Depuis la survenue de la crise qui a abouti à la fermeture de l’usine en 2012, plusieurs quartiers de la ville de Fria sont sevrés d’eau de robinet. La situation est alarmante dans les quartiers Aviation où s’approvisionner en eau potable est devenu un calvaire indescriptible pour les habitants.
Dans ces quartiers où les canaux de distribution d’eau de robinet n’existent presque pas, les puits traditionnels et les forages sont les seuls recours. Ainsi, ces points d’eau ne sont opérationnels à suffisance qu’en saison pluvieuse.
Cette année, comme les années précédentes, quelques mois seulement après la tombée des dernières pluies, les puits commencent à tarir, les forages sont en majeure partie en panne, ceux qui sont fonctionnels enregistrent de longues files de personnes qui parfois ne trouvent aucune goutte d’eau pour leurs ménages.
Cette situation, est un véritable casse-tête pour les centaines d’habitants de ces quartiers comme l’a témoigné Mamaissata Sylla au micro de friaguinee.net.
» Chaque année nous sommes confrontés à ces difficultés à Bowal. À partir du mois de février, nos puits sont à majorité vide d’eau . Nous avons des forages mais ils sont en panne, chez nous ici il n’y a qu’un seul forage qui fonctionne, si tu viens le matin dès fois tu peux rester jusqu’au soir pour avoir au moins 2 à 3 bidons d’eau. Quelque fois on se sent obligé d’acheter un bidon d’eau à 1000 francs guinéens alors qu’on ne peut pas avoir cet argent à tout moment. Difficilement on gagne nos dépenses quotidiennes, nos maris ne sont pas bien payés à l’usine, même avoir le prix d’un sac de riz est difficile, donc si on dit d’acheter l’eau aussi, on ne pourra pas même si la santé est menacée par endroit, nous sommes obligés de boire l’eau du forage » se lamente-t-elle.
Cette crise n’affecte pas que les activités des femmes en situation de ménage, c’est aussi un facteur qui joue négativement sur l’éducation des jeunes filles qui aident leurs mamans à faire des travaux ménagers avant de se rendre dans leurs établissement respectifs. C’est le cas de Mariama Djouldé Bah, élève de la 6ème année dans une école primaire de la place.
<< Moi je pars chaque jour en retard à l’école parce que chaque matin il me faut aider ma mère à faire les travaux ménagers; dès fois je me réveille à 4 heures du matin pour aller à la pompe mais compte tenu du nombre de personnes que je trouve là-bas, je reste jusqu’à 8 heures pour avoir de l’eau et, arrivée à l’école dès fois, ma maitresse n’accepte pas que je rentre en classe. Je suis vraiment consciente que cela a des conséquences négatives sur ma formation mais je n’ai pas le choix » regrette la jeune fille, avant d’interpeller l’État et les futurs députés.
» J’en appelle à l’assistance de l’État guinéen mais aussi aux futurs députés de Fria qui doivent savoir que ce sont là des sujets à débattre à l’Assemblée nationale » exhorte Mariama Djouldé Bah.
Pour relever le niveau de vie et réduire les risques de maladies hydriques, la problématique de l’accès des ménages à l’eau potable doit être une priorité pour les décideurs de ce pays.
Mohamed Kolya Bangoura pour friaguinee.net