Le chanteur Mboma appelle les hommes au plaisir sexuel paroxystique. C’est-à-dire le plaisir absolu, le point culminant de la satisfaction, le dernier degré si vous le voulez.
« Wadou ha Gnonah », c’est le titre du morceau. C’est en poular, ça veut dire « Faites jusqu’à la satisfaction » en parlant bien évidemment de la sexualité.
En vérité, la vulgarité sonore n’est pas une nouveauté dans l’industrie musicale guinéenne. Si je ne m’abuse, l’histoire remonte même du groupe «B – TULO » avec le titre AYIBÖ qui veut dire en soussous « Déchire le » toujours en parlant du sexe.
Ce n’est que quelques années plus tard que DJAMAN, l’icône même de la vulgarité musicale a repris le flambeau avec le titre « Soukoundaye ». Il sera ensuite suivi de plusieurs autres musiques démystificatrices de la sexualité, un sujet encore très tabou dans la société guinéenne.
De #Patampass de TAKANA ZION en passant par #Wadoumö de King Salamane du groupe BANLIEUZ’ART OFFICIEL jusqu’à Jungle noun Koumi d’ Instinct Killers, jamais les injures n’ont aussi résonné dans les oreilles des mélomanes guinéens.
QU’EST-CE QUI FAIT LA PARTICULARITÉ DE M’BOMA DONC ?
Sous contrôle de ceux qui comprennent et qui parlent bien le poular, je pense que c’est son aspect appel à la pédophilie. Lorsqu’il dit par exemple:
« Quand une fille de 10 ans se donne à toi, il faut le faire, il faut la baiser jusqu’à la satisfaction absolue. Tu ne sais pas si tu auras une autre occasion demain… ».
Dans un contexte marqué par une guerre sans merci déclarée aux violences sexuelles par les défenseurs de bonnes mœurs, cette chanson ne pourra pas passer inaperçue. Elle va à l’encontre des multiples actions de sensibilisation contre les violences basées sur le genre.
OÙ CE TROUVE LA DÉFAILLANCE ?
D’abord au niveau des autorités. Normalement, le Bureau Guinéen des Droits d’Auteur (BGDA) dispose une cellule d’écoute. Elle doit fonctionner comme un laboratoire où se font diagnostiquer les nouveaux morceaux avant d’être mis à la disposition du public. Cela permettrait non seulement à identifier les plagiats, mais aussi à veiller sur le respect de l’éthique et de la déontologie de la musique.
Cette cellule existe bel et bien mais est-ce qu’elle fonctionne normalement ?
Nous ne sommes plus dans les années 80 où les studios d’enregistrement étaient rarement comptés sur le continent. Avec cette ère numérique, les chansons sont fabriquées mêmes à partir d’un téléphone.
En suite les artistes, une production musicale devrait refléter les valeurs sociétales. Avant de composer une chanson, il est important que vous preniez conscience qu’elle sera écoutée par tout le monde. Par vos mères, pères, fils, filles, sœurs, frères etc. Soignez les contenus avant tout. Mais que dire même si les gens trouvent du plaisir à écouter les insanités ?
MON AVIS
Bien que ce ne soit pas une nouveauté, arrêtons de dire que l’artiste Mboma ne doit pas être sanctionné. Certes les uns ont commencé avant lui, mais s’il peut servir d’exemple pour que le phénomène s’arrête à lui, tant mieux. Ce n’est pas parce que X a tué qu’on devrait permettre à Y de le faire.
Ousmane Bangoura