La coalition du président du Venezuela a obtenu 67,7 % des voix lors des
législatives de dimanche, un scrutin rejeté internationalement.
Le président du Venezuela Nicolas Maduro s’est emparé de la dernière institution qui échappait à son pouvoir en prenant le contrôle du Parlement lors des élections législatives de dimanche 6 décembre, marquées par une très forte abstention et rejetées internationalement.
La coalition qui soutient le président Maduro, le Grand pôle patriotique, a obtenu 67,7 % des 5,2 millions de suffrages exprimés, a annoncé lundi la présidente du Conseil national électoral (CNE), Indira Alfonzo. La fraction de l’opposition qui a participé au scrutin a obtenu 18 % des voix, a-t-elle dit. Le chef de l’opposition Juan Guaido, qui considère comme illégitime le pouvoir de Nicolas Maduro, avait appelé à boycotter ces élections.
La présidente du CNE n’a pas précisé la répartition des 277 sièges qui étaient soumis au vote des 20 millions d’inscrits. L’abstention a atteint 69 %, l’appel des principaux partis d’opposition à « rester à la maison » ayant été massivement suivi.
« Une imposture et une mascarade »
Pour le chef de l’opposition Juan Guaido, autoproclamé président par intérim et soutenu par plus de 50 pays, États-Unis en tête, « le rejet majoritaire du peuple vénézuélien a été évident […] Le Venezuela a tourné le dos à Maduro et à sa fraude ». Lors des élections législatives de 2015, où l’opposition avait mis fin à 15 ans d’hégémonie chaviste au parlement unicaméral, la participation avait été de 71 % (66,45 % en 2010).
« Ce qui se passe aujourd’hui au Venezuela est une imposture et une mascarade, pas une élection », a écrit dimanche le secrétaire d’État américain Mike Pompeo sur Twitter. « Les résultats annoncés par le régime illégitime de Nicolas Maduro ne refléteront pas la volonté du peuple vénézuélien », a ajouté Mike Pompeo.
Pas de reconnaissance à l’international
« Un zombie a parlé ! » a répliqué le ministre des Affaires étrangères du Venezuela, Jorge Arreaza. « Espérons que très bientôt la diplomatie reviendra au département d’État et à la Maison-Blanche », a-t-il dit, faisant référence à la défaite électorale du président Donald Trump.
Outre Washington, l’Organisation des États américains (OEA) a annoncé dimanche ne pas reconnaître la validité de ces législatives que l’Union européenne avait appelé, sans succès, à reporter, ne les estimant ni « transparentes » ni « crédibles ». Le Canada, la Colombie, le Costa Rica et Panama ont annoncé dimanche qu’ils ne reconnaîtraient pas les résultats de ces élections.
Mis à part dans les quartiers de Caracas ouvertement chavistes, les bureaux de vote ont été très peu fréquentés tout au long de la journée. Ailleurs dans le pays, les files d’attente étaient plus longues pour faire son plein d’essence que pour voter, reflétant la grave crise que traverse l’ex-premier producteur de pétrole d’Amérique latine.
De lourdes sanctions économiques
Le pays est en proie aux sanctions économiques américaines visant à renverser le successeur d’Hugo Chavez (1999-2013), dont un embargo pétrolier depuis avril 2019 entraînant des pénuries d’essence.
Étouffé par une inflation galopante (+ 4 000 % sur un an), paralysé dans d’interminables files d’attente pour faire le plein d’essence, fatigué du manque d’approvisionnement en eau et en gaz, et excédé par les brutales coupures de courant, le Venezuela est aux abois.
Juan Guaido, président du Parlement depuis 2015, appelle pourtant à « amplifier » ces sanctions. Une consultation populaire commence lundi, sur laquelle il compte s’appuyer pour proroger son mandat au-delà de sa date d’expiration, le 5 janvier.
Nicolas Maduro a pour sa part appelé l’opposition à « abandonner la voie extrémiste » pour « demander d’une seule voix la levée de toutes les sanctions au nouveau gouvernement des États-Unis de Joe Biden ».
Source: AFP