Câest un fait sans prĂ©cĂ©dent. Au moins 5 000 migrants, dont un millier de mineurs, sont parvenus, lundi 17 mai, Ă atteindre l’enclave espagnole de Ceuta depuis le Maroc voisin, arrivant Ă la nage ou Ă pied quand la marĂ©e le permettait, ont indiquĂ© les autoritĂ©s espagnoles, Ă©voquant un « record » pour une journĂ©e.
Des hommes, des femmes et des enfants ont utilisĂ© des bouĂ©es gonflables, d’autres des canots pneumatiques et certains ont mĂȘme nagĂ© jusqu’au territoire espagnol de Ceuta.
Selon un porte-parole de la garde civile espagnole, la marĂ©e Ă©tait si basse Ă certains endroits qu’on pouvait pratiquement arriver Ă Ceuta en marchant.
Ă l’aube, ils n’Ă©taient encore qu’une centaine. Mais au fil des heures, le flot n’a cessĂ© de gonfler. Dans la nuit de lundi Ă mardi, le porte-parole de la prĂ©fecture a annoncĂ© Ă l’AFP que 5 000 personnes avaient franchi la frontiĂšre et que ce chiffre, inĂ©dit, pourrait encore augmenter.
Des migrants tentent réguliÚrement de rejoindre Ceuta en escaladant les hautes clÎtures qui séparent cette enclave du Maroc.
Fin avril, une centaine de migrants marocains avaient dĂ©jĂ gagnĂ© ce territoire espagnol, Ă la nage. La majoritĂ© d’entre eux avaient ensuite Ă©tĂ© expulsĂ©s vers le Maroc.
Contexte de tensions diplomatiques entre Madrid et Rabat
Ces arrivĂ©es s’inscrivent dans un contexte de tensions diplomatiques entre Madrid et Rabat, rappelle notre correspondant Ă Madrid, François Musseau. MĂȘme si le gouvernement socialiste espagnol le nie, en relĂąchant la surveillance policiĂšre Ă Finideq, la ville frontaliĂšre, Rabat punit son voisin pour avoir hĂ©bergĂ© dans un de ses hĂŽpitaux Ă la mi- avril Brahim Ghali, le leader du Front Polisario, ce mouvement qui revendique lâindĂ©pendance du Sahara occidental, occupĂ© par le Maroc depuis 1976.
Pour Rabat, câest une provocation qui mĂ©ritait des reprĂ©sailles. Celle-ci a pris la forme de cette arrivĂ©e massive, qui dĂ©borde les infrastructures de Ceuta, petit territoire qui ne dispose que d’un seul hangar habilitĂ© par lâarmĂ©e et dâune capacitĂ© de 200 personnes pour accueillir les sans-papiers. Madrid aimerait rapatrier ces migrants arrivĂ©s Ă la nage, mais pour cela il faudra le feu vert du Maroc. Or, pour lâheure, la tension est Ă son comble entre les deux pays en raison du conflit au Sahara occidental. Rabat souhaite une pleine reconnaissance de sa souverainetĂ© sur ce territoire. Madrid veut une nĂ©gociation avec le Front Polisario.
RFI