Un mois et deux semaines aprĂšs la chute du rĂ©gime du 3e mandat, le pays est toujours en quĂȘte de date Ă laquelle la page de la transition va ĂȘtre complĂštement tournĂ©e. Pour cĂ©der la place Ă la nouvelle Ăšre du pouvoir civil dĂ©mocratique et constitutionnellement cadrĂ© dans un mandat lĂ©gitime et lĂ©gal Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e. Câest cela. Le rĂ©gime Doumbouya a une Charte adoptĂ©e, un PrĂ©sident installĂ©, un Premier ministre nommĂ©, des voisins de la Cedeao rassurĂ©s, une population lui tissant des lauriers au fil des jours, etc. Mais il prend un malin plaisir Ă garder secret lâessentiel de ce quâattend de lui lâopinion nationale et internationale depuis le 5 septembre 2021 : la date de son dĂ©part du pouvoir. Cette date qui sonnera la fin du rĂšgne kaki.
Les membres et le chef du Cnrd sont arrivĂ©s au pouvoir le 5 septembre 2021 matin au nom dâun «ComitĂ© national du rassemblement et du dĂ©veloppement», dont lâĂ©criture lâappellation exacte a Ă©tĂ© rectifiĂ©e et prĂ©cisĂ©e au fil des communiquĂ©s, dĂ©clarations et prises de parole en «ComitĂ© national du rassemblement pour le dĂ©veloppement».
Cela montre Ă lâĂ©vidence que lâĆuvre humaine est imparfaite, donc amendable Ă lâinfini.
Au plus tard avant le premier trimestre
Ce rappel explique que le retard accusĂ© dans la dĂ©claration de la durĂ©e de la transition est un fait rectifiable dont nul ne peut humainement rejeter ou encore balayer dâun revers de la main sâil venait Ă ĂȘtre rĂ©alisĂ© et prĂ©sentĂ© Ă lâopinion nationale et internationale au plus tard avant le premier trimestre marquant lâavĂšnement du rĂ©gime Mamady Doumbouya.
Un tel acte mettra fin au manque de repĂšre viable pour Ă©tablir toute projection sur le putsch ayant balayĂ© le rĂ©gime Alpha CondĂ© et lâavenir immĂ©diat de la dĂ©mocratie et des institutions de la rĂ©publique en GuinĂ©e. Mais tant que cela nâest pas rĂ©alisĂ©, aussi longtemps que les nuages du Cnrd masqueront cette obligation, le doute persistera au sein de lâopinion publique sur la volontĂ© des jeunes officiers et de leur gentil gĂ©ant de rĂ©aliser leur mission dans un temps prĂ©cis et officialisĂ© et rendre le tablier Ă ceux qui sont lĂ©gitimement et lĂ©galement admis Ă occuper les hautes fonctions de lâExĂ©cutif dans un Etat de droit et reconnu comme tel par les institutions supranationales de la dimension de la Cedeao, de lâUnion africaine et de lâOnu et les principaux pays partenaires du dĂ©veloppement de la GuinĂ©e au nombre desquels on peut citer la France, lâAllemagne, lâItalie, les Etats-Unis et le Japon.
Ces soutiens farfelus
Les dĂ©clarations et positionnements politiques laissant croire que les tombeurs dâAlpha CondĂ© sont totalement libres de fixer quand ils le voudront la durĂ©e de leur prĂ©sence Ă la tĂȘte de lâEtat sont risibles.
Les motifs de leur soutien sont avant tout Ă trouver dans le manque dâeffectif dâabord au sein de leurs directoires respectives, ensuite de ce que les vrais politiques appellent le manque de poids et par ricochet de base Ă©lectorale. Câest une redondance de souligner que ce sont les mĂȘmes qui invectivaient la Cedeao et les autres organisations sous-rĂ©gionales, rĂ©gionales et mondiales, rĂ©clament de bon droit la libĂ©ration du prĂ©sident dĂ©chu et le retour sans dĂ©lai Ă lâordre constitutionnel. Ces politiciens tarĂ©s, Ă©ternels cireurs de bottes sont des maraudeurs. Ils cherchent Ă distraire les jeunes officiers afin de les pousser Ă la faute.
Ces petits-Mamadou de la politique sont de dangereux tribuns dont certains ont contribuĂ© Ă affoler lâancien prĂ©sident dĂšs aprĂšs son installation au palais prĂ©sidentiel. Les membres du Cnrd et leur chef ne devraient pas se prendre pour des gens investis dâun pouvoir messianique, car ils sont loin de dĂ©tenir un pouvoir prophĂ©tique.
Ils devraient sâĂ©loigner de ces complĂ©ments dâeffectifs ne dĂ©tenant aucune capacitĂ© de mobilisation dâenvergure parce que sans base Ă©lectorale qui vaille.
Ces leaders de formations politiques sans envergure, sont ceux-lĂ mĂȘme qui nâoseraient pas demander au ministĂšre de lâAdministration du territoire et de la dĂ©centralisation de prĂ©senter la carte nationale de reprĂ©sentativitĂ© des partis politiques dans les structures de gestion des pouvoirs municipaux.
La dĂ©mocratie commande quâun homme au pouvoir ait toujours une oreille attentive Ă son peuple. Quâil ne nargue jamais le peuple. Que personne et aucune entitĂ© organisĂ©e ne soient ignorĂ©s. Quâen matiĂšre de dialogue, le tour de table soit toujours le guide au nom duquel un chef pourrait tirer la conclusion dâune petite ou grande rĂ©union. Ce qui nâempĂȘche que lâon sache tendre la bonne oreille Ă ceux qui, moins nombreux que les rĂąleurs, ont une Ă©quipe et une base Ă©lectorale qui comptent dans la landerneau politique.
A lâanalyse, le Cnrd et son gentil gĂ©ant devraient mettre fin Ă la rĂ©crĂ©ation en prĂ©sentant Ă lâopinion ce qui est attendu dâeux : la date, rien que la date de fin de leur prĂ©sence au sommet de lâEtat.
Tout le reste nâest que du pipi de perroquet bon pour les beaux discours. Car, Ă titre de dernier rappel, si le colonel Mamady Doumbouya a sollicitĂ© lâaccompagnement des diplomates de lâUnion europĂ©enne (Ue) accrĂ©ditĂ©s en GuinĂ©e, le 16 octobre 2021, au cours dâune audience tenue au palais prĂ©sidentiel, câest bien beau.
Mais quâil sache que ce nâest pas parce que le monde de la diplomatie doute de «sa dĂ©termination Ă bĂątir des institutions fortes, au terme de la transition». Loin de lĂ .
Câest tout naturellement parce quâils nâont pas encore lâessentiel de la matiĂšre permettant Ă leurs Ă©quipes respectives de rĂ©daction dâĂ©laborer quoi que ce soit.
En termes clairs et sans Ă©quivoque, le Cnrd et leur chef doivent savoir une fois pour toute quâils nâont ni les buts ni les repĂšres clairs dont ils ont besoin pour Ă©laborer quoi que ce soit.
Aussi, leur devoir de réserve les y garde, ils ne peuvent se mettre à la place des Guinéens pour désamorcer cette bombe à retardement. Malgré tout, ils restent et demeurent généreux et sincÚres.
Le Populaire