En dĂ©pit des multiples campagnes de sensibilisations menĂ©es par lâEtat et les organisations non gouvernementales, les dangers liĂ©s Ă l’excision sont ignorĂ©s par les populations et les filles continuent de subir les mutilations gĂ©nitales.
Fria, la ville miniĂšre qui, pourtant regorge d’un important taux d’intellectuels et de personnes averties, nâen fait pas exception. Ce sont des dizaines de filles qui voient leurs organes gĂ©nitaux ablatĂ©s de façon partielle ou complĂšte sans leur consentement.
La période des vacances est celle qui reste favorable à cette pratique dont les conséquences sur la femme ne sont plus à démontrer.
Si dans le temps, ce sont de grandes filles qui Ă©taient excisĂ©es pour se prĂ©parer Ă la vie conjugale dont le tout Ă©tait couronnĂ© par de grandes fĂȘtes, de nos jours, ce sont de petites filles dont lâĂąge varie entre deux et dix ans qui en sont victimes. Les auteurs de ces actes sont le plus souvent les gĂ©niteurs mĂȘmes ou des parents trĂšs proches des fillettes.
Plusieurs facteurs contribuent à la persistance du phénomÚne. Ce sont entre autres le poids de la tradition et la croyance religieuse.
Fatoumata Bah, une mĂšre de famille que nous avons interrogĂ©e nous a confiĂ© quâaucune raison ne lâempĂȘcherait de faire exciser ses filles.
« Moi je vais faire exciser mes deux filles parce que leurs sĆurs sont excisĂ©es, câest ce que jâai vu mes parents faire. Je lâai subie, ça ne mâa rien fait, mes grandes filles aussi nâont eu aucun mal, ce nâest ^pas ce que des personnes qui se font europĂ©ens me disent qui vont mâempĂȘcher de le faire. Je suis africaine et je respecteraiâŠÂ » martĂšle-t-elle, visiblement trĂšs irritĂ©e par la question.
Pour mettre Ă exĂ©cution leur besogne, les parents font recours aux sages-femmes et aux matrones. Cependant dans les structures sanitaires de la place, les personnels affirment tous avoir mis une croix sur lâexcision.
« A lâhĂŽpital ici, cela fait plusieurs annĂ©es quâon ne pratique pas lâexcision, câest formellement interdit » affirme Dr M.Camara de lâhĂŽpital prĂ©fectoral.
Les exciseuses ont trouvĂ© un autre moyen plus discret pour continuer Ă faire des recettes sans attirer lâattention des observateurs.
« Les exciseuses ne le font plus Ă lâhĂŽpital, elles le font Ă domicile. Elles reçoivent les fillettes Ă lâaube ou au crĂ©puscule, dans le noir. Elles le font discrĂštement dans des maisons hermĂ©tiquement fermĂ©es. AprĂšs les parents paient entre 50.000 et 70.000 fg par personne et habillent correctement les fillettes comme si rien ne sâest passĂ©. Pour les pansements aussi, ils attendent la nuit… » tĂ©moigne Mariama Bangoura.
Selon les derniĂšres statistiques fournies par UNICEF, en GuinĂ©e, 96% des femmes ont subi une excision, ce qui fait de ce pays le deuxiĂšme pays au monde oĂč se pratique la mutilation gĂ©nitale.
Pourtant l’article 407 du Code de lâEnfant GuinĂ©en punit de trois mois Ă deux ans de prison et de 300 000 Ă 1.000.000 GNF dâamende, toute personne qui participe Ă la mutilation dâun enfant et la peine peut aller de 5 ans Ă 20 ans dâemprisonnement si lâenfant meurt.
Depuis l’interdiction de l’excision en GuinĂ©e, aucune personne nâest pour le moment inquiĂ©tĂ©e pour cause de participation Ă une mutilation gĂ©nitale fĂ©minine Ă Fria.
Djénabou Diallo