Alors qu’au moins 37 personnes ont été tuées depuis octobre 2019 lors des manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC) en Guinée, l’appel à la mobilisation de toutes les unités de l’armée de terre par son chef d’État major risque de faire basculer le pays dans un cycle de violences et de répression incontrôlable. Étant données les violences commises par les militaires depuis des décennies dans le pays, et l’impunité dont ils ont toujours bénéficié – l’emblématique procès du 28 septembre 2009 n’a notamment toujours pas eu lieu -, la FIDH et ses organisations membres appellent le gouvernement à cantonner les forces armées dans leurs casernes et à prendre les mesures nécessaires pour endiguer les violences faites aux manifestants et cesser la répression des opposants.
Le message du 24 février du Chef d’État major de l’armée de terre, Pépé Roger SAGNO, mettant « toutes les unités de l’armée de terre en alerte à partir du mardi 25 février 2020 sur toute l’étendue du territoire national et cela jusqu’à nouvel ordre », et demandant à des unités militaires d’ « organiser des patrouilles diurnes et nocturnes » est un nouveau signe de l’escalade en cours, qui pourraitmenacer à terme l’unité et la paix dans le pays.
Ce message est intervenu une semaine avant l’organisation du référendum du 1er mars, qui vise àl’adoption d’une nouvelle Constitution ouvrant la possibilité d’un troisième mandat pour le Président Alpha Condé, au pouvoir depuis décembre 2010. En réaction, le FNDC appelle à de nouvelles journées de manifestations à partir d’aujourd’hui, jeudi 27 février.
« Étant donné l’impunité quasi totale accordée aux membres des forces armées guinéennes depuis des décennies, la mise en alerte et le déploiement des unités de l’armée de terre dans tout le pays ne peuvent qu’alimenter le cycle des violences et de répression. Notre message est clair : les militaires doivent rester dans les casernes et ne pas interférer dans la vie politique et la séquence électorale en cours, déjà très controversées » ajoute Drissa Traoré, Vice Président de la FIDH.