Les nouvelles sanctions décrétées par les Etats-Unis contre des oligarques russes et leurs entreprises ont fait l’effet d’un coup de tonnerre ce lundi.
À la Bourse de Hong Kong, où ce géant est coté, l’action de Rusal a perdu 50 % de sa valeur, soit plus de 3,5 milliards d’euros partis en fumée. Le groupe a prévenu que les sanctions « pourraient aboutir à un défaut technique sur certaines obligations du groupe », affirmant évaluer « l’impact de tels défauts techniques sur sa position financière ».
Au delà de l’entreprise, qui joue un rôle majeur sur les marchés des matières premières, le prix de l’aluminium a connu sa plus forte hausse en trois ans sur la Bourse des métaux de Londres, le LME, la tonne prenant 3,55 %.
À Moscou, le marchés boursiers, pourtant habitués à de réguliers durcissements des sanctions occidentales depuis 2014, ont réagi violemment, chutant ce lundi de près de 10 %, tandis que le rouble revenait à ses plus bas niveau depuis plusieurs mois.
38 personnes et entreprises visées par les sanctions
Confronté à un vent de panique boursière généralisé sur les marchés russes, le gouvernement russe a dû monter au créneau pour assurer qu’il soutiendrait les entreprises visées par ce nouveau train de mesures punitives, qui constituent une escalade d’une violence inattendue dans la confrontation entre Moscou et Washington.
Au total, ces sanctions, censées punir Moscou notamment pour ses « attaques » « les démocraties occidentales », ciblent 38 personnes et entreprises qui ne peuvent plus faire affaire avec des Américains, notamment sept Russes désignés comme des « oligarques » proches du Kremlin par l’administration de Donald Trump, présents dans des dizaines de sociétés en Russie comme à l’étranger.
Parmi ces multimilliardaires figure Oleg Deripaska et les actifs sous son contrôle : les holdings Basic Element et En+ mais aussi Rusal, l’un des premiers producteurs mondiaux d’aluminium, dont il représente environ 7% de la production mondiale d’aluminium, au risque de déstabiliser tout ce secteur à l’échelle de la planète.
Oleg Deripaska, 50 ans et déjà proche du clan de Boris Eltsine dans les années 1990, a déclaré que son inclusion dans la liste était « désagréable mais anticipée » : « Les raisons de me mettre sur la liste des sanctions sont complètement dépourvues de fondements, ridicules, et simplement absurdes ».
Sa holding En+, également en chute libre à la bourse de Londres, a été « suspendue temporairement » par l’autorité financière. Elle avait débuté en fanfare sa cotation à Londres en novembre 2017, première société russe à s’y introduire depuis les sanctions de 2014.
« Il est très probable que l’impact soit défavorable aux activités et aux perspectives du groupe », a déclaré En+ dans un communiqué ce lundi. « Le groupe a l’intention de continuer à remplir ses engagements tout en recherchant des solutions (…) pour gérer l’impact des sanctions ».
Moscou entend riposter
Moscou ayant promis une réponse « dure » dès vendredi, elle pourrait entraîner une nouvelle surenchère. « Cette histoire est scandaleuse au vu de l’illégalité (de ces sanctions), au vu de la violation de toutes les normes », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Le Premier ministre Dmitri Medvedev a demandé à ses adjoints de lui préparer des propositions concrètes pour soutenir les entreprises sanctionnées.
« Les sanctions américaines pourraient se traduire en une perturbation de l’offre mondiale, notamment aux Etats-Unis », ont expliqué les analystes de Commerzbank.