Le phĂ©nomĂšne de viol prend une allure inquiĂ©tante en GuinĂ©e. Câest en tout cas ce que rĂ©vĂšle une Ă©tude menĂ©e par la Coalition des Femmes, Filles de GuinĂ©e pour le Dialogue, la Consolidation de la Paix et le DĂ©veloppement (COFFIG/DCPD), en collaboration avec le ministĂšre de lâAction Sociale, de la Promotion FĂ©minine et de lâEnfance. Lâorganisation de dĂ©fense des droits des femmes a publiĂ© les rĂ©sultats de cette Ă©tude ce mardi, 26 mars 2019, a constatĂ© Guineematin.com Ă travers un de ses reporters.
Cette enquĂȘte sâinscrit dans le cadre de la mise en Ćuvre du projet « La case de veille des femmes dit stop aux viols de filles mineures en GuinĂ©e ». Elle a durĂ© trois mois (septembre, octobre et novembre 2018) et a touchĂ© la zone spĂ©ciale de Conakry et le Km36 (relevant de la prĂ©fecture de Coyah). Et, les rĂ©sultats annoncĂ©s par Dr MakalĂ© TraorĂ©, la prĂ©sident de la COFFIG/DCPD, font froid dans le dos.
« Il est ahurissant de constater que sur une pĂ©riode de trois mois, nous avons eu, en recoupant des tĂ©moignages et puis les langues qui se sont dĂ©liĂ©es dans les familles Ă travers les causeries que nous avons organisĂ©es dans les familles, les quartiers, dans les salons de coiffures, dans les ports de pĂȘche et dans les marchĂ©s, que ce phĂ©nomĂšne doit interpeller chaque guinĂ©en au plus haut niveau.
552 cas de viols de Kassa au KilomĂštre 36 sur une pĂ©riode de 3 mois, ça fait peur. Ăa fait peur pour nos enfants, pour nos petites filles qui sont traumatisĂ©es. Quand je parle de petites filles, ce sont des innocentes de 4 ans, de 2 ans, je ne parle mĂȘme pas des mineures, je parle des fillettes bĂ©bĂ©s. Ce nâest pas acceptable dans notre pays », a-t-elle dĂ©clarĂ©.
Câest pourquoi, Dr MakalĂ© TraorĂ© a dit que la restitution des rĂ©sultats de cette enquĂȘte va se poursuivre dans les cinq communes de Conakry. Cela pour que les maires Ă©lus sâimprĂšgnent de ce qui se passe dans leur commune. « Ăa, câest pour permettre premiĂšrement quâon puisse mettre en place des cases de veille, dâalerte ; mais aussi dâoffre de services aux victimes de ces viols.
DeuxiĂšmement, comme on lâavait dit avec le gouvernorat de Conakry, quâon mette une Ă©quipe mixte pour la poursuite et le maintien des violeurs en prison. En tout cas, quâils soient sĂ©vĂšrement sanctionnĂ©s. Je prĂ©fĂšre que la justice fasse son travail, mais quâelle fasse bien son travail.
Il nâest plus permis de donner lâopportunitĂ© aux violeurs de petites filles. Imaginez lâeffroi dâune fille de 2 ans, avec un vieux de 60 ans. Nous sommes actuellement en train de gĂ©rer le cas dâune petite fille de 4 ans au kilomĂštre 36 qui a Ă©tĂ© violĂ©e par un vieux de 67 ans », a-t-elle rĂ©vĂ©lĂ©, avec plein de tristesse.
De son cĂŽtĂ©, Moundjour ChĂ©rif, directeur de cabinet du gouverneur de Conakry sâest dit Ă©tonnĂ© des rĂ©sultats effroyables de cette enquĂȘte. « Nous sommes hyper sensibles Ă ces chiffres plutĂŽt effroyables quand il sâagit des cas de viol. Un seul cas de viol est un crime, ça fait frĂ©mir un homme normal, Ă fortiori quâon compte ce nombre par centaines et que dis-je par plusieurs centaines. On nous parle de 552 cas rien que pour la rĂ©gion de Conakry. Je dis que le moment est grave ! Et, câest maintenant ou jamais quâil faut se lever », a-t-il dit.
Parlant des dispositions qui devraient ĂȘtre prises pour mettre fin ou diminuer ce flĂ©au, Moundjour Cherif indique quâil faudrait tout dâabord un engagement clair et ferme de la part des dĂ©cideurs. « Le gouvernorat sâengage aux cĂŽtĂ©s de la COFFIG Ă constituer une commission mixte, non seulement pour aider Ă maintenir les violeurs qui sont aujourdâhui en prison, mais aussi aider Ă dĂ©noncer les nouveaux violeurs, Ă les poursuivre et Ă les condamner.
Nous, dans la salle, ce qui nous a effrayĂ©s davantage, câest du fait de savoir quâun ĂȘtre humain, homme de surcroit puisse violer un bĂ©bĂ© de quelques mois, de quelques jours. Jâai eu du mal Ă y croire. Câest une Ă©motion qui mâĂ©treint jusquâici. Question de dire que nous nous engageons au nom de monsieur le gouverneur de la ville de Conakry, auprĂšs de la COFFIG, Ă lutter contre le viol et les violeurs », a-t-il promis.
Source: guineematin.com