Le président américain a mis, mardi, sa menace à exécution en suspendant la contribution de son pays à l’Organisation mondiale de la santé, dont il critique la gestion de la pandémie de coronavirus. Ce « n’est pas le moment » a réagi le secrétaire général de l’ONU.
La menace flottait depuis quelques jours, Donald Trump l’a mise à exécution. Le président américain a annoncé, mardi 14 avril, la suspension de la contribution des États-Unis à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité » du Covid-19, a lancé Donald Trump dans un long et violent réquisitoire contre cette agence de l’ONU. « Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé le temps qu’une étude soit menée pour examiner le rôle de l’OMS dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus », a-t-il ajouté depuis les jardins de la Maison Blanche. L’étude, « très approfondie », pourrait durer de 60 à 90 jours.
Soulignant que les États-Unis contribuaient à hauteur de « 400 à 500 millions de dollars par an » à l’organisation, contre environ 40 millions de dollars « et même moins » pour la Chine, Donald Trump a estimé que son pays avait le devoir de réclamer des comptes.
« Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts », a-t-il martelé. « Nous avons eu des problèmes avec eux depuis des années », a-t-il encore dit.
« Pas le moment »
Ce « n’est pas le moment de réduire le financement des opérations de l’Organisation mondiale de la Santé ou de toute autre institution humanitaire combattant le virus », a réagi, mardi, le secrétaire général de l’ONU. « Ma conviction est que l’Organisation mondiale de la Santé doit être soutenue car elle est absolument essentielle aux efforts du monde pour gagner la guerre contre le Covid-19 », a ajouté Antonio Guterres, en réaffirmant qu’il serait toujours temps d’étudier par la suite « comment ont réagi tous ceux qui ont été impliqués dans la crise ».
Depuis plusieurs jours, l’administration Trump critique avec virulence l’attitude de l’agence onusienne basée à Genève, dénonçant en particulier ses prises de position à ses yeux trop favorables à Pékin. Washington déplore en particulier que ses propres mesures face à la crise, notamment la fermeture progressive de ses frontières, aient rencontré une « vive résistance » de la part de l’OMS, qui « a continué à saluer les dirigeants chinois pour leur ‘disposition à partager les informations' ».
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a affirmé, mardi, que les États-Unis voulaient « changer radicalement » le fonctionnement de l’organisation. « Par le passé, l’OMS a fait du bon boulot. Malheureusement, cette fois, elle n’a pas fait de son mieux, et nous devons faire en sorte de faire pression pour changer radicalement cela », a-t-il affirmé.
Plus conciliant vis-à-vis des gouverneurs
Après deux jours de baisse, les États-Unis ont enregistré mardi un sombre record avec plus de 2 200 morts supplémentaires du nouveau coronavirus en 24 heures, le plus lourd bilan journalier recensé par un pays, selon le comptage de l’université Johns-Hopkins. Cela porte le bilan américain à 25 757 morts au total.
Le président américain est resté évasif sur les conditions dans lesquelles il souhaitait que les États-Unis mettent progressivement en place le déconfinement. Après avoir eu des propos très autoritaires lundi, il a adopté un ton beaucoup plus conciliant vis-à-vis des gouverneurs. « Nous nous entendons tous très bien et nous voulons tous prendre les bonnes décisions », a-t-il lancé.
Andrew Cuomo, gouverneur de l’État de New York, avait vivement dénoncé, mardi matin, les propos du président selon lesquels il avait tout pouvoir d’ordonner le déconfinement dans les États. À ce jour, Donald Trump n’a d’ailleurs fait qu’émettre des recommandations de distanciation sociale jusqu’à fin avril.
Depuis plusieurs jours, sur les deux côtes des États-Unis, les gouverneurs se regroupent pour esquisser des réponses coordonnées. Désireux de marquer son territoire, Andrew Cuomo s’est fait encore plus explicite sur le poids qu’il accorderait à une éventuelle injonction présidentielle. « S’il me donnait l’ordre de rouvrir d’une manière, qui mettrait en danger la santé publique dans mon État, je ne le ferais pas », a-t-il déclaré, estimant que cela engendrerait un combat devant les tribunaux que les États-Unis ne pourraient se permettre dans le contexte actuel.
Avec AFP