« Les attentes des victimes de Zogota après l’arrêt de la cour de justice de la CEDEAO » était au cœur d’une conférence de presse animée ce mercredi, 23 décembre 2020 par les ONG les Mêmes Droits pour Tous et Advocates for Community Alternatives. Objectif, rappeler à l’Etat Guinéen de s’exécuter pour respecter la décision de la cour de justice de la CEDEAO dans le dédommagement des victimes à hauteur de 4,56 milliards de francs guinéens. Faute de quoi, ces organisations utiliseront d’autres mécanismes juridiques pour retablir les victimes dans leurs droits.
Après 8 ans, la Cour de Justice de la CEDEAO a reconnu l’Etat de Guinée coupable de meurtres, d’actes de torture, d’arrestations arbitraires et de déni de justice dans l’affaire du massacre de 2012 au cours duquel les forces de sécurité ont attaqué des habitants non armés dans le village de Zogota pour les punir pour avoir manifesté contre une société minière. Cet arrêt a été rendu le 10 novembre 2020.
Dans cette affaire, les habitants de Zogota étaient représentés par MDT et Advocates for Community Alternatives (ACA), une organisation de défense des droits humains basée au Ghana qui aide les communautés affectées par les industries extractives.
Pour Me Foromo Frédéric LOUA, l’Etat guinéen est soumis de dédommager ces victimes et à leurs familles.
« Après huit longues années, les auteurs de ces actes odieux seront tenus responsables de leurs crimes. La cour a donné un délai de six mois à l’Etat de payer un montant total de 4,56 milliards de francs guinéens environs 463 000 dollars américains aux victimes et à leurs familles », a précisé ce Président de l’ONG les Mêmes Droits pour Tous.
Grâce aux efforts de MDT, plusieurs témoins ont été interrogés par un juge d’instruction guinéen. Cependant, les victimes du massacre attendent impatiemment que l’Etat de Guinée prenne des mesures idoines et promptes pour les indemniser.
« Pour la communauté que je représente, nous n’avons rien d’autres à demander à l’Etat guinéen que de respecter la décision issue de cette justice de la CEDEAO. Et punir tous les commanditaires de ces massacres à Zogota. Parce que la toute la population meurtrie de ces violences n’arrive point à oublier car entre l’oubli et le pardon, c’est largement différent », a déclaré le représentant de Zogota, Henry KOLIE.
Pour Me Jonathan KAUFMAN, Avocat au Barreau de New York et représentant de l’ACA, cet arrêt est une inspiration pour tout le monde parce qu’il y a beaucoup de communautés qui font face à des situations similaires. Selon lui, l’histoire de Zogota est importante en ce sens qu’il est possible de résister face au pouvoir en réclamant nos droits qui sont violés.
Pour rappel, ces massacres ont eu lieu le 4 août 2012 aux environs de 1h. Il reste à savoir si l’Etat guinéen va respecter cette décision de la Cour de Justice de la CEDEAO ?
Adama Bantignel BARRY