Organisé par la structure Vision Large, le grand concours jeune entrepreneur, en sa première édition en Guinée a connu la participation de 218 candidats issus de toutes les régions administratives du pays.
A l’issu des présélections, 26 projets sont retenus pour la finale de ce concours qui a pour but d’aider les jeunes porteurs de projet des huit régions administratives à accéder au financement à travers un concours télévisé.
Parmi les projets retenus, figure celui d’une jeune femme de la cité de l’alumine. La start-up AGRIMINES est retenue en compagnie de deux autres, au compte de la région de Boké.
AGRIMINES est une activité sociale et solidaire qui a pour mission principale de produire la bauxite verte à côté de la bauxite rouge.
S’inspirant de la crise qui a miné la ville de Fria à travers l’arrêt de l’usine, la porteuse de ce projet, ambitionne de promouvoir l’agriculture dans les zones minières.
« Je fais la promotion de l’agriculture dans les zones minières, précisément dans la région de Boké, mais nous voulons faire le démarrage dans la préfecture de Fria. L’idée de mon projet est née pendant la période de crise, j’ai constaté que la vie de la population dépendait de l’usine, c’est pourquoi la fermeture a eu un impact négatif sur la population. J’ai pensé à une autre activité qui pourrait être une alternative, qui pourrait préparer la population à l’après mines parce que ces mines vont finir tôt ou tard, alors que l’agriculture elle, ne finira jamais car le monde a commencé par elle et finira par elle. Ce n’est pas tout le monde qui est habilité à travailler dans les mines, parce qu’il faut avoir un certain niveau d’études, alors que l’agriculture, tout le monde peut y travailler, on n’a pas besoin de diplôme » explique Salématou Naby Bangoura.
Diplômée en droits et relations internationales de l’Université Nongo Conakry, Salématou est née dans l’agriculture et y a grandi grâce à l’implication de sa chère mère Fatou Fama dans cette activité, une dame qui est par ailleurs, la présidente de la chambre préfectorale de l’agriculture.
Pour la jeune entrepreneure, produire la ‘’Bauxite verte’’ à côté de la rouge, va non seulement permettre de sceller des partenariats avec les sociétés minières, mais aussi de créer des emplois directs et indirects en misant sur les jeunes et les femmes.
« Bauxite verte parce que la couleur du paysage agropastorale est verte. Si ces deux bauxites sont produites ici à Fria, ce serait très important pour la population. Nous pouvons créer un partenariat gagnant gagnant avec les sociétés minières, lorsque nous produisons, elles vont être nos principales clientes. Nous comptons mettre en place un système innovant de production et de distribution de fruits et légumes en misant sur les jeunes et femmes agriculteurs qui ne peuvent pas travailler dans les mines, et même ceux qui peuvent travailler dans les mines, peuvent aussi travailler avec nous. Nous allons créer une plateforme d’échanges entre le monde minier et la population impactée, pour qu’il y ait un lien entre les responsables des sociétés minières et nous, pour leur faire comprendre jusqu’à quel point, les populations sont impactées à travers la pollution de l’environnement » ajoute la promotrice d’AGRIMINES, avant d’inviter les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat.
« Les femmes doivent chercher à être autonomes, elles doivent faire une prise de conscience en se disant que l’avenir de leurs foyers et celui de la communauté ne dépendent pas que des hommes, tout ce que l’homme peut faire, la femme aussi peut le faire. Etre femme n’est pas un handicap, la femme peut être autonome en faisant recours à l’entreprenariat. Pour être entrepreneur, il ne faut pas se dire qu’il faut être sortant d’une grande école, même en étant illettrée, on peut créer son entreprise. Je prends l’exemple sur ma maman qui n’a pas été à l’école mais qui est aujourd’hui la seule femme présidente d’une chambre préfectorale de commerce en Guinée. C’est elle mon modèle, je veux partir de ses faiblesses pour construire mon mérite » a conclu la jeune entrepreneure qui compte mettre en place 25 fermes avicoles dans le bassin minier de la région de Boké lorsque le chiffre d’affaires de son entreprise sera plus important.
Djénabou Batco Diallo pour friaguinee.net
