Des dizaines de lits vides dans une salle habituellement pleine, des couloirs déserts qui autrefois débordaient d’activité, telle est la situation du service de cardiologie de l’hôpital universitaire national Ignace Deen à Conakry, le deuxième plus grand hôpital du pays. Le département a connu une forte baisse du nombre de ses patients depuis le début de la COVID-19.
« Les consultations quotidiennes ont chuté de façon spectaculaire. Au cours du dernier semestre 2019, nous recevions en moyenne 4 200 patients par mois, mais depuis que la maladie a éclaté, nous avions une moyenne de 200 patients jusqu’en juin », explique le Pr. Mamady Condé, qui dirige le service depuis 25 ans.
En Guinée, l’utilisation des services de santé par la population a généralement diminué avec la pandémie. « Comme ce fut le cas lors de l’épidémie d’Ebola, l’utilisation des services a diminué. Ce constat est évident et tous les responsables des structures l’ont constaté. La peur d’attraper la maladie et la méfiance sont quelques-unes des raisons de cette situation », explique le directeur national adjoint des établissements hospitaliers et de soins, Dr Ahmed Tidiane Barry.
Dans l’ensemble, une perturbation de 53 % des services de santé a été enregistrée dans le pays au cours du mois de juin, selon les données recueillies grâce à la surveillance électronique du SIG de la polio. Néanmoins, Dr Barry se réjouit du fait qu’en dépit des baisses importantes, les services essentiels ont été maintenus depuis le début de la pandémie. « Il y a eu une baisse significative de l’activité des services, tant en termes de fréquentation des patients que d’admissions, mais les services n’ont pas été interrompus. Nous ne pouvons pas permettre que des personnes meurent d’autres maladies et conditions sanitaires à cause de la COVID19. »
Le personnel médical a dû s’adapter pour que les populations ne désertent pas les hôpitaux et soient encouragées à recourir aux soins appropriés. Les services ont mis en place diverses mesures pour rassurer les patients : mise en place de stations de lavage des mains à l’entrée de tous les bâtiments, réorganisation des bancs et des chaises pour assurer une distance physique, distribution de formulaires de surveillance pour enregistrer tout cas éventuel de COVID-19 et assurer un suivi et une traçabilité adéquats.
« Nous avons instauré un respect strict des mesures de prévention et de contrôle des infections par le personnel à tous les niveaux. Les stagiaires ont été mis en congé et nous avons instauré un service minimum efficace grâce à des rotations quotidiennes du personnel. Ces mesures ont permis de rassurer le public sur la sécurité des conditions de traitement et sur le fait qu’ils ne seront pas infectés par la COVID-19 en venant se faire soigner », explique Pr Condé.
Les efforts déployés portent leurs fruits et le service du Pr Condé reçoit davantage de patients. « La fréquentation s’est améliorée, notamment en ce qui concerne les consultations externes. D’une moyenne de 200 patients il y a quelques mois, les chiffres augmentent progressivement, et nous avons atteint 500 en septembre. »
Pr. Condé note également avec satisfaction une évolution positive de l’attitude des patients qui acceptent de plus en plus d’être hospitalisés dans le service lorsque cela est nécessaire. Salimata Kolly était l’une des 25 patients hospitalisés. Elle y était depuis une semaine et a reconnu qu’elle avait dû surmonter sa peur avant de venir à l’hôpital : « Quand je suis arrivée ici, j’ai d’abord eu peur à cause de tout ce que j’avais entendu. Par exemple, on m’a dit que si je venais pour être soignée ici, je serais déclarée positive à la COVID-19 et emmenée dans un centre de traitement. Ou que j’attraperai la maladie ici qui viendra s’ajouter à ma maladie actuelle ». Salimata a ensuite été rassurée par les médecins concernant les mesures strictes mises en place pour éviter toute contagion dans l’hôpital. « Cela m’a encouragée et à présent, j’encourage les personnes malades à venir se faire soigner, car c’est la seule façon d’obtenir un avis d’expert sur leur état. »
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a fourni des conseils aux pays en soulignant l’importance de communications fréquentes et transparentes avec le public, ainsi que d’un engagement communautaire fort pour maintenir leur confiance. Dans le cadre de ses orientations, l’OMS a soutenu l’élaboration d’un plan national de continuité actuellement mis en œuvre : « Ce plan vient compléter le plan d’intervention national et donne la priorité au maintien de services de qualité dans tout le pays notamment en protégeant, motivant et renforçant les capacités des travailleurs de santé de première ligne », a expliqué le représentant de l’OMS, Pr. Georges Alfred Ki-Zerbo. Le plan intègre la surveillance sentinelle de la grippe à travers des équipements et des tests de diagnostic, ainsi que les capacités d’éradication de la polio.
La continuité des services de santé essentiels est nécessaire pour que la crise sanitaire actuelle ne fasse pas oublier d’autres urgences de santé publique. « La leçon que nous tirons est que notre système de santé doit être organisé de manière à ce que nous puissions toujours disposer du minimum pour soigner la population et ne pas attendre que des épidémies apparaissent », conclut Dr Barry.For Additional Information or to Request Interviews, Please contact:Issiaga KONATE
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