Si l’état des politiques publiques se lit au travers du ressenti des populations, il est évident que les opérations mains propres ainsi que celles relatives à la récupération des biens de l’Etat en cours dans le pays, à l’initiative du CNRD, sont à la fois inquiétantes et réconfortantes.
Le pari est disruptif et très osé. Y parvenir est un idéal qui est cependant trop risqué. La junte veut aller vite, trop vite d’ailleurs, dans le but de cocher bien dans toutes les cases.
A cet effet, elle jure de moraliser, sans barguigner, la gestion publique et récupérer tous les domaines qui ont été spoliés à l’Etat.
Cependant, d’une action à une autre, le procédé est toujours le même. La méthode reste le nœud gordien.
Elle est le cheveu dans la soupe qui risque de galvauder, si non dévoyer, l’initiative indispensable au développement du pays.
Les cris du cœur des premières victimes qui dénoncent une méthode aux antipodes des principes fondamentaux des droits de l’homme, n’ont pas eu d’échos favorables.
La raison connue de tous, c’est leur statut d’anciens dignitaires, qui les condamne, pour dit-on, à s’être rendus coupables de la consolidation d’un pouvoir à vie d’un Président déchu, qui lui aussi, en avait hélas cure du respect des mêmes principes.
Dans l’opinion, le péché en valait la peine. La junte, en a d’ailleurs, été célébrée et encouragée à ne pas lâcher prise. Car, selon cette opinion, c’est elle, et, elle seule, qui peut bien faire et vite faire.
Comme par enchantement, il y a enfin une levée de boucliers pour dénoncer ce dont d’autres ont été victimes et qui est passé à l’époque comme une sentence logique. Barreau, journalistes, FNDC en reconstruction, bref, une véritable synergie d’actions, jugée sélective, émerge, pour donner de la voix à l’anxiété de nouvelles cibles de ces opérations mains propres et de la campagne de déguerpissement.
Il a fallu incontestablement, à tout point de vue, que les actions touchent les bien-aimés de la société, pour que les écueils d’une gestion longtemps dénoncée par des voix inaudibles, soient décelés. On a donc envie de dire aussi que c’est seule la junte qui est capable d’une telle audace.
Par-dessus tout, il est évident que l’accélération à double vitesse de la junte, est révélatrice d’une volonté inavouée, qui concentre toutes les préoccupations. Les actions devant déboucher sur le retour à l’ordre constitutionnel, sont mises en veilleuse.
Pire, aucune idée sur le temps que devraient durer ces actions, sachant bien que la période de transition est habituellement très fugace.
La CEDEAO, à travers l’une de ses plus grandes voix, en l’occurrence Alassane Ouattara, Président de la Côte d’ivoire, le dernier rempart, n’en est malheureusement pas du tout préoccupée.
Dans une interview chez nos confrères de France 24, il dit être satisfait du respect des engagements pris, jusque-là, par notre colonel-Président.
S’il est par conséquent inespéré de compter sur l’institution sous-régionale, pour amener la junte à prôner la lisibilité de ses actions, elle doit cependant craindre la coalition des victimes de ses nombreuses incongruités.
Mognouma Cissé