évoque aussi une autre affaire : une orpheline de 7 ans, recueillie par sa grande sœur dans un village du sud-est de la Guinée, a été victime de viols répétitifs perpétrés par le mari de sa sœur. Elle est tombée enceinte à l’âge de 11 ans. Le bourreau profitait de l’absence de sa femme pour abuser de la fillette.
« C’était violent et douloureux », a avoué la fillette, qui a été violée sous la menace d’un couteau pour l’empêcher de parler. Elle a été forcée par ce même monstre à prendre une décoction pour avorter.
« Si rien n’est fait pour freiner ce phénomène, toutes les filles de Guinée seront violées d’ici peu »
Une étude menée par la coalition des Femmes, Filles de Guinée pour le Dialogue, la consolidation de la Paix et le développement (COFFIG/DCPD), en collaboration avec le ministère de l’Action Sociale, de la promotion féminine et de l’Enfance, a montré 552 cas de viols enregistrés en 3 mois (septembre, octobre et novembre 2018), une donnée constatée par Guineematin.com.
« Si rien n’est fait pour freiner ce phénomène, toutes les filles de Guinée seront violées d’ici peu », alerte la Coalition des femmes et filles de Guinée pour le dialogue et la paix.
Poursuivre en justice l’agresseur reste tabou comme l’explique Saran Traoré, membre du Cercle des jeunes filles battantes à la Deutsche Welle : « nous avons souvent des parents qui refusent de porter plainte parce qu’une fille violée n’aura pas de mari. Ou bien ils refusent de porter plainte pour la dignité de la famille. »
Rapidement remis en liberté malgré les crimes commis, « ils (les violeurs) finissent par prendre goût à cette pratique », constatent les ONG, relevé par France Info.
« Quand on arrête un coupable, on doit appliquer la loi pour lui montrer que c’est un crime qu’il a commis », insiste Zenab Diallo, une mère de famille guinéenne, interrogée par Africaguinee.com.
Le viol, en Guinée, est passible de peines allant de 5 à 20 ans de réclusion criminelle, mais elles sont peu appliquées.
Aufeminin