Vainqueur de l’élection présidentielle du 18 octobre 2020, le Président de la République, Professeur Alpha Condé a prêté serment le mardi 15 décembre 2020. Il prendra fonction le lundi 21 décembre 2020, et ce serait parti pour un nouveau mandat de six ans selon la nouvelle Constitution.
Fria, une ville minière qui abrite la première usine d’alumine en terre africaine et située à 160 kilomètres de la capitale, fait partie des préfectures qui se sont montrées favorables à la nouvelle Constitution et à un nouveau mandat pour Alpha Condé, du moins selon les résultats proclamés pa la CENI et validés par la Cour Constitutionnelle.
Quelques jours après cette prestation de serment, des citoyens de la cité de l’alumine ont tenu à exprimer leurs attentes vis à vis du Chef de l’État pour son nouveau mandat.
Rencontré au « Plateau », vêtu de son uniforme bleue, casque à la tête, Aboubacar Camara dit souhaiter une amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs de la société Rusal.
« Vous savez que depuis 2012, nous souffrons à Fria. En 2016, les activités ont repris à l’usine mais vous savez ce que nous vivons là-bas. Nous ne sommes pas respectés par les expatriés, nous ne sommes pas bien traités, nous travaillons comme des animaux. Aujourd’hui nous n’avons aucun syndicat pour nous défendre, ils font de nous ce qu’ils veulent et nous paie des miettes. Si je me mets à citer tout ce que nous vivons au sein de l’usine on va passer toute la journée ici. Ce que je demande au Président pour cette nouvelle mandature, c’est de faire face à nous, de dire aux Russes de nous traiter convenablement, de nous payer normalement pour qu’on puisse préparer l’avenir de nos enfants. Que cette société fantôme qu’on appelle SEINTA disparaisse pour de bon, que nos logements dans les cités soient rénovés, regardez les immeubles qui sont en décrépitude aujourd’hui, on a même peur de rester là-bas mais on n’a où aller. Que nous ayons des rations alimentaires et des primes d’encouragement…« , a déclaré ce travailleur de l’usine.
Détentrice d’une boutique de vente de parures pour femmes, Mariama Diallo souhaite que la banque MC2 soit accessible à toutes les femmes de Fria. Elle regrette le fait que les prêts soient réservés à une catégorie de personne.
« Je dis à Alpha Condé de savoir que s’il est élu Président c’est pour tous les guinéens. Donc il doit traiter tout le monde au même pied d’égalité. A Fria ici, il a mis en place la MC2, il a dit que c’est pour les femmes et les jeunes, mais tout le monde sait que si tu n’es pas du RPG tu ne peux pas avoir un prêt. Ce sont les jeunes et les femmes de ce parti seulement qui ont obtenu des prêts, c’est pas normal. Je lui demande de dire aux gens de changer cette attitude, de permettre à tous ceux qui sont dans les normes d’avoir des prêts car nous sommes tous égaux dans ce pays et c’est lui le Président « , a affirmé la vendeuse.
Un jeune diplômé en électricité industrielle du centre de formation professionnelle, plaide pour la valorisation de la main d’oeuvre locale sans tenir compte de l’appartenance ethnique ou politique.
» Si moi je prends l’exemple sur ce que j’ai subi, je dirai au Président de rectifier ce tir. On est là, on a fait le CFP, nous avons nos diplômes, nous avons des compétences qui nous permettent de travailler au sein de l’usine, mais quand il y a une occasion de recrutement, les autorités interfèrent et privilégient les jeunes du parti au pouvoir ou de leurs parents au détriment des autres. Que le Président veille à ce que les jeunes pour lesquels il dit gouverner, soient prioritaires dans le recrutement de la main d’oeuvre locale. Nous sommes nombreux ici à Fria, nous voulons travailler à l’usine mais nous n’avons pas de bras longs pour nous aider. Il doit mettre fin à cette pratique « , exhorte Mamadou Barry.
Venu faire des courses, Thierno Diallo, citoyen de la sous-préfecture de Banguigny sollicite le rafistolage ou le bitumage de la route qui mène dans sa sous-préfecture.
« Moi aujourd’hui je veux beaucoup de choses pour notre sous-préfecture mais en premier d’abord, c’est le problème de route. Nous n’avons pas de route, que le Président nous aide à avoir une route, s’il peut bitume c’est mieux sinon il n’a qu’à au moins gratter et rafistoler la route pour nous. Pour quitter Fria centre et arriver à Sodjorè, il faut être en bonne santé sinon ce sont les secousses qui vont te tuer. Si une femme enceinte a des complications là-bas, on a de la peine à arriver ici. Alpha n’a qu’à penser à nous maintenant « , sollicite-t-il.
Esperons que ces appels tombent dans de bonnes oreilles car faut-il rappeler que dans son discours d’investiture, Alpha Condé a affirmé qu’il est bien conscient des attentes et que ce mandat est placé sous le signe des changements de mentalités tout en promettant de lutter contre la corruption et de gouverner autrement.
Laouratou Soumah pour friaguinee.net
