Quel point d’étape peut-on faire des réformes engagées à ce jour dans les secteurs de l’eau, un an après ?
L’eau, un produit d’intérêt général, un bien commun qui manque encore à bon nombre de nos concitoyens.
Dès son avènement en septembre 2021, le Gouvernement de la Rupture en a fait une priorité. Un an de gouvernance, l’eau est-elle le bien le mieux partagé en Guinée ? Donner de l’eau potable à l’ensemble d’ici 2025 est-ce encore possible ?
Force est de reconnaître que le creux était vraiment profond, très profond. On s’y est jeté, mais aujourd’hui : les projections à l’horizon 2050 rappellent qu’avec une population Guinéenne qui tend à doubler et une demande en eau globale qui aura augmenté de 50% les conflits d’usages seront inévitables sans investissement majeur.
Le contexte mondial actuel, nous rappelle qu’aucun pays ne peut considérer son niveau actuel de sécurité hydrique et de prestation de services comme étant acquis ; et tous les pays doivent anticiper les tensions futures et conduire, dès aujourd’hui, les réformes nécessaires pour pallier des déficits qui s’exacerberont demain. Relever les défis actuels et futurs liés à l’accès à l’eau exige des politiques publiques robustes, qui ciblent des objectifs mesurables inscrits dans des calendriers prédéterminés, à une échelle appropriée, qui s’appuient sur une répartition claire des tâches entre les autorités responsables et qui fassent l’objet d’un suivi et d’une évaluation réguliers.
C’est dans ce contexte que le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) en a fait une priorité absolue avec la nomination d’un nouveau Ministre et l’espoir qui renaît avec la Société des Eaux de Guinée (SEG).
On peut affirmer, « sans mauvais jeu de mots », que la SEG commence à sortir la tête de l’eau. Après avoir été, des lustres durant, submergée par des difficultés de tout ordre qui l’ont empêché de disposer d’une offre à même de couvrir la demande.
Avec l’élan pris au lendemain du 5 septembre 2021, à l’avènement du CNRD, un vent de renouveau souffle sur ce secteur névralgique de l’État.
Remise à flots, il y a environ six mois, par la nomination d’un nouveau DG, la société surfe sur une vague de réformes qui ont commencé à porter leurs fruits, sous la forme de résultats probants en matière de collecte, de traitement, de transport et de distribution d’eau potable. Sans occulter une gestion administrative et financière efficiente.
Ce qui satisfait les attentes des populations de l’action du CNRD dans le secteur de l’eau, qui a longtemps souffert notamment d’un manque d’infrastructures et d’investissements.
Le secret, entre autres, de ce bond qualitatif ? Les directives sont claires, les besoins identifiés, les approches de solutions élaborées avec intelligence et pragmatisme. C’est ainsi que depuis plus de 6 mois, la nouvelle direction générale de la Société des Eaux de Guinée a mis le pied sur l’accélérateur en engageant une véritable course contre la montre.
« Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest », puisque c’est en Guinée que plusieurs fleuves de cette région prennent leur source, c’est en effet paradoxal que depuis son indépendance le pays éprouve d’énormes et incompréhensibles difficultés à couvrir les besoins de sa population en eau.
Aujourd’hui, l’espoir renait et les Guinéens placent au centre de leurs préoccupations la question de l’eau, parce qu’ils voient que ça bouge du côté de la SEG et que les attentes peuvent être enfin comblées. Comme l’illustre le vif intérêt porté par les citoyens sur la décision, finalement reportée, relative à un changement dans la tarification.
Une annonce qui avait suscité de nombreux commentaires dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Certes, la SEG a pris du recul sur le sujet, mais elle n’y a pas renoncé définitivement, de même qu’au sein de la population on ne s’y oppose pas forcément. Au moment opportun, et surtout si le service est assuré, il va falloir de la pédagogie dans la sensibilisation pour recueillir l’adhésion des uns et des autres, dans un contexte international marqué par une crise profonde. Mais aussi face aux nombreux défis et grandes mutations auxquels devra faire face la société, et qui nécessitent la compréhension des citoyens.
La question de l’eau occupe toutes les attentions, les problèmes sont connus et des solutions urgentes sont préconisées conformément à la lettre de mission du Premier Ministre. En revisitant les six mois de leadership, on peut évoquer de façon sommaire et non exhaustive, certaines réformes qui ont boosté les performances de la SEG. Telle l’élaboration, pour la première fois de son histoire, d’un Plan Stratégique (2022-2027) de transformation. On pourrait y ajouter :
– L’achèvement et la mise en service des nouvelles infrastructures d’eau potable des villes de Gaoual, Lélouma et Tougué ;
– la finalisation des travaux d’adduction d’eau à Lola et Yomou ;
– le renforcement en urgence de la desserte en eau potable des villes de Kankan et de Kouroussa ;
– la vaste campagne de réduction des pertes techniques et commerciales (réparation des fuites et destruction des branchements frauduleux), ainsi que la détection de plus de 2000 cas de fraudes ;
– le démarrage de la pose des compteurs au niveau des clients de l’administration sur instruction du chef de l’État ;
– la campagne de pose systématique de compteurs au niveau des clients privés où 80% des clients sont facturés au forfait ;
– la mise en place de la biométrie des agents de la SEG pour l’amélioration du système de santé du personnel ;
– la mise en place d’un nouveau logiciel de gestion clientèle et d’infrastructures réseaux ;
– l’évaluation des besoins de réhabilitation et de renouvellement pour la sécurisation de la production d’eau potable dans les 26 centres de la SEG dont l’appel d’offre vient d’être lancé
– l’achèvement du projet de renouvellement des conduites principales de transport d’eau traitée pour la ville de Conakry ;
– la mobilisation des ressources financières pour le développement du secteur, etc.
Au moment où le Président de la Transition, chef de l’État, le Colonel Mamadi Doumbouya, boucle la première année de son avènement au pouvoir, cela va sans dire que le Ministère de l’Energie, de l’hydraulique et des Hydrocarbures et la SEG n’entendent pas être en reste dans l’exaltant programme de refondation entrepris par le CNRD dans le secteur de l’eau.
Avec le soutien assuré des autorités, la nomination d’un nouveau Ministre au sein du département tutelle et le management avisé de la direction de la SEG, il est fort à parier qu’elle fera sa part de travail à la grande satisfaction des populations guinéennes.
Ibrahima Sory YOULA, en service au Ministère de l’énergie