C’est un retour qui surprend plus d’un. L’ancien premier ministre, Dr Bernard Goumou a été vu la nuit dernière sortant d’un avion de ligne qui venait d’atterrir à l’aéroport Ahmed Sékou Touré. Il y a trois semaines, l’ancien Chef du Gouvernement avait discrètement quitté le pays pour le Canada après la fin fracassante de son idylle avec le Président Mamadi Doumbouya. Les analystes se posent un certain nombre de questions :
L’enfant de Lola est-il revenu pour faire face à l’étonnante saisie de l’Agence Nationale de Lutte contre la Corruption et de Promotion de la Bonne Gouvernance pour des « investigations préalables », contre l’ancien Premier ministre et trois de ses ministres à la suite des dénonciations portées auprès de la CRIEF ?
Droit dans ses bottes, le très jeune manager retraité, regagne le pays pour reprendre le contrôle de son entreprise LANALA ? Pas certain. Une source au Palais indique que dès après sa nomination Bernard avait cédé toutes ses actions à son épouse qui assure aujourd’hui à la tête du Groupe LANALA.
Est-il rappelé par son ancien mentor pour une consultation après des communications viciées et des manipulations d’informations pour les mettre dos à dos ?
Difficile de privilégier une piste de réponse pour celui dont les proches l’encourageaient de se consacrer à la rédaction de ses mémoires loin du tumulte de Conakry et de se lancer dans une carrière internationale.
Un motif de fierté
En attendant de percer le secret de ce retour inattendu, Dr Bernrad Goumou force notre respect et notre admiration. Il démontre que son moral n’est pas atteint par les manigances qui ont fini par torpiller ses relations privilégiées avec le Président de la République. Le retour de l’ancien Premier ministre est révélateur d’une force de caractère marquée par la confiance et la dignité d’une jeunesse responsable et patriote. Son geste n’est pas dénié de courage dans une Guinée où la culture d’humilier les grands serviteurs de l’État est vivace. Quoi qu’on en dise l’ancien Premier ministre a servi avec abnégation la nation.
Pour l’opinion publique, Dr Bernard Goumou va donner surtout l’opportunité à l’Agence Nationale de lutte contre la corruption et de promotion de la Bonne Gouvernance de mener ses investigations après une dénonciation citoyenne.
Pour rappel, le Procureur Spécial de la CRIEF, Aly Touré a donné suite aux courriers n°061, 062, et 063 en date du 21 mars 2024 de l’activiste Alseny Farinta Camara. « Ces courriers font référence aux dénonciations de corruption contre Monsieur Alphonse Charles Wright, Docteur Bernard GOUMOU, Monsieur Ousmane Gaoual Diallo et Monsieur Moussa Cissé ».
Il est surprenant de constater que la communication faite par le procureur à l’ANLC ne de sépare pas les différents cas de dénonciation. Pour une question de clarté et de transparence, chaque cas devrait être présenté de manière spécifique selon chacun des quatre présumés.
Qu’importe, l’action rendue publique est une bonne chose pour la république. Elle dénote de la confiance du citoyen en nos institutions pour la moralisation de la vie publique. La CRIEF a également une opportunité de se montrer attentive et réactive aux voies citoyennes sous l’ère du CNRD. L’institution va ainsi redorer son blason et renforcer sa crédibilité qui s’effrite en raison de son manque de résultat dans l’instruction des dossiers inculpant des personnalités publiques déchues.
Sur le cas spécifique de l’ancien premier ministre Dr Bernard Goumou, une bruyante dénonciation de passation de marché liée à un contrat de reconstruction, d’aménagement et d’ameublement de la résidence des Premiers ministres de Guinée, lui a été collée.
La Primature a été saisie officiellement par la société exécutant les travaux pour défaut de paiement. L’agent en charge de la passation des marché publics de la Primature a informé le Premier ministre qu’il n’y avait pas de contrat signé et qu’il fallait procéder à une régularisation du contrat afin que l’entreprise puisse être payée et achever les travaux. Jusqu’ici, l’entrepreneur avait évolué sur fond propre, comme c’est souvent le cas en Guinée. Homme d’action, Dr Goumou a alors demandé par lettre officielle la régularisation du marché. Du pain béni pour les détracteurs de l’ancien Premier ministre. Des poux qu’ils ne cessent de rechercher sur son crâne rasé jusqu’à entrainer un activiste dans la danse.
Celui qui doit mener « les investigations préalables » doit bien connaitre l’historique de ce dossier. Il était l’ex-Directeur de Cabinet de la Primature sous Mohamed Béavogui. Aujourd’hui, Saikou Amadou Diallo est le Secrétaire Exécutif de l’Agence Nationale de lutte contre la corruption et de promotion de la Bonne Gouvernance.
Pour choquer l’opinion, quelques commentateurs peu avertis avaient un moment tenté de présenter le montant de 6 milliards GNF du contrat comme exorbitant par rapport au cahier de charge du chantier. Mais j’ai trouvé qu’au Plazza Diamond de Kipé, la villa la moins chère était vendue à 600 000 US soit 6 milliards de nos francs. Comparée à la construction et l’équipement de la villa des Premiers ministres de la République de Guinée, il n’y a pas de quoi crier au scandale. Cette résidence, située à Camayenne entre la résidence de l’ambassadeur des USA et celle de l’ambassadeur de l’Union européenne comprend un grand duplex, une piscine, une grande salle de réunion, une salle de réception, une maison à un niveau avec plusieurs chambres pour le personnel de maison, garage pour plusieurs voitures, une grande pergola, une grande case pour recevoir les visiteurs et entièrement équipée avec toute la sécurité et une meilleure commodité).
Bernard Goumou n’a jamais habité dans cette résidence. Il a eu cependant le mérite de terminer les travaux et d’équiper la villa jusqu’à la cuillère à café.
Le Premier ministre Bah Oury occupe actuellement cette belle demeure en bordure de mer. C’est aussi cela la souveraineté pour un État.
Pour la suite de cette affaire, wait and see !
MS