L’ancien Premier ministre, entendu depuis deux jours dans le cadre d’une affaire de présumé détournement de fonds, a été placé sous mandat d’arrêt provisoire.
Entendu depuis lundi au parquet général près la Cour constitutionnelle dans le cadre d’une affaire de présumé détournement de fonds destinés à l’indemnisation de victimes de la « Zaïrianisation »,l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo a été placé sous mandat d’arrêt provisoire, ce mardi, ont confirmé plusieurs sources à Jeune Afrique. Escorté par la police, il a été placé en résidence surveillée. À l’issue de plusieurs heures d’audition, la veille, « l’homme à la cravate rouge » avait pu regagner son domicile kinois.
« Zaïrianisation »
Visé par une demande d’autorisation de poursuites du parquet général, Matata Ponyo a vu ses immunités de sénateur levées le 5 juillet. Dans le réquisitoire transmis au président de la chambre haute du Parlement, Modeste Bahati Lukwebo, le 24 juin, le procureur général avait expliqué que Matata Ponyo était soupçonné d’avoir conclu en 2011, lorsqu’il était ministre des Finances, un protocole d’accord en vue de permettre au gouvernement congolais d’indemniser 300 anciens propriétaires de biens « zaïrianisés » au début des années 1970, sous Mobutu.
Nommé Premier ministre un an plus tard, ce cadre de la majorité présidentielle de l’époque aurait alors décaissé plus de 110 millions de dollars, selon le réquisitoire du parquet. Les enquêtes menées au sein de la Direction de gestion de la dette publique (DGDP) n’avaient trouvé aucune trace de l’existence de ces 300 personnes, qui auraient perdu leurs biens meubles et immeubles du fait de la « Zaïrianisation ».
C’est ce qui avait poussé le procureur général près la Cour de cassation à ouvrir un dossier contre Matata Ponyo, mais la procédure n’avait pas connu de suite. « Il s’est avéré que les fonds décaissés à cette fin par le Trésor Public ont bénéficié aux personnes complètement étrangères à ce processus [d’indemnisation]», peut-on lire dans le réquisitoire adressé au Sénat.
Déjà mis en cause dans un rapport de l’Inspection générale des finances pour son rôle présumé dans le projet agro-industriel de Bukanga Lonzo, mis en place pendant son passage à la primature, Augustin Matata Ponyo avait échappé de justesse à la levée de ses immunités le 15 juin, malgré le mot d’ordre de Félix Tshisekedi qui avait appelé les sénateurs à ne pas faire obstruction à la justice.
Jeune Afrique