Les bureaux de vote ont ouvert ce matin au Mali, à 8h, pour le premier tour de la présidentielle. Samedi, un accord a été trouvé entre le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, et les candidats, après plusieurs jours marqués par une polémique sur le fichier électoral.
Le scrutin a démarré ce dimanche matin à 8h, heure locale (10h, heure de Paris). Quelque 8 millions de Maliens sont appelés aux urnes, dans les 23 041 bureaux de vote du pays, pour départager les 24 candidats en lice. Devant les bureaux de vote, à Bamako, des files d’électeurs impatients se formaient dès les premières heures de la matinée, a pu constater Jeune Afrique.
Selon West Africa Network for Peacebuilding (WANEP), à la mi-journée, « plusieurs localités sont sans opération de vote, notamment dans la Région de Tombouctou ».
Dans les bureaux qui ont pu ouvrir, « très peu d’incidents ont été notés, sauf des cas mineurs et isolés de défaut de contrôle de la présence de l’électeur sur la liste du bureau de vote ; dispute entre Président de BV et de mandataire de candidat », continue l’ONG, qui a déployé 300 observateurs sur le terrain.
Si les opérations de vote se déroulent dans le calme, et sous haute surveillance, dans la capitale malienne, la situation est plus difficile dans le centre du pays, en particulier dans la région de Mopti, où l’insécurité chronique a un impact direct sur le scrutin de ce dimanche.
Vote sous tension
La participation, dont le taux est habituellement situé en dessous de 50%, sera le principal enjeu du scrutin. La perspective d’une forte abstention est d’autant plus forte que la situation sécuritaire dans le centre et le nord du pays est délétère. Outre la menace terroriste, les conflits intercommunautaires dans le centre ont contribué à accentuer l’instabilité.
Samedi, à la veille du jour de vote, l’atmosphère était à l’apaisement à Bamako, après plusieurs jours marqués par une polémique sur les listes électorales.
NOUS NE POUVONS PAS AVOIR D’ÉLECTION PARFAITE, MAIS DES ÉLECTIONS ACCEPTÉES DE TOUS
« Nous ne pouvons pas avoir d’élection parfaite, mais des élections acceptées de tous », a déclaré le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga, à l’issue d’une rencontre avec des candidats et des mandataires de candidats et les observateurs internationaux (Cedeao, UA, UE, OIF) également présents à cette rencontre.
Un accord trouvé la veille du vote
Après des échanges très tendus au départ, les différents acteurs sont parvenus à un accord sur plusieurs des craintes avancées par l’opposition.
Sur le premier point de discorde, concernant les doutes émis par l’opposition sur l’existence d’un fichier électoral « parallèle », un communiqué du Premier ministère assure que « le fichier électoral audité en avril 2018 par le comité d’audit comprenant des experts nationaux et internationaux est bien le fichier sur la base duquel tous les documents relatifs à l’élection présidentielle du 29 juillet ont été confectionnés, notamment les extraits de listes électorales et les cartes d’électeurs biométriques. C’est bien ce fichier qui a été mis en ligne à partir du 4 juillet 2018 ».
Vote par procuration
Autre point d’achoppement : les modalités de vote par procuration. En cause, une instruction du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation qui permettait à un mandataire de voter par procuration, même s’il n’est pas inscrit dans ce même bureau. Une instruction contraire à la loi électorale qui avait déclenché la colère de l’opposition, craignant des tentatives de fraude. La rencontre de samedi a permis le retour aux dispositions de la loi électorale en vigueur.
Les autres points portent sur « l’accès illimité des observateurs nationaux et internationaux à toutes les phases des opérations de vote et de centralisation des résultats et l’engagement du Gouvernement à prendre toutes les dispositions nécessaires pour le déroulement normal du scrutin sur l’ensemble du territoire national. »
Samedi après-midi, les candidats ou leurs mandataires ont également participé à la présentation de la matrice de saisie des résultats de l’élection, « afin de s’assurer de sa conformité avec la configuration des centres et bureaux de vote ».
« C’est la victoire du consensus et du dialogue. Maintenant nous veillerons à ce que les mesures décidées soient appliquées à la lettre », a confié à Jeune Afrique Nouhoum Sarr, conseiller spécial et porte-parole de Soumaïla Cissé.
Une requête de l’opposition reste cependant en suspens: celle portant sur la liste des bureaux de vote non contrôlés par les forces gouvernementales, dont l’opposition a réclamé une liste.
Jeune Afrique