Guinée : la vie sans internet ! (Édito Mognouma sur Djoma)

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Les Guinéens doivent désormais s’y faire ! Contraints qu’ils sont, de revoir leurs habitudes qui les rendaient totalement dépendants de l’internet.

Ils doivent désormais mener leur vie en ayant à l’esprit que l’internet n’est pas un droit, que l’internet est un luxe dont le service est fonction du bon vouloir, des humeurs des Princes qui nous gouvernent.

C’est loin d’une caricature, même si les soutiens du pouvoir actuel, ses thuriféraires peuvent moufter, pour parler d’une extrapolation.

Au contraire ! Par-dessus tout d’ailleurs, il y a une évidence irréfutable, qu’on soit alarmiste ou pas. C’est que l’internet est devenu une denrée rare en Guinée. Très rare ! Ce qui est pourtant universellement reconnu comme un outil de travail indispensable, par les temps qui courent.

Qui l’eut cru ! Personne ! Mêmes les cassandres n’auraient pu prédire une telle réalité au moment où l’on parle plutôt de l’intelligence artificielle comme moyen efficace de développement et de domination du monde. Cela à l’intention des pays puissants.

Pour le cas de notre pays, au lieu d’apprendre à s’adapter avec efficacité au contexte mondial d’accès à la puissante économie du numérique, on s’en prive.

Depuis près de deux mois, les Guinéens vivent au rythme d’un accès très réduit à l’internet. L’accès aux réseaux sociaux est également restreint. On invoque des raisons liées à la sécurité nationale. Le poncif qui justifie désormais, sous les tropiques en Guinée, tous les excès. Le brouillage des ondes des médias tient également à ce poncif.

En ce qui concerne l’internet, ça se raconte abondamment que c’est à cause des délires de certains blogueurs sur le réseau social Facebook, ce déversoir qui donne de l’écho à des bêtisiers souvent dangereux pour la quiétude sociale.

Cela est une réalité, voire une préoccupation, qui n’est pas cependant pas une exclusivité Guinéenne. Tous les pays y sont confrontés. Mais à la différence de la Guinée, ailleurs, on fait l’effort de procéder avec discernement dans la recherche des solutions visant à lutter contre les agissements de ce genre. Ce sont les vrais coupables qui sont sanctionnés et non tous les utilisateurs locaux d’internet.

Car, au-delà de l’image renvoyée, celle d’un Etat qui bride les libertés, les conséquences économiques sont énormes.

Toutes les opérations financières étant impactées. Cela à cause d’un accès limité au VPN, une application utilisée par les entreprises pour leurs opérations.

Bref, les pertes sont colossales.

Pour preuve, la délivrance des passeports et visas, est suspendue. Ecobank Guinée, la meilleure banque commerciale du pays, selon le magazine économique Emergence, qui encaissait les paiements des demandeurs, a annoncé, dans un communiqué publié, la semaine dernière, ne plus être capable d’assurer ce service.

Aux impôts, on se ronge les pouces. On redoute un creux en perspective, dans la mobilisation des recettes fiscales.

Orange Guinée par exemple, la plus grande société de télécommunications du pays, toujours selon Emergence magazine, et qui est, par ailleurs, l’un des plus gros contribuables, pourrait en être sérieusement impactée. Ce qui veut dire que les recettes découlant des taxes et impôts payés par cette société risquent de connaître, à cet effet, une baisse significative.

Il est clair pour ceux qui veulent comprendre, que plus les restrictions perdurent, plus la consommation massive de data, baisse, autant la connexion va baisser proportionnellement. Ce qui pourrait engendrer une baisse des ventes des produits de ces sociétés.

Conséquence, leurs chiffres d’affaires vont baisser entraînant une baisse des taxes et impôts, qu’elles doivent payer à l’Etat. Contradictoirement, cela arrive pendant que l’Etat table sur une mobilisation beaucoup plus accrue des recettes intérieures, pour financer ses grands projets d’infrastructures.

Dommage qu’au sommet de l’Etat, on n’ait pas une lecture dépassionnée et non émotive de toutes ces restrictions qui étouffent les Guinéens et l’activité économique, dans un contexte aggravé par les conséquences désastreuses de l’explosion du principal dépôt pétrolier du pays.

Les populations, pour leur part, totalement résignées, n’ont d’alternative que de prier le ciel afin d’amener ces autorités à faire une lecture saine de la situation.

In DjomaMedia

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