Quand le Président s’adressait à la nation, à l’occasion du nouvel an, on s’attendait plutôt qu’il dise un mot sur le fameux accord signé avec la CEDEAO, relativement au retour à l’ordre constitutionnel.
Mais le patron du pays, l’avait simplement effleuré, amplifiant ainsi le doute quant au respect de cet engagement, notamment celui concernant le délai des 24 mois.
Il fallait donc cette sortie du CNRD et du gouvernement, pour donner des précisions, certes sujettes à polémiques à certains égards, cependant importantes pour faire évoluer le débat qui semblait stagner.
Le secrétaire Général de la Présidence, le porte-parole du Gouvernement et le ministre de l’Administration du territoire, se sont donnés la peine, hier, jeudi 12 janvier, dans une conférence de presse moins annoncée, en vue d’informer sur l’accord passé avec l’organisation sous-régionale.
Quoique dilué volontairement dans un récit moins pédagogique, qui retrace le bilan du CNRD et les perspectives pour 2023, le processus devant déboucher sur le retour à l’ordre à l’ordre constitutionnel était le plus attendu.
Et l’exercice a tenu toute sa promesse, quand Ousmane Gaoual annonce que le dialogue, à nouveau tant réclamé par les leaders membres des coalitions qui se sont mises en marge de ce processus, est désormais derrière nous.
«Le dialogue dans un pays est permanent. Aujourd’hui, il n’y a aucune raison qu’un dialogue se tienne ailleurs. Ce dialogue est derrière nous, parce que les sujets ont été débattus avec nos partenaires de la CEDEAO et les accords ont été trouvés. Si dans l’avenir, il y a des difficultés de mise en œuvre qui nécessiteront un autre dialogue, ce dialogue se fera ici», a déclaré le porte-parole du gouvernement de transition.
Cela sonne comme une réponse aux coalitions de partis politiques et d’organisation de la société civile, ainsi qu’à Embalo, Président de la Guinée Bissau et président en exercice de la CEDEAO, qui sont intraitables sur l’ouverture d’un autre cadre de dialogue en dehors de la Guinée, comme l’a subtilement proposé, sans l’exiger explicitement, dans son rapport, la conférence des chefs d’Etats, qui s’est tenue en décembre, à Abuja, au Nigéria.
Et le secrétaire Général de la Présidence, le Colonel Amara Camara, sur un ton dénué de toute modestie, goguenard , comme cela le caractérise, fera savoir, parlant certainement de ce groupe de leaders et d’acteurs de la société civile, qu’aucune force extérieure ne viendra troubler le processus en cours.
A propos donc, le pouvoir de Conakry reste droit dans ses bottes. Intransigeant à ne pas se soumettre à la volonté de ces acteurs, formellement les plus représentatifs de l’opinion nationale.
La mobilisation annoncée par Cellou Dalein, n’a donc pas produit ses effets. Au contraire, peut-on le constater, elle a plutôt radicalisé les positions des militaires au pouvoir, qui sont désormais sans concession.
Pire, qui sont sans une once d’hésitation, déterminés à traquer et à coffrer leurs contradicteurs les plus virulents.
Le cas d’Abdourahamane Sano est un ballon d’essai qui pourrait avoir son effet de dissuasion dans un pays dont les populations ont accepté de se résigner, quels que soient le pouvoir et son lot d’inconfort.
Les opposants sont avertis. Ils ne pourront pas compter sur la CEDEAO en phase avec le pouvoir en place, comme l’a si bien martelé le ministre Ousmane Gaoual.
Des propos soutenus par le ministre de l’Administration du territoire qui rassure les partenaires de la volonté des autorités du pays à respecter le chronogramme.
Cellou et son groupe, ne peuvent non plus compter sur les populations qui semblent lasser de la politique politicienne. En cause, des alliances contre nature au gré des intérêts partisans.
Ce qui plaide en leur faveur, c’est le fait que le CNRD, avec dédain et sans commisération, soit en train de tournoyer dans tous les sens, ses actions en justice, et bien d’autres impopulaires, sans toutefois ménager ses soutiens.
Ce qui est sûr, les mois avenir ne seront pas un long fleuve tranquille en Guinée. Ça va bien s’agiter !
IN Djomamedia