Les transporteurs de la commune urbaine de Boké ont fait le tour de la ville ce mardi matin pour exprimer leur mécontentement face à une décision du conseil communal.
Ils reprochent à ce dernier de vouloir leur imposer un comité de gestion de la gare routière, composé de conseillers communaux.
Pour le secrétaire général du syndicat des transports et mécanique général de Boké, cette décision qu’il qualifie de jamais vu en République de Guinée, ne passera et se dit prêt à en découdre avec la Mairie.
« La Mairie nous a envoyé une lettre hier pour nous informer que ce matin, elle va procéder à une passation de service entre nous et une équipe de la commune, quelque chose qu’on a jamais vu en République en Guinée. Dire que les marchés et les gares routières seront gérés par les conseillers, on n’a jamais vu ça et on ne va pas l’accepter. Ils ne peuvent pas nous imposer cela, les autorités sont là pour nous départager. Si ça ne va pas à Boké, on ira ailleurs » a déclaré Ousmane Dem.
A la Mairie de Boké, on s’apprête au bras de fer car pour elle, la loi l’autorise à mettre en place un comité de gestion provisoire si elle constate que ses infrastructures économiques notamment les gares routières et les marchés ne sont pas convenablement gérés par le détenteur du contrat. D’ailleurs, un conseiller communal soutient que le contrat de gestion de la gare routière a été scellé entre l’ancien conseil communal et l’union locale des transporteurs à raison de 6 millions de taxes par mois. C’est après avoir constaté que non seulement ce montant est minime par rapport aux recettes qu’engrange la gare routière, mais aussi l’irrégularité du paiement de ce montant, qu’une décision a été prise.
« A l’arrivée de ce conseil communal, nous avons fait un état des lieux par rapport aux versements des taxes parce que les gens doivent comprendre que les gares routières appartiennent aux collectivités, ce sont les collectivités qui mettent en location. En ce qui concerne la gare routière de Boké, nos prédécesseurs ont fait un contrat avec l’union des transporteurs, pas avec le syndicat. C’est l’union qui devait verser les taxes au niveau de la commune à la fin de chaque mois, à hauteur de 6 millions. Lorsqu’on a fait le constat qu’il y a plus de deux ans que ces taxes n’étaient pas versées au niveau de la commune. Nous avons cherché à savoir le pourquoi et l’union des transporteurs nous a fait savoir qu’elle utilisait ces montants pour construire des latrines publiques au sein de la gare routière mais nous avons dit que toutes les taxes ne peuvent pas être utilisées là-bas pendant deux à trois ans. Cela prouve déjà la manière de gestion de la chose publique. Sur ce, au moment de notre première session ordinaire où on devait voter le budget 2019, dans le contrat il était prévu 6 millions, quand on a fait l’état des lieux, nous avons décidé de revoir il y a combien de lignes au niveau de Boké, au niveau de chaque ligne combien rentrait et finalement on a compris qu’il y a des gros montants qui sortaient au niveau des gares routières. Le conseil communal de discussion en discussion, a voté à l’unanimité que pour l’ensemble des trois gares routières de Boké, l’union des transporteurs paie 50 millions par mois » affirme Mafouz Sow, conseiller communal.
Cette décision du conseil communal, transmise à l’Union locale des transporteurs au mois de mars, est restée sans suite. C’est pourquoi, selon Mafouz Sow, le contrat a été résiliée, un appel d’offre lancé et comité provisoire de gestion mis en place.
« Depuis le mois de mars, nous essayons de négocier avec les détenteurs du contrat afin de discuter sur le montant parce que c’est un montant fixé, celui qui veut gérer la chose, fait lui aussi sa proposition ; nous leur avons aussi mis en garde de payer les arriérés. C’est là qu’on ne s’est pas compris, ils ont dit qu’ils ne sont pas prêts à payer les 50 millions, ils ne peuvent pas rembourser les dettes ; la commune aussi dit ne pas être prête à accepter cela. Comme c’est pour la commune, la commune a décidé d’écrire une lettre de résiliation du contrat, ils n’ont pas réagi jusqu’à la rédaction d’une deuxième lettre de confirmation de la résiliation du contrat. Suite à cela, la loi autorise la commune à élaborer un dossier d’appel d’offre. Nous sommes entrain d’élaborer ce dossier où chaque citoyen peut présenter sa candidature. En attendant, selon la loi, la commune peut mettre en place un comité provisoire de gestion. Le dossier d’appel d’offre devait être lancé aujourd’hui mardi et un comité provisoire de gestion a été mise en place sur arrêté du Maire de la commune, donc le comité de gestion devait prendre fonction aujourd’hui. A la dernière minute, on apprend que le syndicat des transporteurs n’est pas d’accord avec cette décision, et qu’il y a une manifestation à travers la ville pour résister contre la décision de la commune » ajoute-t-il avant de préciser que la commune ne compte pas lâcher prise.
« La commune va suivre la procédure normale, elle a transmis les décisions adoptées alors de sa dernière session à la préfecture qui est entrain d’achever en ce moment même l’examen de tout ce qui a été proposé là-bas et après ça on passera par la loi. On ira jusqu’au bout, un comité de gestion sera mis en place, un appel d’offre sera lancé et celui qui aura la chance de remporter la gestion de la gare routière va s’en occuper. Quel que soit ce qui va se passer comme mouvement en ville, finalement c’est ça ! » conclut le conseiller communal.
De la Mairie et du Syndicat, en faveur de qui la préfecture tranchera-t-elle ? Les prochains jours nous édifierons !
De Boké, Aboubacar Finance Barry pour friaguinee.net