Entre Washington et Téhéran, les tensions sont vives. Après la mort du général Qassem Soleimani, commandant de la force d’élite Al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) d’Iran, tué dans une frappe menée par les forces américaines, Gholamali Abuhamzeh, un commandant du CGRI a déclaré qu’environ 35 cibles américaines dans la région ainsi que Tel Aviv en Israël étaient à leur portée. Le président américain Donald Trump a, à son tour, annoncé que son pays avait sélectionné 52 sites en Iran susceptibles d’être frappés très rapidement et très durement si Téhéran décidait de venger l’assassinat ciblé de Qassem Soleimani.
Les contradictions entre les Etats-Unis et l’Iran sont à nouveau entrées dans un cercle vicieuxde montée en spirale, ce qui ne peut que logiquement inquiéter la communauté internationale: des décisions impulsives et à courte vue feront exploser à tout moment le « baril de poudre »du Moyen-Orient.
Les relations inharmonieuses entre les Etats-Unis et l’Iran remontent loin dans l’histoire. L’assassinat du général Soleimani est devenu la dernière fissure sur le mur dangereux des relations des deux pays. Comment faire baisser la pression de l’opinion publique en garantissant les intérêts fondamentaux du pays et de la nation, c’est le défi majeur auquel est confrontée la République islamique d’Iran.
A plusieurs occasions, l’histoire ne cesse de nous prouver que le recours unilatéral à la force et à des pressions extrêmes n’accouche que d’une souris. Depuis l’installation du chaos en Asie occidentale et en Afrique du Nord, des agitations restent toujours persistantes au Moyen-Orient et dans la région du Golf. Certaines forces armées antigouvernementales soutenues par des pays occidentaux se sont sauvagement développées en marge de l’ordre mondial, devenant de plus en plus extrêmes et terroristes. L’émergence de l’organisation extrémiste « Etat islamique » est une belle illustration de l’échec de la politique antiterroriste made in USA.
C’est dans ce contexte que l’Iran, allié important de la Syrie, a renforcé sa coopération antiterroriste avec le gouvernement syrien et autres forces de divers pays. Et l’occasion était bonne pour l’Iran d’accroître son influence dans la région géopolitiqueappelée « croissant chiite ». La force d’élite Al-Qods du CGRI est la principale force dans le processus d’expansion de l’Iran et est considérée comme une organisation capable de défier les intérêts américains. En avril 2019, les Etats-Unis ont classé le CGRI, force armée d’un pays souverain, sur la liste des organisations terroristes, afin d’augmenter la portée et l’intensité des pressions extrêmes sur l’Iran, ce qui a conduit à de nouvelles tensions dans les relations américano-iraniennes.
D’autre part, l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015 entre l’Iran et les six pays liés à la question nucléaire iranienne (les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie, la Chine et l’Allemagne) a fait marche arrière à la suite du retrait unilatéral des Etats-Unis de cet accord en mai 2018.
Après la mort de Qassem Soleimani, le gouvernement iranien a annoncé le 5 janvier que son pays renonçait à la dernière restriction clé contenue dans l’accord nucléaire, à savoir « la limitation du nombre de centrifugeuses ».
Cependant, comme l’a souligné un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, bien que contraint de réduire ses engagements du fait des facteurs externes, l’Iran a également fait preuve de retenue et a clairement exprimé sa volonté politique de mettre en œuvre complètement et efficacement cet accord international, sans violer ses obligations au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). L’accord de 2015 sur le nucléaire iranien a coûté tant d’efforts. Toutes les parties doivent rester calmes et se montrer rationnelles, aux fins de promouvoir l’apaisement dans la situation nucléaire iranienne, ainsi que dans la situation qui prévaut actuellement au Moyen-Orient.
Pendant ce temps, les appels au calme se multiplient. La Communauté internationale a appelé les Etats-Unis et l’Iran à faire preuve de retenue. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, par le biais de son porte-parole, a averti que « le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre du Golfe ». Les dirigeants français, allemand et britannique ont publié une déclaration conjointe sur la situation au Moyen-Orient. Le message est resté le même: la déclaration a appelé toutes les parties à adopter une attitude de retenue et de responsabilité pour apaiser les tensions. Il est dans l’intérêt commun de la communauté internationale d’atténuer les tensions le plus rapidement possible.
La situation au Moyen-Orient est extrêmement sensible et compliquée. Le recours aux moyens militaires et aux pressions maximales ne saura guère apporter des solutions à ce problème. Il est plus que temps pour toutes les parties concernées de mettre pleinement à profit leur sagesse politique, en défendant conjointement les buts et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies et en respectant les normes fondamentales des relations internationales. Les parties au conflit devront également, conjuguer des efforts pour sortir du cercle vicieux de la confrontation et revenir, dès que possible, à la voie du dialogue. Cela, pour éviter une nouvelle crise au Moyen-Orient et dans la région du Golfe.
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