Pendant que la Guinée continue de dégringoler en matière de la liberté de la presse sur le classement monde du Reporters Sans Frontières (RSF), qui occupe la 110ème place sur 180 pays. Au même moment, l’Etat guinéen multiplie ses exactions contre les hommes de médias à travers la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DPJ) en lieu et place de la Haute Autorité de la Communication (HAC).
Depuis la promulgation de la loi sur la Cyber-sécurité, les juges ont volontairement rangé dans leur placard la loi portant sur la liberté de la presse en Guinée. Et pourtant, cette loi L037 sur la cyber-sécurité n’est pas opposable aux citoyens vue qu’elle n’a pas été publiée au journal officiel selon des hommes de droit. Pour les avocats, son utilisation est une violation fragrante des principes de base de la démocratie.
Mais que dit la loi L002, portant liberté de la presse en Guinée ?
La loi L02 ‘’exclut’’ quasiment l’emprisonnement des journalistes pour des délits commis dans l’exercice de leurs métiers en Guinée.
Pour faire tordre le cou à la loi et rendre des journalistes dans le silence, l’Etat guinéen trouve une machine de répression à travers la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DPJ) en complicité avec des juges gelés et corrompus pour fouler au sol les principes fondamentaux de la justice. Alors, à quoi sert le serment d’Hippocrate ?
Quel est le rôle de la Haute Autorité de la Communication (HAC) ?
Selon l’article 39 de la loi organique, la Haute Autorité de la Communication exerce à l’égard des médias du service public, privé et communautaire un droit de contrôle général. Et, l’article 40 souligne que lorsque les dispositions de la loi en matière de communication ne sont pas respectées, la HAC peut prendre les mesures suivantes : Avertissement ; Mise en demeure ; Suspension ; Retrait définitif. Cela est-il respecté envers les hommes de médias ?
Cette procédure est-il appliquée au regard de tout ce qui précède ?
Pour trouver les boucs émissaires, des juges guinéens ignorent carrément une loi organique à cause de leur intérêt égoïste et partisan. Car ils font de la justice guinéenne, une justice qui fonctionne à deux poids deux mesures. Pourtant, les journalistes eux aussi savent pertinemment qu’ils sont des citoyens guinéens et sujets de droit. C’est pourquoi, ils sont les premiers à demander à être jugés lorsque des plaintes sont introduites à leur encontre. Mais que cela soit appliqué selon la loi L002 qui encadre l’exercice de leur métier. Mais hélas !
Nommé par mégarde ou par inadvertance, 3 décembre 2019 dernier à la tête de la Directeur Centrale de la Police Judiciaire (DPJ), le commissaire divisionnaire Aboubacar Fabou Camara, est ce prototype de personne qui est prêt à tout pour servir ces bourreaux au détriment du pays. Il n’existera pas à jeter ses propres enfants dans la gueule du loup s’il le faut pour préserver sa place. Quel gâchis?
En tout cas, si rien n’est fait ce détritus policier risque de mettre l’unité nationale du pays en péril surtout qu’elle ne tienne qu’à un fil. A 7 mois de responsabilité à la tête de la DPJ, les plaintes se sont quasiment triplées contre des journalistes et des membres de la société civile guinéenne. Fabou a-t-il oublié sa mission entant que policier pendant que des bandits à col blanc continuent de déambuler tranquillement en Guinée où une insécurité galopante ravage le bas peuple ?
Au même moment, les vagues d’ennuis judiciaires se multiplient au sein de la presse. Entre autres, le cas d’Alpha Oumar Diallo du site aminata.com, placé sous contrôle judiciaire, Habib Marouane Camara de la radio nostalgie, Lansana Camara du site Conakrylive, toujours sous contrôle judiciaire après une période d’incarcération de plusieurs jours à la maison centrale de Conakry. Moussa Moise Sylla de la radio Espace fm, Mohamed Bangoura du site Mosaïqueguinee, et le cas Souleymane Diallo et Aboubakr, respectivement fondateur et directeur général de la radio lynx FM etc…
De nos jours, ils sont nombreux ces hommes de media qui se retrouvent à la DPJ sans aucune convocation, ni plainte. D’autre sont arrêtés en pleine nuit sans la moindre explication. D’ailleurs, « je me rappelle bien d’avoir passé 4 heures d’interrogatoire dans les locaux de la DPJ en 2016 sur une affaire bidon montée de toute pièce contre moi et mon Directeur de publication du site aminata.com ». Peut-on bâtir un Etat de droits sur l’obstruction et la violence des principes fondamentaux de la justice ?
En attendant, des journalistes continuent d’être arrêtés et emprisonnés de façon arbitraire par des cadres corrompus et arrogants qui se croient comme des demi-dieux de la Guinée. Alors, jusqu’où iront ces personnes sans foi ni loi dans un pays où la loi du talion règne en maitre absolu ?
Moussa Traoré, Journaliste et Analyste politique