A l’initiative de sa Coordination internationale, basée aux Etats-Unis, l’ONG Stand for Life and Liberty (S2L), dont la vocation est de promouvoir les droits humains, l’éducation et le développement en Afrique et dans le monde, a déployé une Mission pilote d’observation des élections en Guinée dans le cadre du scrutin présidentiel du 18 octobre 2020. Ladite mission a été accréditée par la Commission nationale électorale indépendante (CENI).
Composée d’observateurs mobiles, notamment de journalistes, d’instituteurs, d’enseignants chercheurs guinéens, et de bénévoles, cette mission a couvert plus de 100 bureaux de vote repartis dans les circonscriptions électorales que sont les communes de Ratoma et de Dixinn, à Conakry, les chefs lieux des régions administratives de Kindia, de Mamou, de Labé, de Faranah et de Kankan et les préfectures de Boffa, Dubréka et Télimélé.
Conformément à la formation qu’ils ont reçue du NDI (National Democratic Institute), une institution dont les prestations font autorité dans le monde, quelques jours avant le scrutin en techniques d’observations électorales, les observateurs de l’ONG Stand for Life and Liberty (S2L) ont suivi de près les différentes étapes du scrutin du 18 octobre 2020 et jours suivants.
Cette déclaration préliminaire est faite sur la base des principaux constats faits par les observateurs de notre mission.
De l’ouverture des bureaux de vote
Pour cette première phase du scrutin, chacun des observateurs de la mission a choisi au hasard un bureau de vote témoin dans lequel il a observé l’ouverture. A ce niveau, ils ont rapporté :
La majorité des bureaux de votes ont ouvert avec un léger retard, à cause de l’arrivée tardive de certains membres du personnel électoral, des difficultés d’aménagement des bureaux de vote et des intempéries
Il y avait un engouement des électeurs devant les bureaux de vote, même si certains étaient déboussolés du fait de la délocalisation de leur ancien bureau de vote et le non affichage des listes électorales dans leurs localités
Le matériel électoral était généralement disponible et en quantité suffisante.
Il y avait une présence discrète des agents de l’USSEL (Unité spéciale de Sécurisation des élections) devant les bureaux de vote aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays.
Cependant, nous avons obervé une sous-représentativité des délégués des partis en lice. Dans les bureaux témoins, le RPG Arc-en-ciel et l’UFDG avaient leurs délégués.
Nous avons remarqué que les femmes n’étaient pas nombreuses parmi le personnel électoral. Toutefois, c’est une femme qui était la présidente du Bureau de vote 04 du Lycée Hamas 2 à Lambanyi, dans la commune de Ratoma.
La compétence du personnel électoral des bureaux de vote témoins était avérée dans l’ensemble. Pour cela, l’ouverture s’est passée plus ou moins dans les normes.
Du déroulement des opérations de vote
Durant la journée électorale, les observateurs mobiles de l’ONG ont sillonné plus de 100 bureaux de vote à Dixinn, Ratoma, Dubréka, Boffa, Kindia, Télimélé, Mamou, Faranah, Labé et Kankan. Au niveau de ces différents bureaux de vote, nos observations sont les suivantes:
L’environnement des bureaux de vote était calme dans la majeure partie, sauf à Dubréka, où le refus de fondateurs d’écoles privées de voir leurs établissements abriter des bureaux a amené les autorités à implanter les bureaux de vote concernés dans les locaux du quartier Kagbelen Plateau. Ce qui a alimenté des suspicions et des remous dans cette zone.
Dans tous les bureaux de vote visités, nous avons observé que le matériel électoral était disponible et en quantité suffisante. Néanmoins, notre observateur de Kindia a constaté le manque de bulletins de vote dans l’après midi dans un bureau de vote. Par la suite, le manque a été vite comblé.
Un peu partout, les observateurs mobiles de Stand for Life and Liberty ont signalé de longues files d’électeurs devant les bureaux de vote dans la matinée électorale. Ce qui témoigne l’intérêt des citoyens guinéens pour cette élection.
Les bureaux de vote étaient souvent faciles d’accès pour les personnes vivant avec un handicap. Et les personnes âgées, les femmes enceintes et les malades étaient toujours prioritaires devant la majorité des bureaux de vote visités par les observateurs de l’ONG. Une attitude qui s’explique par le fait qu’en Guinée, particulièrement, et en Afrique, généralement, ces couches sociales font toujours l’objet d’une attention particulière.
La présence discrète des agents de sécurité était remarquable.
Les partis politiques en lice pour ce scrutin présidentiel étaient sous-représentés dans les bureaux couverts par les observateurs de l’ONG. Seuls le RPG Arc en ciel et l’UFDG avaient leurs délégués au niveau de l’ensemble des bureaux de vote que nous avons observés. Les 10 autres partis étaient représentés selon des zones et dans certains bureaux de vote.
Les observateurs électoraux faisaient leur travail sans la moindre restriction au niveau des bureaux de vote sillonnés par les observateurs de Stand For life and liberty durant cette phase du scrutin au cours de la journée.
Parmi la centaine de bureaux de vote ayant reçu les observateurs de l’ONG Stand for Life and Liberty, aucun président de bureau n’a rapporté avoir reçu une quelconque plainte formelle de la part des parties prenantes au processus électoral guinéen.
De la fermeture des bureaux de vote et du dépouillement.
Les observateurs mobiles de la mission pilote d’observation de l’ONG Stand for Life and Liberty ont assisté, chacun de leur côté, à la fermeture du bureau de vote témoin. Dans l’ensemble, ils rapportent que ces différents bureaux de vote ont effectivement fermé à 18 heures précises. A cette heure ci, il n’y avait plus d’électeurs en attente de voter.
Quasiment, le dépouillement a eu lieu dans l’enceinte des differents bureaux de vote, en présence d’observateurs indépendants et des délégués présents de trois partis politiques en lice (RPG Arc en ciel, UFDG et PLP). Il n’en a cependant pas été le cas du bureau témoin de Kagbelen Plateau, qui a vu une descente musclé des agents de l’USSEL. Ils ont emporté l’urne et tout le matériel électoral dudit bureau vers la préfecture de Dubréka au grand dam des électeurs et des membres du bureau de vote.
Là où les dépouillements ont effectivement eu lieu normalement, les bureaux ont été aménagés et éclairés de manière à faciliter l’opération. Partout, le nombre de bulletins contenus dans l’urne ont été comptés et correspondait effectivement au nombre d’électeurs ayant voté. Le dépouillement a eu lieu conformément aux procédures prévues à cet effet et on n’a observé aucune ingérence extérieure dans le processus.
Les observateurs de S2L n’ont pas noté des activités de campagne aux environs des bureaux le jour du scrutin. Et les responsables de ceux-ci n’ont pas reçu de plaintes formelles à l’issue du dépouillement. Cependant, nous avons noté à Boffa que des présidents de bureau de vote auraient disparu avec des procès verbaux.
C’est dire que les opérations de clôture et de dépouillement des bulletins ont été émaillées d’irrégularités. Mais ces irrégularités ne remettent pas en cause la validité du scrutin. Elles interpellent les décideurs politiques à améliorer l’organisation des scrutins futurs.
Des opérations de centralisation
Les observateurs de S2L ne se sont pas seulement contenter de veiller sur le déroulement du scrutin. Ils ont également observé le processus de centralisation des procès verbaux de vote pour s’assurer que tout se passe bien. A ce niveau, ils ont noté le retard dans l’acheminement des PV vers les commissions administratives de centralisation des votes aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays. A la Préfecture de Dubréka, 48 heures après le scrutin du 18 octobre, le procès verbal de la Cespi de Tondon se faisait encore attendre à Dubréka.
En outre, à certains endroits, nous avons déploré le fait que des présidents de bureau de vote aient interdit l’accès au dépouillement à nos observateurs indépendants.
Recommandations
La mission d’observation électorale de S2L recommande :
A LA CENI
-De déligenter la publication des résultats provisoires de l’élection en respectant les délais légaux.
- D’élaborer et faire signer un code de bonne conduite à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral en fonction de leur compétence (partis politiques, observateurs, délégués de bureaux de vote, etc.)
- Mettre à la disposition des observateurs indépendants les informations relatives au processus électoral global avant, pendant et après les élections ;
- d’Afficher la liste des bureaux de vote contenant toutes les informations nécessaires pour faciliter l’accès à ces bureaux par les électeurs ;
- De faciliter l’accès des observateurs indépendants à toutes les informations relatives au processus électoral et à l’accès aux bureaux de vote, avant, pendant et après les élections.
- Publier les informations relatives au processus électoral sur le site web de l’institution et les actualiser
-De publier la liste électorale et les bureaux de vote sur le site web de l’institution
- Mettre les outils utiles au complet à la disposition des bureaux de vote : torches, lampes, afin de faciliter le dépouillement qui s’opère généralement la nuit.
-Au Gouvernement
- Mettre à la disposition de la CENI, les moyens matériels et financiers nécessaires pour la bonne conduite du processus électoral
- Eviter l’immixtion de l’administration dans le processus électoral
-A la Cour constitutionnelle :
De dire le droit, tout le droit et rien que le droit dans le traitement des recours éventuels du contentieux électoral autour du scrutin du 18 octobre 2020
-A l’USSEL :
- Assurer de façon neutre sa mission régalienne de sécurisation des élections sans parti pris.
-Aux partis politiques
- D’éviter des prises de positions hâtives et tendancieuses et de privilégier les voies pacifiques et légales pour le règlement du contentieux électoral.
-De tenir compte du niveau de formation académique et de l’intégrité de leurs délégués sur l’ensemble des étapes du processus électoral.
-Former les délégués en matière de contrôle électoral
-Aux médias ?
-De faire preuve d’avantage de responsabilité dans le traitement de l’information en cette période électorale où la tentation de manipulation est trop grande. A ce niveau, nous démentons de façon formelle l’information à nous attribué par Africatimes et le blog de Mediapart, selon laquelle nous avons donné un candidat vainqueur de l’élection (que nous respectons beaucoup d’ailleurs). Nous sommes une structure d’observation et ne sommes pas habilités à promulguer les résultats ni à donner un candidat vainqueur.
- En ce qui concerne la synergie des radios FM Guinée 2020, notre mission d’observation recommande aux journalistes déployés de faire la différence entre les résultats affichés devant les bureaux de vote signés par les membres des bureaux et ceux fournis par les lieux de centralisation des procès verbaux.
-Aller à la source de l’information à travers nos pages facebook, twitter, www.libertys2l.org, ou nous envoyer un email à standforlifeandliberty@gmail.com afin d’avoir une réponse à toutes questions relatives à l’ONG ou à l’observation des élections.
- Nous préparons un rapport détaillé et complet de l’observation de ce premier tour. Nous mettrons des copies à votre disposition au moment opportun.
Au peuple de Guinée :
De toujours garder son calme et sa sérénité, comme il en fait la preuve le jour du scrutin. La Guinée peu et doit passer ce cap pour faire à ses défis de développement, dans l’unité et la paix sociale.
Vive la démocratie ! Vive la paix ! Vive la Guinée ! Vive l’Afrique !
Conakry, le 21 octobre 2020
Bachir Sylla
Coordonnateur national de l’ONG Stand for Life and Liberty (S2L)
Chef de la mission d’observation