Au Mali, Oumar Mariko restera en prison jusqu’à son procès. Le président du parti Sadi était retenu depuis hier matin dans les locaux de la gendarmerie. En garde-à-vue pendant près de 48 heures, il a finalement été placé sous mandat de dépôt ce mardi après-midi 7 décembre. Ainsi que deux autres personnes accusées avec lui d’avoir tenu et diffusé des propos qualifiés d’injurieux contre le Premier ministre Choguel Maïga. Les trois hommes ont été transférés en début d’après-midi à la Maison centrale d’arrêt de Bamako.
Selon le parquet du tribunal de la Commune IV de Bamako, il est reproché à Oumar Mariko des faits d’injures contre le Premier ministre, «par le biais d’un système d’information et de communication. ». Son co-accusé, Bakary Camara, est poursuivi pour avoir diffusé ces propos sur les réseaux sociaux. Tout comme Boubacar Soumaoro, dit Bouba Fané, prévenu de « violation du secret de la communication ». Car les propos reprochés à Oumar Mariko -il a injurié Choguel Maïga et l’a notamment traité de «menteur»- ont été tenus dans un enregistrement vocal privé qui n’avait pas vocation à se retrouver dans le domaine public.
Or c’est précisément ce qui constitue la ligne de défense d’Oumar Mariko, figure de la contestation qui avait conduit à la chute du dictateur Moussa Traoré en 1991, éternel opposant depuis lors, et de ses deux co-accusés. Leurs avocats «contestent» en effet «le bien fondé et la légalité» de cette procédure, au motif que les enregistrements en question ont été obtenus, selon eux, de manière illégale.
«Elle est infondée parce qu’il s’agit d’un enregistrement vocal envoyé à son collaborateur,explique Maître Mamadou Ismaila Konaté, l’un des quatre avocats qui se sont regroupés pour défendre collectivement les trois accusés. On ne sait pas les conditions dans lesquelles cet enregistrement s’est retrouvé sur les réseaux sociaux. Est-ce que cet enregistrement a été capté, est-ce qu’un mauvais esprit a pu disposer de cet enregistrement ? On ignore les conditions.»
Maître Mamadou Ismaila Konaté indique ainsi qu’il déposera une plainte contre X- elle vise en fait le parquet du tribunal de la Commune IV- pour « utilisation de moyens de preuve obtenues dans des conditions frauduleuses ». «Les gens qui sont aujourd’hui à la poursuite ont pu disposer d’un enregistrement dont ils ne peuvent ignorer qu’il a été obtenu dans des conditions totalement illégales,explique l’avocat.Et on ne va pas se gêner pour déposer une plainte pour poursuivre toutes les personnes qui ont pu posséder cette preuve obtenue dans des conditions totalement frauduleuses.».
Le parquet a fixé au 15 février prochain la comparution d’Oumar Mariko et de ses deux co-accusés.
Source : rfi.fr