La Guinée est immuable. Les Guinéens sont dupes mais pas naïfs. Les dirigeants sont presque pour ne pas dire tous identiques. Promesses après promesses, les Guinéens sont habitués à la même musique et à la même rengaine. À la lueur de sa prise du pouvoir, le 5 septembre 2021, le lieutenant Colonel Mamadi DOUMBOUYA a donné sa parole d’honneur aux Guinéens. Celle de rendre le pouvoir aux civils. Mais, l’ancien légionnaire de l’armée française traîne encore les pas pour la mise en place du Conseil National de la Transition ( CNT). Cet organe qui assurera le rôle du pouvoir législatif vaut tout son pesant d’or. La mise en place du CNT serait une épine dans les pieds du lieutenant Colonel, s’il a l’intention de se cramponner au pouvoir à l’image de ses prédécesseurs. Ce 05 janvier 2022, cela fait exactement quatre (4) mois depuis que Alpha CONDÉ a été éjecté de son fauteuil présidentiel par le patron du Groupement des Forces spéciales. Et nous ne savons toujours pas combien de temps va durer cette transition.
Lors d’un entretien que le président de la transition a accordé à la presse, le lieutenant Colonel Mamadi Doumbouya a laissé entendre ce-ci :
« Qui suis-je pour imposer une date aux Guinéens ? Je pense que le Conseil National de la Transition qui regroupe toutes les composantes de la Nation pourra vraiment décider du chronogramme de la transition et du délai qu’il faut pour soigner tous les maux qu’on a dans notre pays», fin de citation.
Maintenant, ces composantes auxquelles il fait allusion sont toutes en train de se morfondre et attendent que ce CNT voit jour.
Rien n’empêche le président Mamadi DOUMBOUYA de divulguer la durée de la transition, s’il n’a pas un agenda caché. Ou même s’il délègue ce pouvoir au CNT, pourquoi la mise en place de cet organe évolue à pas de caméléon ? Des concertations ont été faites. Les organisations de partis politiques, les couches socioprofessionnelles se sont concertées et ont désigné leurs représentants. Rien n’est sûr, mais le colonel Mamady DOUMBOUYA cherche à gagner du temps. Pour quelle raison ? On n’en sait pas encore. Mais on ne tardera pas à le savoir. Si les vieux démons se réveillent, les vieilles habitudes reprennent, les mêmes Guinéens qui sont sortis en janvier et février 2007, le même peuple qui a bravé toutes les intempéries pour exprimer son ras-le-bol le 28 septembre 2009, les mêmes qui ont ténu tête face à Alpha CONDÉ pendant les onze ans malgré toutes les intimidations et les répressions, sont toujours là et sont aux aguets.
La boulimie du pouvoir est un virus très dangereux et je vous conseille de vous en prémunir, mon Colonel ! L’organisation d’élections libres, démocratiques, apaisées et crédibles est l’unique moyen de prouver aux Guinéens qu’ils ont eu raison d’avoir confiance en vous. Mon Colonel, comparaison n’est pas raison ! Les cas malien et tchadien ne doivent en aucun cas vous inspirer. Les Guinéens sont dociles mais pas indolents. Ils savent applaudir quand c’est le moment et devenir hargneux quand il est nécessaire.
Babanou Timbo CAMARA, Journaliste, chroniqueur !