Alpha Condé : le syndrome du troisième mandat lui aura été fatal

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L’homme qui dirige le pays depuis 2010 est accusé de dérive autoritaire. Le président guinéen Alpha Condé, 83 ans, capturé par des militaires lors d’un coup de force le 5 septembre 2021 est un ancien opposant historique qui a fait modifier la Constitution, lui permettant de briguer un troisième mandat controversé. Le mandat de trop qui a terni son image de réformateur et de démocrate. Retour sur son parcours politique.

Le militant

Né en 1938 à Boké, en Basse-Guinée, Alpha Condé part dès l’âge de 15 ans étudié en France où il décroche des diplômes en économie, droit et sociologie. C’est en France aussi qu’il donne corps à ses ambitions politiques. Il dirige notamment la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF). D’abord admiratif du “père de l’indépendance” Sékou Touré, il déchante vite et anime à partir de Paris un mouvement d’opposition au régime dictatorial du président guinéen. L’opposition d’Alpha Condé lui vaudra une condamnation par contumace en 1970.

L’opposant

Par la force des choses, la France devient un pays de refuge et d’exil pour Alpha Condé qui lie de nombreuses amitiés. Il y enseigne à l’université de la Sorbonne à Paris tout en gardant un œil sur son pays. “Le professeur” mène un combat acharné contre l’autoritarisme et la dictature qui règnent en Guinée pendant des décennies. En exil d’abord, puis dans son pays dans les années 90 où il se présente deux fois à l’élection présidentielle face à Lansana Conté, avant de se faire arrêter puis condamner à la prison. Il est gracié en 2001 sous la pression internationale et reste dans l’opposition après l’avènement de la junte militaire en 2008.

Le président

Il faudra attendre 2010 pour que l’opposant historique, qui a connu l’exil et la prison, accède enfin au pouvoir. Alpha Condé devient ainsi le premier président démocratiquement élu après des années de dictature militaire. “Le Professeur” promet modernisation et reconstruction. Mais en 2019, après deux mandats et un bilan relativement positif, Alpha Condé oublie le principe de l’alternance démocratique. Le président sortant décide de modifier la Constitution pour rester au pouvoir. Cette pratique très répandue en Afrique, provoque de fortes tensions, de grandes manifestations et une contestation violemment réprimée.

Le mandat de trop

Le président sortant s’accroche malgré tout au pouvoir. Lors de la campagne pour sa réélection en octobre 2020, il rappelle à qui veut l’entendre son parcours politique “Je me suis battu pendant 45 ans, j’étais opposant, mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premiers ministres après avoir mis le pays à terre. C’est extraordinaire que je sois considéré comme un dictateur antidémocrate !”Alpha Condé oublie en revanche que la démocratie s’illustre avant tout par l’alternance. Le syndrome du troisième mandat lui aura été fatal.

France info

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