Le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé lors d’une conférence de presse, mardi 11 août, que la Russie avait développé le « premier » vaccin contre le nouveau coronavirus. Une autorisation réglementaire de développement a été donnée par le ministère de la santé russe à l’Institut Nikolaï Gamaleïa, un centre de recherche d’Etat en épidémiologie et microbiologie situé à Moscou.
La vice-première ministre en charge des questions de santé, Tatiana Golikova, a dit espérer commencer dans les semaines à venir la vaccination des personnels médicaux, puis des enseignants. Le reste de la population devrait être vacciné à partir de sa mise en circulation, le 1er janvier 2021, selon le registre national des médicaments du ministère de la santé, consulté par les agences de presse russes.
Le vaccin a été baptisé « Spoutnik V » (V comme vaccin), en référence au satellite soviétique, premier engin spatial mis en orbite, a déclaré le président du fonds souverain russe impliqué dans son développement, Kirill Dmitriev. « Plus d’un milliard de doses » ont été précommandées par 20 pays étrangers, a affirmé M. Dmitriev, précisant que la phase 3 des essais commençait mercredi.
Essais cliniques encore en cours
Cette autorisation, qui intervient après moins de deux mois d’essais cliniques chez l’homme, ouvre la voie à l’utilisation à grande échelle de ce vaccin sur la population russe, même si les dernières phases des essais cliniques se poursuivent pour déterminer son innocuité et son efficacité. Et ce, contrairement aux dires du président russe, qui a déclaré lors de sa conférence de presse : « Je sais qu’il est très efficace, qu’il permet de développer une forte immunité et, je le répète, il a passé tous les tests nécessaires. » M. Poutine a également affirmé que le vaccin avait été administré à l’une de ses filles.
Le ministère de la santé a, pour sa part, affirmé que « des essais cliniques sur plusieurs milliers de personnes allaient continuer », mais que la double inoculation du vaccin « permet de former une immunité longue », pouvant durer « deux ans ».
Tests sur des scientifiques
Jusqu’ici, la Russie n’a pas publié d’étude détaillée des résultats de ses essais permettant d’établir l’efficacité des produits qu’elle dit avoir développés. Début août, alors que la Russie annonçait que son vaccin était presque prêt, l’OMS s’était montrée dubitative, rappelant que tout produit pharmaceutique devait « être soumis à tous les différents essais et tests avant d’être homologués pour leur déploiement » et soulignant l’importance du respect de « lignes directrices et directives claires » en matière de développement de vaccins.
Des scientifiques du centre Gamaleïa avaient été critiqués en mai pour s’être personnellement injecté leur prototype de vaccin, une méthode en rupture avec les protocoles habituels destinés à accélérer le processus scientifique au maximum.
Tentatives de piratage
Ce vaccin est à vecteur viral, c’est-à-dire qu’il utilise comme support un autre virus qui a été transformé et adapté pour combattre le Covid-19. Il utilise l’adénovirus, une technologie également choisie par l’université d’Oxford.
Mi-juillet, les services de renseignement britanniques, canadiens et américains avaient par ailleurs accusé leurs homologues russes d’avoir tenté de pirater plusieurs centres de recherche qui travaillent sur des vaccins contre le Covid-19 dans ces trois pays.
Un deuxième vaccin est en cours de conception au Centre étatique de recherches Vektor (en Sibérie) et fait également l’objet d’essais cliniques qui doivent être achevés en septembre.
AFP