Des hommes armés ont arrêté, tôt ce lundi 25 octobre au matin, plusieurs dirigeants soudanais, dont le Premier ministre, après des semaines de tensions entre les autorités militaires et civiles de transition.
Tôt ce matin, l’armée soudanaise a arrêté plusieurs dirigeants civils de la transition dont le Premier ministre Abdallah Hamdok. Depuis l’aube, de nombreux manifestants sont dans les rues de Khartoum alors que les syndicats appellent à de la désobéissance civile.
L’armée a tiré « à balles réelles » sur des protestataires devant les quartiers généraux de l’armée en fin de matinée. La communauté internationale se dit inquiète suite au « coup d’État ».
Parmi les slogans scandés par la foule, on peut entendre : « Les révolutionnaires libres continueront la lutte », « notre révolution est pacifique et le restera » ou encore « ce ne sont pas les balles qui tuent, mais le silence imposé au peuple ».
Figure du soulèvement contre al-Bachir, le docteur al-Assam Nagy de l’Association des professionnels soudanais appelle toutes les organisations civiles, comités de résistance et associations à descendre dans les rues contre le coup.
Le président français Emmanuel Macron condamne et appelle « au respect de l’intégrité du Premier ministre ». « J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils », a souligné le président français dans un tweet. La France condamne avec la plus grande fermeté la tentative de coup d’État au Soudan. J’exprime notre soutien au gouvernement de transition soudanais et appelle à la libération immédiate et au respect de l’intégrité du Premier ministre et des dirigeants civils.
Le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, qui dirigeait le Conseil de transition, annonce la dissolution de ce Conseil ainsi que du gouvernement. Il déclare aussi qu’un état d’urgence est décrété dans l’ensemble du pays. Il ajoute enfin qu’un « gouvernement de personnes compétentes » va être formé. En bref, les militaires reprennent le contrôle, résume notre correspondant à Khartoum, Elliot Brachet. Le général a réitéré son attachement à « la transition vers un État civil » et promis de créer les nombreuses institutions étatiques, comme la Cour suprême, qui auraient dû voir le jour il y a plusieurs mois, selon le calendrier de transition acté après le renversement de l’autocrate Omar el-Béchir en 2019.
L’Union africaine appelle à une « reprise immédiate » du dialogue entre civils et militaires. « Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a appris avec une profonde consternation la grave évolution de la situation au Soudan », affirme un communiqué de l’organisation panafricaine, en appelant à « la reprise immédiate des consultations entre civils et militaires » qui se partagent le pouvoir depuis 2019.
RFI