Ses prises de parole en public sont très rares. Les quelques-unes auxquelles il sacrifie, sont à cet effet, et à juste raison, bien scrutées. A cause de l’immense rôle qui est le sien dans la conduite de la transition en cours en Guinée.
Le concerné lui-même, le sait et mesure les enjeux y afférents. Pour tout dire, il en est bien conscient.
Les sujets abordés avec lui, constituent l’essentiel des actions à mener, par un pouvoir de transition, car ils consacrent le retour à l’ordre constitutionnel à travers l’organisation d’élections censées être libres, inclusives, transparentes et équitables.
Forcément, une sortie du ministre Mory Condé, dans un contexte de débat nourri autour des conseils de quartiers et de districts, et globalement de crispation liée aux conditions de retour à l’ordre constitutionnel, passionne les politiques Guinéens.
Ce lundi 28 août, sur FIM FM, dans l’émission Mirador, le moins qu’on puisse dire, est que le ministre Mory Condé a réussi son grand oral. Une sortie médiatique sans fioriture, jugée par moult experts en communication, comme solide et clinique.
Ses réponses tranchaient avec de la circonlocution. Il n’a pas fait dans la langue de bois et s’est voulu tranchant.
Cela se traduit par sa réaction à propos du décret du chef de l’Etat relatif au nouveau mode de désignation des membres des exécutifs des conseils de quartiers et de districts, qui fait l’objet de contestations.
Le ministre dira qu’à la suite du décret de son patron, il n’a de choix que de prendre un texte d’application dudit décret. Ce qu’il a affirmé avoir déjà fait.
Ce qui a le don de mettre fin au débat, après une très grande pédagogie pour démontrer la nécessité qui était celle pour le chef de l’Etat, de prendre une telle décision et d’expliquer la complexité du processus de désignation en vigueur, qui a suscité de l’émoi jusque dans les rangs de la frange d’acteurs politiques, parties prenantes au cadre de dialogue inter-guinéen.
C’est alors tant pis pour ces politiques et les facilitatrices, qui espéraient trouver une flexibilité qui devait amener le patron de la junte au pouvoir à revenir sur sa décision.
Le Ministre Mory a profité de l’interview pour rassurer les contestataires de ses choix futurs qui ne vont favoriser aucun parti politique.
A propos des enseignants contractuels, un véritable écheveau inextricable, l’ancien patron de l’ONG AGIL international, la structure qui a été au cœur de la lutte contre Ebola, a tout simplement percé l’abcès.
Il a dévoilé ce que les professionnels de l’éducation susurrent. La corruption qui gangrène le secteur a fini par gonfler tous les chiffres.
En substance, l’homme à l’initiative de la fonction publique locale, menace, à cet effet, qu’aucune pression assimilable à un chantage, ne peut le détourner de son objectif. Celui d’assainir le milieu infesté par la corruption.
Tenez bien, le besoin exprimé depuis des années dans l’enseignement pré-universitaire, estimé à moins de 20 mille enseignants, n’a jamais varié malgré un nombre sensiblement proportionnel qui a été recruté dans ce secteur depuis cette date. Le ministre en a d’ailleurs fait cas.
De ce fait, vivement de l’ordre dans le secteur comme l’a rassuré le ministre Mory Condé.
D’un avis largement partagé, ce grand oral réussi par le jeune ministre Mory Condé, a eu l’effet de changer la perception parfois caricaturale que certains avaient de lui. Hélas, l’opinion hostile ne l’entendra pas de cette oreille.
Il reste cependant clair que sa sortie démontre qu’il a beaucoup et vite appris, au point qu’il est jugé apte à porter les lourdes responsabilités liées à un grand département comme le MATD.
A dires d’experts, il a désormais l’étoffe nécessaire pour conduire efficacement et en grande partie, le processus de retour à l’ordre constitutionnel, conformément au chronogramme de deux ans de transition, convenu avec la CEDEAO.
Là-dessus, sans démentir son PM, Mory Condé a rassuré quant au niveau de mobilisation du budget nécessaire au déploiement des dix étapes dudit chronogramme.
Contrairement aux 40 millions USD annoncés par Bernard Goumou, Mory Condé a indiqué que le Gouvernement de transition en est aujourd’hui à plus de 100 millions USD, soit 20% de l’enveloppe globale.
Incontestablement, l’efficacité dont fait preuve le ministre Mory Condé, doublée de l’immense confiance dont il jouit auprès de son patron, le Colonel Mamadi Doumbouya, à qui il jure de rester fidèle et loyal jusqu’au bout, devraient amener les plus sceptiques à se convaincre qu’il est l’homme avec qui il faut compter en vue d’une transition inclusive, apaisée et réussie.
Lamine Mognouma Cissé