Avez-vous lu » Allah n’est pas obligé » d’Ahmadou Kourouma ? Ou encore » Une vie et demi » de Sony Labou Tan’si ? Certainement pas. Sinon, des interjections comme » bilakoro, gnokhomôdeen, batard ou salopard » ne sont pas des injures de nature à interloquer un procureur au point d’émettre un mandat d’arrêt contre des acteurs de la société civile. Loin de dire qu’ils ont droit de proférer des injures publiques mais, dans notre société (la Guinée)s’il faut émettre un mandat contre de telles injures même par voie électronique, il faudra transformer le stade général Lansana Conté en prison et le stade 28 septembre en annexe pour les garde à vue. Car, des injures comme « gnainkèdi, fatourou, solidjo, fafôrô, batard » sont une mélodie. Alors au nom des droits de l’homme en son article 19 qui consacre la liberté d’expression, j’invite le procureur (Charles Wright)d’avoir le cœur tendre du petit cireur de Madina qui reçoit à la place du mot merci, le mot batard qu’il concède avec un sourire. Monsieur le Procureur, la liberté d’expression est un droit humain fondamental énoncé à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. De même que la liberté d’information et la liberté de la presse, la liberté d’expression pose la base de tous les autres droits sans lesquels notre société serait sans âme en terme de démocratie.
Ne les stigmatiser(FNDC)pas pour leur opinion et leur position dans le débat politique. Ne pas le dire serait hypocrisie parce que s’ils ont été arrêtés c’est pour la simple raison qu’ils sont leaders d’opinion. Ils ont partagé leur point de vue sur une question d’une haute importance qui concerne, tenez-vous bien, l’établissement de la nouvelle constitution. Ne sommes-nous pas concernés ? Le président du CNT avec ses membres ont fait le tour du pays pour soit-disant aller recueillir des avis. Alors pourquoi diaboliser leur point de vue au point de vouloir les ridiculiser et ternir leur image ? À mon avis, il y’a un conflit d’égo entre le procureur et ses congénères de la société civile qui devrait être réglé entre amis et non par la justice. Dans un ÉTAT DE DROITS les opinions du citoyen doivent être respectées, peu importe son opinion et son obédience politique, idéologique ou religieuse. Au peuple de Guinée de préserver ce droit sans lequel, il se verra interdit de penser car, 《La liberté d’opinion assure à toute personne la liberté de penser comme elle l’entend》et, cette liberté doit se concilier avec d’autres libertés pour être garantie pour le rayonnement de la démocratie.
Et dans tout ça ! Ce qui est choquant pour tout âme sensible est le traitement inhumain infligé à des personnes, il faut le reconnaître, qui sont devenues par leur sacrifice l’incarcération de la lutte pour le respect des principes démocratiques dans le pays. Ce traitement que monde entier déplore est fait à dessein pour décourager cette frange de la société qui aspire à la démocratie. Il faut que les forces de l’ordre et ceux qui détiennent 《la loi de force》comprennent que la dignité humaine ne se négocie pas et rien au monde ne peut justifier une bavure. Dites au chef de mission qui d’ailleurs avait demandé à ses subordonnés de tirer que la dignité humaine est : 《le respect physique et le respect psychologique des êtres humains, ainsi que le respect de l’intégrité morale.》 En banalisant la dignité de l’homme pour des intérêts inavoués on s’expose indéniablement à la justice divine. La justice de Dieu n’est pas une justice exercée, ni la loi en vertu de laquelle le pécheur est puni, mais une justice reçue, une justice passive, par laquelle Dieu nous acquitte du péché, grâce à laquelle il nous rend juste, une justice que nous laissons agir en nous par la foi. Alors nous avons tout intérêt d’être juste dans nos agissements et dans la gestion du pouvoir éphémère dont nous disposons.
Pour terminer, je réitère mon invite à l’endroit du procureur du peuple d’être ce juge impartial qui plane au dessus de ses émotions et de ses impulsions. Un juge impartial est un juge qui fait preuve d’objectivité, de neutralité, gage de sa crédibilité. Il doit, à ce titre, examiner avec la même attention les éléments favorables ou défavorables dans chaque situation. Dans le cas contraire, la décision du juge est perçue comme arbitraire. Il fallait juste avertir avant d’agir !!!
Aliou Bah conseiller municipal/Fria