Guinée/Covid-19: infectée alors qu’elle était enceinte de 8 mois, Moussa Yéro témoigne…

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J’ai été avec mes collègues du « collectif des Six contre la Covid – 19 » parmi les premières victimes de la maladie du nouveau coronavirus en Guinée au mois de mars dernier. L’OMS, vu la vitesse de propagation de la maladie et les milliers de morts en Chine et en Europe, déclarait alors la pandémie qui a surpris l’humanité, y compris le monde de la recherche.

L’annonce de ma maladie a créé un grand émoi au sein de l’opinion en Guinée et dans la diaspora. Dans ma famille, c’était la peur panique surtout du côté des parents qui n’avaient pas suffisamment d’informations sur cette nouvelle pathologie.

Pour être honnête, j’ai moi-même eu du mal à y croire. Cinq jours après avoir fait le test de dépistage avec mes collègues de l’émission ‘’Les GG’’, j’ai été appelée le jeudi, 02 avril par un de mes collègues pour m’annoncer la triste nouvelle. Il avait été joint par l’ANSS. Je venais de rentrer de la radio où j’ai présenté la grande édition d’information du soir. Quand il m’a annoncé mon statut, je lui ai demandé comment cela pouvait être possible, étant donné que je ne ressentais rien à part ma grippe habituelle qui ne me lâche presque plus et une perte totale d’odorat. Je lui ai simplement dit que je n’étais pas malade et qu’il a dû y avoir une erreur. Il a quand même réussi à me convaincre d’aller au centre de prise en charge de Donka le lendemain pour tirer les choses au clair. La vérité est que je fais partie, selon les médecins, de ces personnes dites asymptomatiques ; ces patients qui peuvent contracter, développer et propager la maladie sans s’en rendre compte. C’était très difficile pour moi en tant qu’épouse et mère de famille.

Ma situation a d’ailleurs fait cas d’école à cause de mon état. J’étais enceinte de huit mois et la première femme en état de famille dont devait s’occuper l’équipe de prise en charge. Le corps médical lui-même inquiet se demandait à quel traitement me soumettre. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas suivi le même protocole que les autres. On m’a donné un antibiotique pour éviter la surinfection. Ce qui a fait aussi que j’ai passé plus de temps à l’hôpital. Je suis sortie seulement après mon quatrième prélèvement. Trois semaines après mon admission au CTEPI, mon test s’est enfin révélé négatif.

De fait, ma plus grosse frayeur s’était focalisée sur le bébé que je portais. Comment allais-je m’en sortir ? Mon bébé sera-t-il affecté ou pas ? Je me suis posée tellement de questions ! Heureusement que les médecins ont réussi à me rassurer. Ils ont réussi à me convaincre que je ne devais surtout pas stresser, que tout allait bien se passer, que peu de bébés ou d’enfants ont développé jusque-là la covid-19 et que même s’ils contractaient la maladie, ils présentaient moins de risques de complications, si bien entendu la maladie est dépistée à temps. J’avais tout de même peur d’accoucher au centre d’épidémiologie, d’autant plus que j’avais entamé le neuvième mois de ma grossesse. Mon gynécologue Dr Ibrahima Baldé m’appelait régulièrement pour avoir des nouvelles et me suggérer la conduite à tenir. L’assurance m’a été donnée qu’en cas de problème, il était possible de le faire venir. Le service de prise en charge m’avait également proposé un autre gynécologue.

La sympathie que m’ont témoigné le corps médical (médecins, infirmiers / ères), les hygiénistes, les auditeurs et téléspectateurs du groupe Hadafo Médias, ainsi que certaines autorités politiques et de la société civile m’a permis de tenir le coup et de garder la sérénité jusqu’au bout.

Ai-je été chanceuse ? Peut-être, dirai-je. En tout cas mon accouchement s’est bien passé. J’ai donné naissance à une petite fille sans trop de complications, un mois après ma sortie du CTEPI de Donka.

Une chose est sûre et je l’ai comprise après avoir parlé à une patiente qui était dans la même situation que moi et qui demandait conseil. Elle a aussi vaincu la maladie. La Covid n’est pas invincible même pour les femmes enceintes. Cependant, la prudence doit-être de mise notamment le respect des gestes barrières (lavage des mains, distanciation sociale, port de masque) car chaque cas peut être différent. Certaines femmes dans le même état peuvent ne pas être asymptomatiques et avoir plus de complications. Il faut rester vigilant.

Pour protéger votre vie et celle de votre bébé :

– Respectez les gestes barrières édictées par les autorités sanitaires.

– Faites-vous dépister dès que vous entrez en contact avec des personnes malades.

– Faites-vous prendre en charge par les services spécialisés dès que vous êtes testée positive.

Moussa YéroBah ,

Journaliste/Activiste des Droits de l’homme

Présidente de l’ONG Femmes Développement et Droits Humains en Guinée

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