La CEDEAO a fait preuve de fermeté vis-à-vis des putschistes maliens après un an et demi d’indulgence. Les gens font exprès ou bien ont-ils la mémoire courte ? Tout le monde sait qu’après l’éviction du président Ibrahim Boubacar Keita, la CEDEAO avait voulu sanctionner sévèrement le Mali à travers un embargo ; Alhassane Ouattara et Alpha Condé faisaient partie de ceux qui défendaient cette ligne dure. Cependant des chefs D’État comme Macky Sall et Emballo Sissoko ont plaidé pour des simples suspensions aux motifs que les sanctions économiques affecteraient plus les populations innocentes. Pire, les putschistes maliens avaient proposé un calendrier électoral en février 2022 devant aboutir à un transfert Pacifique du pouvoir. Non seulement ils ne respectent pas leur propre calendrier. Mais ils ont le culot d’évoquer 5 ans encore. Alors Dire que les sanctions de la CEDEAO sont inhumaines c’est faire preuve de mauvaise foi.
Car Un régime politique même issu des urnes n’a pas vocation à s’éterniser au pouvoir à plus forte raison une junte née d’un double coup D’Etat. 5 ans de transition ajouté aux 2ans déjà effectués est une aberration pour l’encrage démocratique au Mali et dans toute la sous région ouest africaine. Accepter que Goïta et compagnie fassent une longue période transitoire au nom de la stabilité et de la reconstruction. C’est ouvrir la voie à d’autres coups D’Etats et de prise de pouvoir par des chemins illégaux. D’autant plus que les militaires ne manquent jamais d’arguments pour leur immixtion dans la sphère politique.
C’est facile de prétendre que le peuple malien soutient les militaires. La seule façon de vérifier cela c’est par des élections ou un référendum libre et transparent. Car le peuple s’exprime à travers le suffrage universel. Chacun parle et peut parler au nom du peuple. Par contre nul n’a le monopole, ni l’exclusivité absolu ; encore moins le droit de le représenter si ce n’est par un mandat reçu légitimement par un suffrage.
Si Assimy Goïta et les siens estiment qu’ils ont le soutien du peuple malien, qu’ils hottent le treillis, quittent le pouvoir et se présentent aux élections. Comme ça nous verrons leur véritable légitimité auprès de la masse.
Par ailleurs, bien que la CEDEAO n’ait pas pu apporter des réponses adéquates, du moins contraignantes pour empêcher les 3e mandats en Guinée et en Côte d’ivoire ; cela ne donne aucun quitus à des militaires de confisquer le pouvoir dans la sous région quelques soient les prétextes invoqués par ces derniers.
Enfin, à tous les camarades jeunes animés par les aspirations souverainistes et l’esprit panafricaniste ; le sujet n’est pas de dire que la Russie serait mieux que la France pour assurer notre sécurité. Exposer les faits de telle façon biaise complètement la réflexion et freine toutes les pistes de solutions à nos problèmes. La véritable question que nous devons soulever : c’est qu’est ce que nous sommes capables de faire ou que devons nous faire pour assumer et assurer notre autodétermination sans recourir à l’extérieur? Puisque la France, les États-Unis, la Russie, la Chine et la grande Bretagne seront toujours motivés par des intérêts avoués ou inavoués dans leur volonté de coopération.
Ibrahima M’Bemba Bah DC du Bloc LIBÉRAL
Analyste et consultant politique.