Julius Maada Bio, candidat du principal parti de l’opposition en Sierra Leone, a été déclaré mercredi officiellement vainqueur de l’élection présidentielle avec 51,81 % des voix, contre 48,19 % pour le candidat du parti au pouvoir, Samura Kamara. Un verdict contesté par ce dernier.
Ancien militaire âgé de 53 ans, Julius Maada Bio retrouve le pouvoir, vingt-deux ans après l’avoir brièvement exercé après un coup d’État, en évinçant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser, dont il était le numéro deux.
Le résultat du second tour du 31 mars a été annoncé en milieu de soirée par le président de la Commission électorale nationale (NEC), Mohamed Conteh. Des cris de joie ont immédiatement éclaté à Freetown, parcourue par des milliers de supporteurs du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), situé dans l’opposition depuis dix ans.
Kamar dénonce « des bourrages d’urnes massifs »
Deux heures après l’annonce de sa victoire, Julius Maada Bio, habillé d’une longue tunique blanche, a prêté serment dans une salle de conférence, bondée et surexcitée, d’un grand hôtel proche de l’océan où l’attendaient des centaines de proches, représentants des corps de l’État et diplomates étrangers. Il a reçu du plus haut magistrat du pays un long bâton de commandement, symbole de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, Ernest Bai Koroma, qui l’avait battu en 2012, mais ne pouvait plus se représenter après deux mandats de cinq ans.
Dans un message télévisé, Samura Kamara a indiqué dans la soirée qu’il allait contester les résultats annoncés par la NEC, qui selon lui « ne reflètent pas les nombreuses inquiétudes de son parti concernant des bourrages d’urnes massifs, des votes surnuméraires et d’autres irrégularités ». Et d’ajouter : « nous contestons les résultats et nous prendrons les actions judiciaires pour les corriger », a déclaré l’ancien ministre, en demandant à ses partisans de rester entre-temps « calmes et pacifiques ».
15 000 voix d’écart au 1er tour
En début de soirée, des centaines de partisans en colère du Congrès de tout le peuple, le parti au pouvoir, avaient envahi Freetown, après l’annonce de résultats non-officiels leur faisant miroiter la défaite.
Criant au « vol » de l’élection, dénonçant « l’influence étrangère » et arrachant les pancartes de Julius Maada Bio, les supporters de Samura Kamara ont cherché la confrontation avec les sympathisants du SLPP, a constaté un correspondant de l’AFP.
Au premier tour, le 7 mars, Julius Maada Bio avait devancé de 15 000 voix Samura Kamara, un ancien ministre des Finances et des Affaires étrangères âgé de 66 ans personnellement choisi par Ernest Bai Koroma pour défendre les couleurs de l’APC.
La campagne électorale a été marquée par des échauffourées entre partisans des deux camps et une montée des tensions ethniques. Attendue en début de semaine, l’annonce du vainqueur a pris plusieurs jours de retard, l’APC ayant insisté pour qu’une compilation manuelle des résultats soit effectuée, en plus du comptage électronique, afin de parer à toute tentative de piratage dans une atmosphère de défiance entre les partis, les forces de sécurité et la NEC.
Avec AFP