Alpha Condé est finalement allé à Canosa. Il a cédé et marqué le triomphe de son ministre de coeur. Oyé Guilavogui, ce ministre qui a réfusé le département de l’Elevage, a été nommé ce dimanche à la tête du ministère de l’Environnement et des Eaux et forets. Il déloge ainsi Roger Millimono, qui se voit recasé à l’Elevage.
Cérise sur le gateau, le rebelle de la République garde, au passage, comme depuis 2010, son rang de ministre d’État. Oyé Guilavogui a donc obtenu ce qu’il voulait, c’est à dire, à défaut d’être confirmé aux Transports, tout sauf le ministère de l’Elevage. Il se sentait donc fort de ressorts insondables q’il actionnerait pour faire lâcher le morceau au chef de l’État. Nous qui étions indigné qu’un ministre de réputation sulfureuse, qui aurait dû aller en taule, se fasse un sang d’encre pour avoir simplement été permuté, nous en avons pour notre gueule de bois. Pour nous, Alpha venait de ridiculiser la République, en donnant le choix à un tel ministre de vouloir ou pas de tel out el dans gouvernement.
Mais, c’était compter sans le goût d’Alpha Condé pour le ridicule. Qui, tel qu’il nous est servi, nous tue, vraiment. Au point qu’il ne serait pas encensé de crier à l’ensevelissement de l’État guinéen par Alpha Condé. Oui, cet État dont il clamait l’inexistence en 2010, cet État n’est, manifestement, ni créé ni récréé, encore moins renforcé. S’il n’existe que sur papier tel un tigre, alors le fauve vient d’être défiguré. En tout état de cause, la réalité, c’est que l’État guinéen existe forcément. Fort ou faible, il existe quand-même. Même s’il vient sans doute de subir les derniers oukases les plus avilissants de l’ère Alpha. Car, l’on ne saurait invoquer, pour nous convaincre, un quelconque poids électoral de Oyé à Kindia ou à Macenta.
Sa présence au gouvernement Youla n’a pourtant pas empêché le Rpg d’être au coude à coude avec l’UFDG, si d’ailleurs à en croire le parti de Dalein, il ne s’est pas tout simplement pris une gamelle électorale. Et même s’il était la véritable clé de voûte de la victoire du parti au pouvoir aux prochaines législatives, voire au très hypothétique prochain référendum pour un 3e mandat d’Alpha, le chef de l’Etat aurait dû résister devant la défiance de Oyé, et affirmer son autorité et celle de l’Etat. Car, le ministère de l’Elevage qu’il a rejeté, voulant garder le ministère de Transports octroyé à Aboubacar Sylla de l’UFC, ce ministère de l’Elevage, dis-je, est une portion régalienne de l’Etat guinéen. Cracher dessus, c’est cracher sur la dignité ministérielle et le privilège que le peuple vous fait, en vous accordant via son plus important mandataire, une parcelle d’autorité dans les plus hautes strates du pouvoir exécutif. L’attitude dOyé n’est ni galante ni élégante, et reste et demeure, irrémédiablement anti-républicaine.
D’ailleurs, n’aurait-il pas eu une once de sagesse en maintenant sa decision, nous dit-on, de se reposer après huit ans de gouvernance ? Mais, l’on découvre chez l’homme un goût immodéré du lucre et un insatiable appât du gain. Il ne pouvait en être autrement, puisqu’il peut s’adosser aux failles et faiblesses de l’Etat incarnées par le caractère versatile d’Alpha Condé. Qui pour des broutilles électorales, n’hésite pas à sanctifier le plus drôle des bouffons de la cour présidentielle. Alors, M. Oyé, filez tout droit retrouver vos alouettes toutes rôties au ministère de l’Environnement et des Eaux et forêts, votre prochaine table d’Abbé. Bonnes ripailles !
Talibé Barry
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