Fria/Mariage forcé: une jeune fille attachée, sauvagement battue et blessée par son frère

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Décidément tous les appels lancés par les organisations de défense des droits de l’homme ne tombent pas dans les oreilles de certaines personnes.

En tout cas c’est ce que laissent croire, les multiples violences dont les femmes et les jeunes filles sont victimes dans notre société.

A Fria, ville minière située a 160 km de la capitale, les violences faites aux femmes sont devenues récurrentes ces derniers temps. Il ne se passe pas une semaine, sans qu’une personne du sexe féminin n’en subisse une. Le dernier cas remonte au mardi dernier où une jeune fille de quinze ans  a subi la colère de sa famille.

Kadiatou Bangoura,  alitée à l’hôpital préfectoral explique que son frère l’a battue parce qu’elle a refusé de rester chez son mari.

« Le 2 septembre, ma famille a célébré mon mariage sans mon consentement parce que je leur avait déjà dit que je ne suis pas prête à me marier, je veux continuer mes études. Mais mon père et ma mère ont dit que mon avis ne compte pas, je dois me marier et c’est tout. Malgré que je ne mangeais et ne dormais presque plus, ils ont célébré le mariage avec un homme qui a 38 ans, marié et père de quatre enfants et qui habite à Conakry. Apres le mariage religieux et coutumier, je suis restée une semaine chez la sœur de mon soi-disant mari, après elle m’a accompagnée à Conakry chez son frère. Il m’a logée dans une chambre entrer-coucher dans l’annexe, sa femme et ses enfants sont dans une grande maison et moi j’étais à part. Deux jours après mon arrivée, il m’a dit que le lendemain, je devais commencer à jouer mon rôle de femme. Je lui ai demandé comment je vais jouer ce rôle, il m’a dit que je dois aller au marché, faire la cuisine, laver ses habits et dormir avec lui. Je lui ai dit que je peux faire tout sauf dormir avec lui parce que je ne suis pas habituée à cela, il m’a dit que petit à petit je vais m’habituer. Le matin, il est venu me donner 25.000 Fg pour la popote, j’ai fait le marché et la cuisine pour toute la famille. Apres le journal de 20H 30, il est rentré se coucher sur mon lit, il m’a dit de me déshabiller, je lui ai dit non, il m’a tiré de force vers lui, il a voulu coucher avec moi, mais j’ai crié fort, il m’a laissée ce jour là. Il m’a menacé en disant que s’il revient le lendemain, il va coucher avec moi de gré ou de force. Le matin quand il est sorti, moi aussi j’ai pris mes habits j’ai quitté sa maison, comme j’avais un peu d’argent, je me suis retournée a Fria. A mon arrivée, mes parents ont dit que je ne rentrerai pas dans leur maison, je dois retourner chez mon mari. Je suis allée me réfugier chez la mère de ma copine. Celle-ci ayant eu peur de me garder trop longtemps, m’a accompagnée chez nous hier soir, elle a beaucoup plaidé pour moi, elle a essayé de faire comprendre a ma famille qu’elle ne doit pas me forcer. Mes parents ont fait semblant de la comprendre, mais des qu’elle est partie, mon père a dit a mon grand-frère, que s’il est un homme, en tant que premier fils de la famille, c’est lui qui doit me corriger. Mon père est sorti, mes frères m’ont fait entrer dans la maison, mon petit frère a donné le fil à mon grand-frère, ce dernier m’a attaché, il m’a frappé avec le fil, j’ai des blessures un peu partout. Un voisin est venu plaider mais il n’a pas accepté, ma maman est venue voir ce qu’on me fait, elle n’a rien dit. Ce matin aucun membre de ma famille ne s’est intéressé à moi malgré mes plaies, c’est pourquoi moi aussi je suis venue informer les gens pour qu’on me vienne en aide » a expliqué la jeune fille, s’exprimant difficilement.

Aux dernières nouvelles, la jeune Kadiatou a quitté l’hôpital dès après le passage de notre reporter. Selon une voisine qui a requis l’anonymat, la fuite de la fille serait due aux menaces de sa famille.

« Dès que quelqu’un a dit aux parents que leur fille a échangé avec les journalistes, son père est venu la menacer en lui disant que quoi qu’elle fasse, elle doit retourner chez son mari ou mourir parce qu’elle ne peut pas s’opposer à la tradition. Quand sa perfusion est finie, elle a tout débranché et est sortie. On ne sait pas où elle se trouve mais en quittant la cabine, elle aurait dit à celle qui était dans l’autre lit que si son père insiste, elle préférerait s’en aller pour toujours ou se suicider parce qu’il n’est pas question pour elle, de se marier à cet âge, pire encore à cet homme qu’elle considère comme un bourreau » a-t-elle confié.

Les parents quant à eux, sans aucune crainte, restent droits dans leurs bottes et se disent déterminés à sanctionner cette fille qui pour eux, veut mettre la honte sur la famille.

Il faut rappeler que depuis 2012, année à laquelle une jeune fille de 16 ans a succombé à ses blessures suite à une bastonnade pour avoir refusé de se soumettre au mariage forcé, une dizaine de filles ont fugué pour échapper aux supplices du fouet. Certaines sont allées dans la capitale Conakry et d’autres ont migré vers des horizons inconnues.

Et depuis, de multiples appels sont lancés pour mettre fin à ce fléau mais en vain. Et pour cause, l’indifférence totale des autorités qui ne mènent et ne soutiennent aucune action de lutte contre ces violences. Elles se rangent plutôt du côté des parents pour disent-elles, conserver les coutumes et traditions que les jeunes d’aujourd’hui veulent ’’boycotter’’.

Au moment où nous mettions cet article en ligne, la destination de Kadiatou Bangoura est toujours inconnue mais elle reste activement recherchée par ses parents pour la ramener dans son foyer.

Djénabou  Diallo pour friaguinee.net

Tel: 224 628 286 744

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