Un verdict pour l’histoire. Comme pour l’affaire Rodney King en 1992 ou lors du procès d’O.J. Simpson en 1995, les jurés devant se prononcer sur la responsabilité de Derek Chauvin dans la mort de George Floyd savaient que leur décision était attendue par le monde entier et pourraient surtout avoir des répercussions sur la société américaine. Et après une petite journéede délibération, ils l’ont déclaré coupable de meurtre. Sa peine sera connue dans plusieurs semaines. Après l’annonce de la reconnaissance de sa culpabilité, Derek Chauvin est sorti menotté du tribunal pour être incarcéré.
Il était également poursuivi pour deux autres chefs d’accusation, pour lesquels il a également été reconnu coupable. A savoir les chefs d’homicide involontaire et de violences volontaires ayant entraîné la mort. Dans la foulée de cette annonce, des scènes de liesse ont éclaté à Minneapolis, alors que plusieurs centaines de personnes s’étaient retrouvées devant le tribunal dans l’attente du verdict. La famille de George Floyd, par la voix de son avocat, a rapidement réagi, évoquant « un tournant dans l’histoire ».
De son côté, le président Joe Biden a pris le temps d’appeler la famille de George Floyd afin de leur faire part de son « soulagement ». « Nous sommes tous tellement soulagés », a-t-il déclaré lors de cet échange téléphonique. « Vous êtes une famille incroyable. J’aurais aimé être là pour vous prendre dans mes bras ». Avant l’énoncé du verdict, il s’était déjà engagé dans ce dossier en espérant que le verdict soit le bon, alors que les preuves étaient « accablantes ».
« Vous devez être absolument impartiaux », avait dit aux jurés le juge Peter Cahill, les invitant à « examiner les preuves, les soupeser et appliquer la loi » au terme de ce procès hors-norme. Les images de la mort de George Floyd lors de son interpellation à Minneapolis il y a bientôt un an avaient choqué l’opinion et provoqué plusieurs jours de manifestations et de colère aux Etats-Unis, notamment incarnée par le mouvement Black Live Matter. Le jury ne se sera finalement accordé que très peu de temps pour rendre leur verdict, unanime.
Dereck Chauvin, policier blanc de 45 ans, était jugé pour meurtre, homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort de George Floyd, afro-américain de 46 ans qu’il avait interpellé avec trois autres agents pour une infraction mineure. Chauvin risquait jusqu’à 40 ans de prison pour avoir, pendant plus de neuf minutes, maintenu son genou sur le cou du quadragénaire, qui était allongé sur le ventre, les mains menottées dans le dos. C’est donc bien cette peine qu’il encourt désormais.
« George Floyd a supplié jusqu’à ce qu’il ne puisse plus parler »
« C’était un meurtre, l’accusé est coupable des trois chefs d’accusation et il n’y a aucune excuse », avait asséné le procureur Steve Schleicher, en conclusion de son réquisitoire, qui a duré plus d’une heure et demie. « Cette affaire est exactement ce à quoi vous avez pensé au départ, en regardant cette vidéo », a-t-il affirmé. « George Floyd a supplié jusqu’à ce qu’il ne puisse plus parler », a-t-il dit. « Il fallait juste un peu de compassion et personne n’en a montré ce jour-là », a ajouté le procureur, fustigeant le policier demeuré impassible face aux supplications de sa victime et des passants.
Mais pour son avocat, Derek Chauvin a agi de manière « raisonnable » lors de l’arrestation mouvementée du quadragénaire à l’imposant gabarit. L’accusation ayant, selon lui, échoué à apporter la preuve du contraire « au-delà du doute raisonnable, et M. Chauvin doit par conséquent être déclaré non-coupable », avait ainsi affirmé Eric Nelson après près de trois heures de plaidoirie. Selon l’avocat, George Floyd serait décédé de la conjonction de problèmes cardiaques et de consommation de drogues – du fentanyl, un opiacé, et de la méthamphétamine, un stimulant – « dans le contexte » d’une immobilisation par la police, mais celle-ci n’a pas provoqué son décès, a-t-il affirmé.
AFP