30 juillet 2017- 30 juillet 2018, il y a un an, un fait inhabituel se produisait dans une localité de la préfecture de Boké.
Un homme d’une vingtaine d’année a échappé de justesse à la mort le samedi 30 juillet 2017 dans la sous-préfecture de Kanfarandé, préfecture de Boké, pour s’être opposé aux coutumiers du village suite à l’excision de sa fille.
Ibrahima Sory Camara, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a décidé en compagnie de son jumeau et de certains jeunes, de mettre en ruine tous les objets mystiques du village, utilisés pour pratiquer la libation et l’excision.
Joint par notre rédaction, son jumeau nous a indiqué tout est parti de l’excision de la fille de ce dernier sans son accord. La petite innocente aurait perdu du sang, de sorte que la présence de son père était nécessaire pour sauver sa vie.
Informé de cette grave situation alors qu’il était en mission de dépotage à l’intérieur du pays, Ibrahima Sory très remonté, décide d’affronter les coutumiers du village en compagnie de son jumeau et de certains habitants du village. Des lieux mystiques où se pratiquaient la libation et l’excision ont été saccagés et incendiés par Ibrahima Sory et ses compagnons, un acte jugé offensant par les attachés aux coutumes qui décident de mettre mains sur les envahisseurs. C’est dans cette course poursuite qu’Ibrahima Sory sera rattrapé au bord du fleuve pendant qu’il tentait de s’embarquer à bord d’une pirogue.
A en croire Alhassane Camara, le calvaire se son frère jumeau n’était qu’à son début après les sévices corporelles, Ibrahima Sory sera jeté en prison et un avis de recherche lancé à son endroit pour un meurtre et un détournement qu’il n’a pas commis.
» Pendant que toute la famille est inquiète pour son sort, quelques semaines après, un avis de recherche lancé par l’Etat est parvenu au média au sein duquel je travaille. C’est là que j’ai su que le lendemain de son arrestation, il a été conduit à la prison de Boké. Dans cette prison, un chef de village a perdu la vie et,le jour de l’enterrement, Ibrahima Sory s’est évadé. Dans l’avis de recherche, il est indiqué que mon jumeau en est l’auteur. Ibrahima Sory ne peut pas faire ça, c’est un homme qui ne sait pas faire du mal à quelqu’un, il ne peut même pas tuer une mouche, je suis convaincu que c’est une accusation. Ce cas d’accusation de meurtre vient s’ajouter à celui de la destruction d’un endroit mythique et de détournement que son employeur aussi a déclaré. Ce dernier aussi l’accuse d’avoir détourné 25.000 litres de carburants parce que le jour où on devait se rendre au village, il avait confié l’ordre de mission à l’un de ses collègues dont j’ignore le nom, on ne sait comment ce dernier a effectué le travail, mais aujourd’hui puisque mon jumeau a disparu, on a tout mis sur son dos. Il est accusé de ces trois faits, il est maintenant en conflit avec la loi et activement recherché par l’Etat » ajoute Alhassane Camara.
Pour tenter de voir clair dans cette affaire, le correspondant de notre quotidien électronique dans la région de Boké a joint ce matin, le chef du district de Kanfarandé.
Selon les informations que Alhassane Camara nous a confiées, dans ce village, tout est mystique ! Il faut se méfier de tout, il faut savoir s’exprimer sans offenser, au risque de voir sa vie transformer par les fétiches.
Sur un ton très poli, notre reporter a fait part de l’inquiétude du jumeau de Ibrahima Sory Camara. Très sûr de lui, ce dernier a indiqué que le jeune Ibrahima Sory, a offensé les coutumes du village, un acte qu’il devrait payer.
« Cet enfant, puisqu’il est allé à l’école, veut nous défier ; il veut nous faire croire que ce que nos ancêtres nous ont légué comme héritage, n’est pas vrai. Il ne peut pas nous empêcher de pratiquer la libation et l’excision, ça fait partie de notre culture. Ce bambin dit que nous voulons tuer sa fille parce qu’elle a été excisée, il nous dit aussi que nous ne devons pas faire la libation, c’est-à-dire, offrir un jeune garçon saint, des animaux domestiques et des objets précieux à notre Dieu pour qu’il nous donne la prospérité. On l’a bien corrigé ici avant de le mettre à la disposition des autorités. Ils l’ont envoyé en prison je ne sais où, je ne veux même pas le savoir, il n’a qu’à mourir là-bas » a lâché Vieux Momo, sans aucun remords dans sa voix.
En dépit de toutes les accusations portées contre Ibrahima Sory Camara, le plus important aux yeux de sa famille à ce jour, est de savoir s’il est encore en vit et dans quelles conditions il se trouve.
« Malgré toutes ces accusations, tout ce que nous, nous voulons c’est de savoir s’il est en vie; si oui, où est-il et dans quelles conditions vit-il? C’est ça notre préoccupation, sa fille Mabinty nous fait pleurer à tout moment lorsqu’elle nous demande où se trouve son père alors que nous n’avons aucune réponse à lui donner. Je profite de l’occasion pour dire à tous ceux qui liront cet article et qui verront Ibrahima Sory quelque part, de nous tenir au courant » lance-t-il.
Aboubacar Barry pour friaguinee.net