Ahmed Kourouma : mission accomplie (Par Mohamed Banks Bangoura)

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Ahmed Kourouma, il Ă©tait une fois, une voix, des lunettes de soleil et une carte de la GuinĂ©e toujours sur le cƓur. Ahmed Kourouma Ă©tait une grande gueule, un polĂ©miste nĂ©, dans le sens de provoquer ses interlocuteurs pour les sortir de leur zone de confort, c’était un adepte de la disgression. Il n’aimait ni les sentiers battus, ni les analyses de bas Ă©tage, d’ailleurs, il dĂ©testait la mĂ©diocritĂ©. Plus ça volait haut, plus il prenait son pied et mieux se portait sa conscience citoyenne.

DĂ©libĂ©rĂ©ment diffĂ©rent, il assumait sa singularitĂ© cultivĂ©e au grĂ© de ses lectures fouillĂ©es, de ses riches expĂ©riences professionnelles et de ses nombreux voyages. Sa riche culture gĂ©nĂ©rale lui venait sans doute aussi des innombrables affrontements verbaux et des battles d’idĂ©es qu’il affectionnait tant. Le dĂ©bat Ă©tait son carburant, peu importe qu’il dise des choses sensĂ©es ou erronĂ©es, c’est la confrontation qui le stimulait, il aimait dĂ©fier la nuit afin qu’elle accouche vite du jour, de ce jour nouveau dont il a tant rĂȘvĂ© pour la GuinĂ©e. Ce jour dont il voulait tellement contribuer Ă  son avĂšnement.

Ahmed Kourouma aimait parler beaucoup et fort. Il adorait rĂ©flĂ©chir haut car n’ayant rien Ă  cacher et affectionnant le partage. Avec sa voix imposante et agrĂ©able Ă  Ă©couter, cette propension, cette obsession disruptive cachait un homme qui avait une tĂȘte pleine et bien faite, quelqu’un qui avait gros sur le cƓur, une personne qui dĂ©bordait de gĂ©nĂ©rositĂ©, un intellectuel dont le principal objectif Ă©tait d’obtenir un espace de mise en Ɠuvre de ses compĂ©tences.
C’est en cela que je vais saluer ici le flair et la capacitĂ© de dĂ©tection de perles rares de Lamine Guirassy, qui a trĂšs tĂŽt vu et su qu’Ahmed Ă©tait une belle grande gueule.

Ses coups de gueule sur Espace FM et ses contributions au dĂ©bat politique, ce citoyen frustrĂ© par l’anormalitĂ© des choses Ă©tait Ă  la recherche de ce qu’il est difficile d’obtenir chez nous: la reconnaissance de son talent et la certification de sa diffĂ©rence.
Malheureusement, parler diffĂ©remment, analyser autrement, agir sĂ©parĂ©ment n’est pas le chemin le plus court pour briller chez nous.

Ahmed Kourouma n’a donc pas rĂ©ussi Ă  nous faire comprendre son message, soit il l’avait mal codĂ©, soit nous n’avons pas su, pu, le dĂ©coder. Peut-ĂȘtre aussi, que nous n’avions pas le temps de dĂ©crypter ce qui se cachait derriĂšre ces remontrances qui le rendaient bavard et parfois insupportable, ces sorties de piste que nous aurions tant aimĂ© faire si nous n’avions pas cette fausse crainte du qu’en dira t’on.

Ahmed Kourouma prĂȘchait autre chose, le mieux-ĂȘtre intellectuel, spirituel et universel. Avec maladresse parfois, avec insistance tout le temps, avec conviction obligatoirement.
Alors que nous sommes nombreux à chercher à voir raison, Ahmed Kourouma lui parlait à notre raison, pas pour lui dire ce qu’elle veut entendre, mais pour exprimer la frustration de nos errances quotidiennes.
Ahmed Kourouma avait l’audace de ses opinions, la verve de sa vision, le verbe de sa volontĂ© et le culot de ses convictions.

Il ne laissait volontairement personne indiffĂ©rent, car son but n’était pas de faire comme tout le monde, sa mission Ă©tait de choquer pour plaire, sa raison d’ĂȘtre Ă©tait d’interpeller nos consciences citoyennes quitte Ă  dĂ©plaire.
Ahmed Kourouma était un talent universel made in Guinée et il nous rendait fiers.
A l’écoute des tĂ©moignages et au regard de votre mobilisation, on ne prend aucun risque en disant qu’Ahmed Kourouma aura rĂ©ussi la sienne.
A nous d’accomplir la nître.

D’ici là, repose en paix Ahmed Kourouma.

Mohamed Bangoura « Banks Â»

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