Agé de 27 ans, Mamadou Pathé Bah a perdu l’usage de ses parties génitales après avoir été battu par son patron nigérian en avril 2016.
Aux dires du jeune homme, son employeur nommé Jonathan Emuniké, le soupçonnait de lui avoir volé de l’argent. Il lui a alors donné un violent coup dans ses parties génitales avant de le tabasser violemment. Et depuis, toutes les démarches juridiques qu’il a menées sont restées sans suite. C’est pourquoi, au micro de nos confrères d‘Africaguinee.com, il a lancé un appel à l’endroit du président de la République et à l’endroit de toutes les bonnes volontés pour lui venir en aide pour obtenir justice.
Ci-dessous son pathétique témoignage recueilli par Africaguinee.com
« C’était en avril 2016 ! Je me suis fait violenter par M. Jonathan Emuniké Mouhabasé, de nationalité nigériane qui était mon employeur. Un jour, il m’a donné une somme de 30 mille dollars que je suis allé verser au compte d’une entreprise. Je suis revenu avec le reçu que je lui ai remis.
Dès mon retour, dans les bandes de 15heures, mon grand frère Tibou m’a envoyé une somme de 600 mille francs guinéens. Il m’a demandé d’acheter un téléphone, de marque Tecno Y9. J’ai jugé nécessaire, pour une question de transparence, comme je travaille avec mon patron, pour ne pas qu’il se doute de quelque chose, de l’informer qu’on m’a envoyé de l’argent. Je lui ai demandé la permission afin d’aller acheter le téléphone et revenir. Il m’a autorisé, je suis allé l’acheter et revenir.
Dans la soirée, il a appelé un cambiste, il a sorti dix millions francs guinéens qu’il a mis par terre. En même temps j’ai reçu un appel de mon grand frère pour me demander si j’avais pu acheter l’appareil. D’un coup, il s’est levé, il a hurlé sur moi en me disant : Pathé, voilà donc, c’est comme ça tu es en train de travailler ? Interloqué, je lui ai demandé comment. Il m’a dit que je suis en train de le voler. Il m’a dit qu’il va me fouille. Ne me rapprochant de rien, je me suis levé, il m’a fouillé, il a retrouvé 200 cent mille francs guinéens dans ma poche. C’était des billets de 20 mille. Il m’a dit que c’est son argent. Il m’a aussitôt donné un coup sur mes organes génitaux. Sur le coup, un de mes (testicules) s’est écrasé. Il m’a violemment tabassé.
De là-bas, on m’a transporté aux urgences de l’hôpital de Donka, ensuite à Ignace Deen où j’ai subi une opération chirurgicale. Suite à cela, la partie droite de mes organes génitaux a été enlevée car l’une des boules était déjà endommagée.
On a porté plainte à la DPJ (Direction de la police judiciaire. Là-bas, on lui a réclamé 9 millions francs guinéens pour mes premiers soins. A la DPJ, il a reconnu tous les faits de violence dont il m’a fait. Mais son dossier n’a pas été transféré à la justice afin d’être jugé puis condamné.
A l’hôpital, lorsqu’il se venait pour me rendre visite, il pleurnichait devant ma mère en me demandant de retirer ma plainte et qu’il va me soigner. Je lui ai fait savoir que je suis un fidèle croyant et que je n’ai pas porté plainte pour lui faire du mal. Mais, qu’il comprenne que j’ai perdu mes organes génitaux et que c’est ma santé qui me préoccupe. Le jour où je sortirai guéri de l’hôpital, je vais retirer ma plainte.
Le jour suivant, il envoie son ambassadeur pour me plaider. Ce dernier aussi est venu me plaider en promettant une somme de 70 millions francs guinéens et un salaire à vie. Je leur ai fait comprendre que c’est ma santé qui me préoccupe, le reste vient après.
De là-bas on a décidé de saisir le Tribunal de Dixinn, et même là-bas c’est difficilement qu’ils ont accepté de recevoir le dossier. A Dixinn là-bas, le juge d’instruction a contacté un jour mon avocat, ce dernier m’a appelé et on est allé ensemble au tribunal.
Une fois devant le juge, il m’a interrogé, je lui ai tout expliqué. Il m’a promis que dans un mois il y aura l’audience, de rentrer chez moi et que le monsieur qui m’a violenté a été placé sous contrôle judiciaire. Je rentre chez, quelques temps après, c’est mes amis qui travaillent à Madina qui m’appellent que le monsieur supposé être placé sous contrôle judiciaire est à Dubaï. Lorsque j’ai eu la nouvelle, j’ai cherché à avoir son contact. J’ai aussitôt informé mon avocat, on est allé voir le juge d’instruction. Ce dernier nous voyant, a demandé si je veux le marabouter ou le dénoncer sur les médias, j’ai dit non. Il m’a menacé en disant que le jour où il entendra un média parler de son nom à propos de cette affaire, il va m’enfermer.
On est resté là-bas pendant un moment, finalement il y a eu procès. Les juges ont déclaré qu’ils sont convaincus que le nigérian m’a tabassé, malheureusement je me suis fait opérer pour une hernie. N’étant pas convaincu de cette décision, j’ai décidé de contester encore devant la Cour d’Appel. (…)
Là-bas durant un an, à chaque fois que je viens on me dit qu’ils n’arrivent pas à retrouver mon dossier. Un jour, le député uninominal (8ème législature) de Ratoma est venu me rendre visite, je lui ai tout expliqué. Ça avait coïncidé avec le passage du ministre de la justice Me Cheik Sako à l’Assemblée devant les députés. Le député avait profité de l’occasion pour l’interpeller sur ma situation. Il lui m’avait promis qu’il allait tout faire pour que le nigérian soit jugé, condamné et que je sois dédommagé.
Suite à cela le procureur avait ordonné à ce que le dossier soit reconstitué et rejugé en instance. Ce qui a été fait. Mais un mois après, on m’apprend que le ministre de la justice a démissionné. Depuis qu’on m’a dit de reconstituer mon dossier et envoyer au tribunal de Dixinn, près de trois ans 8 mois après ces faits, à chaque fois que je vais là-bas, on me dit qu’on va programmer le dossier. Et lorsque je viens pour le procès, je reste de 7 heures à 14 heures : on me dit que c’est renvoyé.
Maintenant, depuis le mois de ramadan dernier je suis tombé malade. En partant aux grandes ou petites toilettes je perds du sang. Ça me fait tellement mal que je suis complètement désespéré. C’est raison pour laquelle j’ai décidé de lancer ce cri de cœur à l’endroit du Chef de l’Etat le Professeur Alpha Condé, aux personnes de bonne volonté pour me venir en aide afin que je recouvre ma santé sinon je risque de perdre ma vie.
Je sollicite également du chef de l’Etat de s’impliquer afin que mon dossier soit jugé. Bientôt les vacances judiciaires, je risque de perdre ma vie sans que justice ne soit rendue.
Aujourd’hui, je ne veux plus continuer à perdre du sang dans mon domicile. Je demande de l’aide aux organisations de défense des droits humains, aux ONGs humanitaires à toute personne qui pourrait lire mon histoire. Ça fait un mois que je ne mange pas du riz, je ne bois que du thé, de jus et de l’eau fraiche, chaque jour mon état de santé ne fait se détériorer. Aidez-moi. »