Selon les procureurs, elle a passé une grande partie de son enfance à travailler sans rémunération pour une famille puissante et branchée sur le plan politique, maltraitée et isolée du monde extérieur.
Déracinée de sa propre famille dans un village africain rural, la jeune fille a été forcée de travailler comme esclave pour le couple riche de Southlake pendant plus de 15 ans, selon les procureurs. Maintenant, elle aura l’occasion de parler lors du procès de ses tourmenteurs présumés: Mohamed Touré et Denise Florence Cros-Touré.
Le procès s’est ouvert vendredi avec le témoignage de l’évasion dramatique de la victime en août 2016 du domicile de la famille Touré, avec l’aide d’anciens voisins.
« Elle ressemblait à quelqu’un qui l’a jetée d’un bus », a déclaré Bridget Ajufo, une ancienne voisine qui a accueilli la victime et qui l’aide depuis ce moment-là. « Elle avait juste l’air triste … comme si elle n’avait aucun espoir. »
Ajufo, le premier témoin du gouvernement, a déclaré qu’elle avait essayé de faire entrer la fille dans une école spéciale vers 2003, alors qu’elle vivait près de la famille Touré à Southlake. Mais son plan pour aider la petite fille silencieuse et échevelée a échoué à cause de Cros-Touré, a-t-elle déclaré. En dépit de ses tentatives, Ajufo n’a jamais été en mesure de parler en privé avec la fille dont les cheveux, dit Ajufo, « était toujours emmêlée et négligée ».
Les jurés ont également entendu un point de vue différent vendredi lors du procès fédéral à Fort Worth devant le juge de district américain Reed O’Connor. Les avocats de la défense ont déclaré que leurs clients ne gardaient pas la fille contre son gré ni ne la forçaient à travailler pour eux. Elle possédait son propre téléphone et utilisait les médias sociaux comme Instagram et Twitter « jour après jour », a déclaré l’avocat de la défense David Finn. « Elle poste comme Kim Kardashian sur Internet », a déclaré Finn. La victime, appelée D.D. dans les archives judiciaires, est né en Guinée occidentale, pays d’Afrique de l’Ouest. Son âge n’est pas clair. Touré et Cros-Touré ne savaient ni ne reconnaissaient son anniversaire, ont déclaré les procureurs. Elle est maintenant une adulte qui vit avec Ajufo dans sa maison de banlieue de Houston et travaille chez Macy’s. Elle devrait témoigner lors du procès. Touré et Cros-Touré, tous deux âgés de 57 ans, sont accusés de travail forcé, hébergeant un étranger à des fins lucratives, complot en vue de le faire forcer et complot visant à héberger un étranger à des fins lucratives. Ils ont été arrêtés en avril dernier et sont en détention à domicile depuis lors. Touré et Cros-Touré risquent chacun jusqu’à 20 ans de prison s’ils sont reconnus coupables de travaux forcés, les accusations les plus graves. Touré est également accusé d’avoir fait de fausses déclarations à des agents fédéraux en disant qu’il avait tenté d’adopter la jeune fille, selon l’acte d’accusation.Déséquilibre de puissanceLe couple, tous deux guinéens, a obtenu l’asile aux États-Unis en 2000, selon des documents judiciaires. Touré est le fils de l’ancien président guinéen Ahmed Sekou Touré, qui a occupé ce poste pendant 26 ans. Le père de Cros-Touré était le secrétaire d’État du pays. Cette « dynamique de pouvoir » entre « une famille riche et politiquement puissante en Guinée » et une fille pauvre d’un village rural de cette nation explique à quel point elle a été opprimée pendant si longtemps, Rebekah J. Bailey, avocate au procès à Washington La division des droits civils du ministère de la Justice a écrit devant un tribunal. Parce que le couple a privé la fille d’éducation, de soins médicaux et d’interactions sociales normales, elle s’est sentie obligée de continuer à travailler pour elles, a déclaré le gouvernement. La victime craignait également un « préjudice grave », ont déclaré les procureurs. Les procureurs disent que le couple a traité la fille de manière très différente de celle de leurs cinq enfants. Ils l’ont agressée physiquement, verbalement et émotionnellement, selon des documents judiciaires. Elle a dormi par terre. Et le couple l’a socialement isolée en la cachant chez elle et en limitant le nombre de contacts qu’elle pourrait avoir avec sa famille en Guinée, selon les procureurs.
En guise de punition, Cros-Touré l’a parfois expulsée de la maison et elle passait la nuit dans le parc du Bicentennial voisin, selon le dossier judiciaire. Le gouvernement dit qu’il a des enregistrements de Cros-Touré qui ont été pris par la victime en 2016. Dans un enregistrement, Cros-Touré dit à la victime: « Vous êtes chez moi jusqu’à ce que vous montiez dans l’avion. Vous devez travailler dans cette maison … tu es venu pour ça. » Brady Wyatt, un avocat de Mohamed Touré, a déclaré aux jurés lors de sa déclaration liminaire que son client n’était « pas une personne au pouvoir » et qu’il n’avait aucune influence sur le gouvernement actuel de Guinée. Si le couple était puissant, ils vivraient en Guinée, a-t-il déclaré. La jeune fille vivait dans une « grande maison » au Texas, a-t-il déclaré à des jurés. « Elle avait le loisir d’entrer et de sortir », a déclaré Wyatt. Ce n’est pas parce qu’il ya des tâches ménagères à la maison que les travaux forcés ont été forcés, at-il dit aux jurés. Envoyé en Amérique Les archives de la Cour fédérale, y compris la plainte pénale et le procès-verbal du gouvernement, expliquent comment la victime s’est retrouvée à Southlake et comment elle a passé ses journées. La victime est née dans un village rural de Guinée et vivait dans une hutte de boue. En 1998, les parents de Cros-Touré ont fait en sorte que la fille travaille comme femme de ménage à Conakry, capitale de la Guinée. Elle travaillait sans salaire aux côtés de deux autres filles, faisant la cuisine et le ménage à la maison. En janvier 2000, quelqu’un l’a emmenée dans un aéroport et elle a été placée dans un vol, seule, à destination des États-Unis. Elle ne parlait pas anglais et voyageait avec un visa de touriste. Cela n’a jamais été renouvelé. Selon les dossiers de la cour, Mohamed Touré l’a prise à l’aéroport international de Dallas-Fort Worth et l’a conduite chez lui à Southlake. Elle fut bientôt mise au travail.
Elle prépara le petit-déjeuner pour les cinq enfants Touré. Et après qu’ils soient allés à l’école, elle a commencé à «nettoyer, faire les lits, passer l’aspirateur, cuisiner et jardiner». Elle a continué à travailler jusqu’à ce que les enfants soient couchés. Les documents de la cour indiquent que les voisins l’ont parfois vue accompagner les enfants à l’école, peindre la maison et tondre la pelouse. Certains pensaient qu’elle était la nounou du couple. On a dit à d’autres qu’elle était leur nièce. Bien qu’elle ait préparé la plupart des repas, la victime n’était pas autorisée à s’asseoir et à manger avec la famille à moins d’y être invitée. Quand elle ne travaillait pas assez vite, ou si elle était prise en train de dessiner au lieu de nettoyer, par exemple, la jeune fille était battue – avec les mains, la ceinture et le cordon électrique, selon les archives du tribunal. Un jour, alors que la jeune fille tombait à la tâche, Cros-Touré lui arracha une boucle d’oreille au lobe de l’oreille. Les cicatrices que la fille a montrées aux enquêteurs ont corroboré ses allégations d’abus répétés. En février 2016, la victime s’est enfuie après avoir été battue à Cros-Touré et est restée quelques jours chez des voisins, selon les registres. Elle est retournée chez les Touré et a enregistré la réaction de colère de Cros-Touré face à sa disparition. « Vous voulez aller dormir dans le parc? Vous pensez que quelqu’un va vous chercher? Regardez. Regardez », dit Cros-Touré sur l’enregistrement. « Va vivre dans le parc. Si tu es tué, je ne te donne pas de [juron]. Je ne te connais pas. Si tu te fais violer, je m’en fiche. »
Échapper
En août 2016, la victime a sollicité l’aide d’un ancien ami de la famille, selon le dossier du gouvernement. L’ami a appelé d’autres anciens voisins, qui ont tous convenu qu’elle devait partir. Ils ont élaboré un plan, selon les archives de la cour. Lors de son témoignage vendredi, Ajufo a déclaré avoir été choquée lorsqu’elle a parlé au téléphone avec la victime en 2016, qu’elle n’avait ni vu ni parlé depuis le départ d’Ajufo, en 2005. La victime était « très angoissée » et avait l’intention de se suicider , Dit Ajufo, sa voix se brisant d’émotion. La victime a quitté le domicile de Southlake avec certaines de ses affaires, ses documents de voyage périmés et des photographies. Une des filles d’Ajufo est venue la chercher et l’a conduite chez elle, à Woodlands, à l’extérieur de Houston, a-t-elle déclaré. « Ne pas l’aider n’était pas une option », a déclaré Ajufo lors de son témoignage. Quelques cheveux de la victime semblaient avoir été arrachés lorsqu’elle est arrivée chez Ajufo, a-t-elle dit. Ajufo a déclaré qu’elle faisait instruire la victime et que ses compétences en lecture et en écriture s’amélioraient. Son statut d’immigration est dans les « limbes » jusqu’à la fin du procès, a déclaré Ajufo au cours du contre-interrogatoirLors de son contre-interrogatoire, Finn, l’avocat de la défense, a posé une question à Ajufo: « Est-il possible que [la victime] vous ait joué? » Ajufo a dit non. Un autre avocat du couple, Scott H. Palmer, a déclaré que la plainte pénale contre ses clients « est criblée d’allégations salaces, de fabrications et de mensonges ». Palmer a déclaré que la victime avait été traitée comme un membre de la famille et devait donc accomplir des tâches ménagères et s’acquitter d’autres tâches. Ils lui ont donné des vêtements, de la nourriture, un lit, de l’argent et des cadeaux de Noël, a-t-il déclaré. Lorsque la jeune fille avait besoin d’aide médicale, celle-ci lui était « mise à sa disposition », selon un dossier déposé par un tribunal de la défense. Palmer a déclaré que l’équipe de la défense dévoilera « la motivation de cette femme à mentir, trahir et tenter de détruire la famille qui l’a accueillie à la demande de son père pour une vie meilleure aux États-Unis ».
Source: dallasnews.com
