« Devrais-je continuer à vivre ou me suicider ? Ma vie n’a plus aucun sens avec ces multitudes de menaces que je continue de subir. La mort est mieux que la vie pour moi aujourd’hui. Si je n’obtiens pas justice, je n’aurais plus aucune raison d’exister »
Tels sont les propos de dame X, victime de viol selon elle au camp d’infanterie militaire de Siguiri, ville du nord-est de la Guinée dans la région administrative de Kankan.
Les faits remontent au mois de mai dernier, au premier jour du mois saint de ramadan. Opposée à la petite sœur d’un responsable de ce camp, elle aurait porté plainte à la gendarmerie de la Ville.
Avec la pression des responsables militaires, le dossier se serait retrouvé au camp avec obligation pour elle de s’y rendre.
Conduite de force et maintenue sur les lieux jusqu’à des heures tardives, elle aurait été assommée et violée par six personnes avant d’être jetée dehors aux alentours de 3h du matin.
La scène a malheureusement été filmée et les auteurs auraient poussé le cynisme jusqu’à lui remettre la vidéo de son viol collectif, la menaçant de la rendre publique si elle n’abandonnait pas ses poursuites contre la sœur du colonel.
Depuis cet acte, Dame X, mère de 3 enfants ne se sent plus en sécurité. Elle est sans cesse menacée et persécutée dans sa ville natale avec sa famille, parfois par certaines autorités qui estiment qu’elle ne devrait pas se plaindre, à plus forte raison en parler dans les médias.
Nous activistes de la société civile ici présent (es) voulons savoir ce qui s’est réellement passé dans cette affaire. Nous demandons par conséquent une enquête sérieuse à partir du moment où des autorités militaires ont été citées dans ce dossier et que les faits se seraient déroulés dans un camp du territoire de la République de Guinée. Surtout que les réformes menées dans le secteur de défense et de la sécurité ont permis de mettre en place le tribunal militaire.
Nous rappelons que le viol est un crime prévu et condamné par le code pénal guinéen en ces articles 268, 269 et 270.
Pour savoir ce qui s’est réellement passé dans cette affaire nous envisageons de faire un sit-in devant le ministère de la défense nationale, le jeudi, 12 décembre 2019. Ce sit-in a pour but d’interpeller les autorites militaires en vue dube prise en charge rapide du dossier.
A l’issue de cette démarche, si rien n’est fait, nous nous réservons le droit de porter plainte contre l’État devant la cour de justice de la CEDEAO, pour d’une part, négligence et non protection de personne en danger et d’autre part pour réclamer justice pour Dame X.
Signé : le collectif des ONG pour la dignité de la dame victime de viol à Siguiri