L’Afrique des peuples précède en tout lieu et à tout niveau de conscience l’Afrique des Etats. Face au monde dit libre, mais enchaîné par les masques d’horreurs du mirage de la domination, l’Afrique se débat. Elle se fond dans une lutte sans merci contre elle-même, pour exister et déambuler ainsi dans la belle marche du monde. La renaissance déjà amorcée fait trembler l’ordre et la seigneurie prédatrice, tapis dans l’ombre pour défaire la chaîne d’union des peuples africains.
La communauté des Etats, ainsi constituée d’après nos limites, dans la vision du monde et de son devenir, manque de réalisme et de clairvoyance futuriste, face au destin des peuples ; lesquels, ensemble, avancent depuis la nuit des Temps.
Régler nos pays selon la justesse et la dextérité, est un combat de longue haleine, certes inhérent à la marche des peuples. Les Etats qui se bornent à pervertir les affaires internes des souveraines Nations, par d’immixtions fantoches, comme dans la colonisation et la traite négrière, dont la seule motivation vraie est celle du vol des richesses du sous – sol et l’hibernation des consciences et cultures, pour une paisible aliénation, sont sur le pic de leur sournoiserie.
A l’intérieur de l’Afrique, ceux qui par mégarde ou mercantilisme se rendront complices de ces exactions, ne savent décidément pas comment un peuple progresse.
Pour ce qui est de la communauté des Etats ouest africains (CEDEA0), face aux juntes au pouvoir en République de Guinée et au Mali, l’approche reste encore légère dans la recherche de solution internes des pays, pour une unification véritable des Etats à l’image des Peuples.
Forcer les tenants du pouvoir à rester en harmonie avec leurs peuples, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel, est un aspect salutaire pour le décor de nos valeurs dites démocratiques auxquelles nous aspirons ; mais utiliser les institutions communautaires et financières pour asphyxier les peuples, dans un espoir utopique de résoudre des querelles intestines politiques, particulières aux Etats, est une absurdité. Un leurre en effet.
Le progrès d’un peuple est un sacrifice ultime de chaque maillon de la chaîne de la communauté.
Ce qu’il ne faudrait jamais perdre de vue, c’est, le fait que le destin des hommes soit particulièrement lié à celui de la Nation. La conscientisation par l’éducation et l’instruction, ainsi que le niveau de lucidité culturelle, seuls peuvent garantir la cessation et l’éloignement définitif des troubles dans les sociétés que nous bâtissons dans la fierté, la dignité et la justice.
La conscience historique doit être en harmonie avec la conscience culturelle, pour déterminer le choix de l’orientation des dirigeants de nos Peuples. Ils ne doivent errer dans l’univers tout tracé des esprits mercantilistes et impérialistes, ni déroger aux préceptes conventionnels et sacrés de la transformation de la Nature. Le devenir des Peuples, dans un élan sans fin de perfectionnement, d’élévation, de prospérité et d’émergence, doit être le souci majeur de tous les acteurs dans nos équations.
Particulièrement, pour ce qui est du CNRD et son Président, le Colonel Mamadi Doumbouya, Chef de l’État, en République de Guinée, nul besoin d’aller en bras de fer avec la CEDEAO. Cependant, au nom de la communauté et de la fraternité des peuples, la Guinée devra jouer le rôle de précurseur, comme pour les indépendances, dans l’obtention de solutions face aux crises dans notre sous-région et dans la région Afrique.
La Communauté de nos Etats d’Afrique doit, ainsi, cesser de faire comme les explorateurs religieux qui envahirent les Peuples d’Afrique, pour leur reprendre les consciences et les Etats. Le monde qui s’uniformise dans une diversité jalouse est une beauté qu’il faut imiter en revoyant vos copies de solidarité.
Ainsi l’enseignement est clair : un peuple qui avance est un peuple solidaire et une Afrique qui progresse l’est autant.
J’ai dit.
Mohamed Lamine KEITA. Écrivain / Poète